Lymphome : si vous avez un tatouage, vous êtes plus à risqueIstock
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L’engouement pour le tatouage ne s’essouffle pas. Un Français sur cinq a succombé à cette mode. Les femmes en sont les plus mordues : 16 % des femmes arborent des dessins à l’encre indélébile sur leur peau contre 10 % des hommes, selon des chiffres de 2021 relayés par RMC.

Cette démocratisation du tatouage déborde du cadre générationnel : il plaît aux jeunes (en dessous de 18 ans un consentement parental est nécessaire) comme aux moins jeunes. Les seniors ne font pas exception à la règle : ils ne sont pas rares, passé 60 ans, à franchir la porte d’un des 5 000 salons de tatouage présents en France pour orner leur peau d’un dessin à la dimension souvent symbolique.

Si le tatouage est considéré comme un art, cette pratique ne doit pas être prise à la légère. Et la vigilance doit rester de mise quant au respect des règles d’hygiène (désinfection de la zone à tatouer, matériel utilisé stérilisé, aiguille à usage unique) lors du tatouage.

Le tatoueur (qui ne doit pas être choisi au hasard) doit aussi informer son client des effets secondaires possibles, comme le risque éventuel de réaction cutanée, d’allergie ou de complications liés à son état de santé. En cas de pathologie, de traitement médical suivi ou de lésion cutanée, il est indispensable d’échanger avec son médecin traitant avant de se faire tatouer, rappelle le ministère de l’Economie.

Dans le cas d’un tatouage permanent, le professionnel perce la barrière protectrice de la peau pour y injecter l’encre indélébile. Un acte qui est loin d’être anodin.

Les effets sur la santé des tatouages restent à l’heure actuelles assez peu documentés. Mais une nouvelle étude apporte une nouvelle pierre à l’édifice scientifique.

Les conclusions de chercheurs de l’Université de Lund en Suède pourraient bien dissuader les plus hésitants à sauter le pas : le tatouage serait un facteur de risque de cancer du système lymphatique.

Les travaux se sont basés sur une cohorte de 11 905 personnes dont 2 938 étaient atteintes d'un lymphome, alors qu'elles avaient entre 20 et 60 ans. Dans le groupe des personnes atteintes d'un lymphome, 21 % étaient tatouées.

Lymphome : un risque 21 % plus élevé chez les personnes tatouées

Christel Nielsen, chercheuse à l'université de Lund et auteure de l’étude, décrit le modus operandi : "Nous avons identifié les personnes chez qui un lymphome avait été diagnostiqué dans les registres de population. Ces personnes ont ensuite été associées à un groupe témoin du même sexe et du même âge, mais sans lymphome. Les participants à l'étude ont répondu à un questionnaire sur les facteurs liés au mode de vie afin de déterminer s'ils étaient tatoués ou non", explique qui a dirigé l'étude.

Verdict : les personnes tatouées présentaient un risque 21 % plus élevé de développer un lymphome. A noter que ce cancer du système lymphatique reste une maladie rare. Et les résultats obtenues doivent maintenant être "vérifiés et examinés plus avant dans d'autres études", tempèrent les chercheurs.

Lymphome : les gros tatouages plus dangereux ?

Reste que cette association entre ce cancer et le tatouage interroge. La taille du tatouage pourrait-elle être en cause ? Les chercheurs suédois se sont posé la question : après avoir un moment envisagé qu’un tatouage imposant pourrait augmenter le risque de lymphome, ils écartent désormais cette hypothèse. Non, se faire tatouer tout le dos ne jouerait pas plus sur le risque de lymphome que de se faire tatouer un papillon discret sur le bras. La surface corporelle tatouée n'aurait pas d'importance, balayent les chercheurs.

Le mystère reste donc entier. "Nous ne savons pas encore pourquoi. On peut seulement supposer qu'un tatouage, quelle que soit sa taille, déclenche une inflammation de bas niveau dans le corps, qui peut à son tour déclencher un cancer. Le tableau est donc plus complexe que nous ne l'avions imaginé au départ", concède Christel Nielsen, dans un communiqué.

Tatouage : le rôle de l’inflammation sur le système lymphatique à explorer

Cette découverte ouvre la voie à des investigations plus fouillées sur l’incidence de l’inflammation sur le système immunitaire "Nous savons déjà que lorsque l'encre du tatouage est injectée dans la peau, le corps l'interprète comme quelque chose d'étranger qui ne devrait pas s'y trouver et le système immunitaire s'active. Une grande partie de l'encre est transportée hors de la peau, vers les ganglions lymphatiques où elle se dépose", explique Christel Nielsen.

En attendant d’éclaircir ce mécanisme, les chercheurs sensibilisent les personnes tatouées ou prêtes à passer sous l’aiguille : "il est bon de savoir que les tatouages peuvent affecter sa santé et qu'il [convient] de s'adresser à son médecin si [on ressent] des symptômes" possiblement liés à son tatouage, prévient le chercheur.

L’étude est parue dans la revue eClinicalMedicine.

Sources

https://www.economie.gouv.fr/particuliers/tatouage-conseils-prudence

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2589537024002281

https://www.lunduniversity.lu.se/article/possible-association-between-tattoos-and-lymphoma-revealed

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