La pollution environnementale est-elle un facteur de risque de maladies neurodégénératives ? Alors que le nombre de cas patients atteints de maladie de Parkinson, de maladie d’Alzheimer et de maladie de Charcot progresse, de forts soupçons pèsent quant aurôle des pesticides dans ce phénomène en augmentation.
La publication de travaux scientifiques abondants dans ce sens alimente un peu plus la controverse. En septembre 2023, une étude parue dans la revue Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology, a mis en lumière une association entre l’exposition au glyphosate (un herbicide polémique dont l’utilisation a été prolongée de dix ans par l’Union européenne, ndlr) et l’apparition d’un marqueur de dégâts neurologiques.
Parmi les populations les plus exposées à ces pesticides pointés du doigt pour leurs effets neurotoxiques : les agriculteurs et les viticulteurs. Faisant primer le principe de précaution, la France a été le premier pays à reconnaître en 2012 la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle pour ces deux corps de métier exposés aux pesticides.
Pollution environnementale et maladies neurodégénératives : une relation sujette à débat
Le mécanisme par lequel l’exposition à certains polluants pourrait déclencher l’apparition des maladies neurodégénératives reste encore opaque. Il n’existe pas à ce jour de démonstration scientifique solide de cette relation. Mais les connaissances évoluent à la mesure des contributions des chercheurs.
Le dernier exemple en date nous vient d’une équipe de chercheurs de l’Université de médecine du Michigan. Dans leur étude parue dans la revue Amyotrophic Lateral Sclerosis and Frontotemporal Degeneration, ils montrent un lien entre le stockage de produits chimiques dans un garage attenant à son domicile et le risque de souffrir de sclérose latérale amyotrophique (SLA).
La SLA, plus connue sous le nom de maladie de Charcot, est une maladie neurodégénérative grave et handicapante au pronostic sombre, puisqu’elle conduit au décès du patient dans les deux à cinq ans après l’apparition des premiers symptômes.
Maladie de Charcot : une maladie neurodégénérative fréquente
Cette pathologie neuromusculaire progressive se caractérise par la mort progressive des neurones moteurs, responsables entre autres de la marche, de la parole, de la déglutition et de la respiration, selon l’Institut du Cerveau.
C’est cette perte des motoneurones qui conduit à l’atrophie musculaire et à la paralysie progressive des patients.
La SLA est une maladie neurodégénérative fréquente : en France, on recense 1000 nouveaux cas par an. L’âge au début de la maladie est en moyenne de 59 ans. Elle atteint 1,5 homme pour 1 femme et 5 à 10 % des cas sont des formes familiales, d’après la Haute Autorité de la Santé.
L’origine de la maladie de Charcot reste complexe et multifactorielle : les composantes génétique et environnementale pourraient avoir une incidence sur son apparition.
Maladie de Charcot : les facteurs environnementaux suspectés
Sur le plan environnemental, les données actuelles ne permettent pas de démontrer formellement l’impact de l’exposition à la pollution sur la survenue de la SLA. "Aucun facteur déclenchant n’a été clairement mis en évidence, précise l’Inserm. Le tabac, la pratique de sport de haut niveau, l’exposition à une toxine présente dans certaines algues (la cyanotoxine BMAA), à des métaux lourds et des pesticides sont suspectés.
SLA : les polluants domestiques coupables ?
De leur côté, les chercheurs de l'Université du Michigan étudient de longue date l’impact de l'exposition aux toxines environnementales sur la sclérose latérale amyotrophique.
Par le passé, ils ont mis en cause les pesticides utilisés dans l'agriculture ainsi que les composés organiques volatils utilisés dans l'industrie manufacturière dans le risque de développer la SLA. Ils sont convaincus que l’accumulation des expositions, ce qu’ils appellent "l'exposome" de la SLA, peut être liée à des loisirs comme le travail du bois et le jardinage.
Dans leurs nouveaux travaux, ils incriminent cette fois-ci certains polluants domestiques aux composés volatils que de nombreuses personnes ont l’habitude de stocker dans leurs garages. Desquels s’agit-il ?
L'essence
Les chercheurs ont évalué les expositions en milieu résidentiel sur la base d’une enquête menée auprès de plus de 600 participants atteints ou non de SLA. Grâce à une analyse statistique, ils ont constaté que le stockage de produits chimiques dans le garage attenant au domicile des participants était significativement associé au risque de maladie de Charcot. Parmi ces produits toxiques : l’essence.
La tondeuse et la tronçonneuse
Tous les produits chimiques étudiés dans l’étude se sont avérés liés au développement de la SLA étaient volatils et contenaient des composants toxiques. La tronçonneuse et la tondeuse, en tant qu’équipement fonctionnant à essence, en font partie.
Une voiture ou une moto
Les véhicules, à l’instar des équipements à essence, sont également cités comme coupables. Commente expliquer ce lien entre tous ces produits et équipements et le risque de SLA ?
Les chercheurs pointent du doigt la circulation de l'air et des polluants atmosphériques entre les garages attenants et l'espace de vie. Et résider dans un climat plus froid augmenterait la circulation de ces polluants.
"L'air du garage a tendance à s'engouffrer dans la maison lorsque la porte d'entrée est ouverte, et les flux d'air sont plus ou moins continus à travers les petites fissures et les ouvertures dans les murs et les planchers", explique Stuart Batterman, doctorant, auteur principal et professeur de sciences de la santé environnementale à l'École de santé publique de l'Université de Médecine du Michigan. "Il est donc logique que le fait de conserver les produits chimiques volatils dans un garage attenant ait un effet plus important".
Les produits d'entretien des pelouses et les pesticides
Ces produits chimiques sont également problématiques selon les chercheurs.
La peinture
Entreposer de la peinture ainsi que des fournitures pour le travail du bois dans le garage attenant à sa maison pourrait aussi accroître le risque de développer la SLA.
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/21678421.2024.2336110
https://www.eurekalert.org/news-releases/1040937
https://institutducerveau-icm.org/fr/maladie-de-charcot/
https://www.inserm.fr/dossier/sclerose-laterale-amyotrophique-sla-maladie-charcot/
https://www.arsla.org/faq/le-style-de-vie-etou-lenvironnement-peuvent-ils-etre-responsables-de-la-sla/
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/Sclerose_laterale_amyotrophique_long.pdf
https://www.nature.com/articles/s41370-023-00594-2.epdf
Voir plusRecevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.