Témoignage : “L’anorexie est une maladie sournoise et perverse”Istock

"Je me pensais très forte et je connais les travers de la maladie, pourtant, l’anorexie est revenue sournoisement" témoigne Jenifer*, 34 ans. Si la jeune femme est sortie de la maladie depuis peu, elle souhaite aujourd’hui informer sur les travers de l’anorexie et sur la mauvaise prise en charge des patients.

Anorexie : "J’ai une forte sensibilité aux TCA"

Comme beaucoup de jeune adolescente, Jenifer commence à s’inquiéter de son apparence physique. À 11 ans, étant en léger surpoids, elle entreprend un régime. "J’ai très rapidement basculé dans l’anorexie. À l’époque, je me renseignais beaucoup sur la maladie. J’étais attiré de manière malsaine par l’anorexie" nous confie Jenifer. À 12 ans, en plus de ses problèmes alimentaires, Jenifer souffre de phobie scolaire. Les années passent et le mal être, les angoisses et la tristesse de la jeune fille ne font qu’augmenter : "à 14 ans, j’étais très mal et j’ai fait une tentative de suicide. J’étais tellement amaigrie que j’ai été hospitalisée de force. J’en fais encore des cauchemars…" témoigne encore émue Jenifer.

Après quelques mois, elle sort de l’hôpital, mais reste fragile : "je voulais qu’on me comprenne. La vie ne me convenait pas" ajoute Jenifer. C’est grâce aux recherches de ses parents qui trouvent un hôpital de jour qu’elle réussira à s’en sortir après deux années de suivi. "Ils ont creusé plus loin que les symptômes, c’était une prise en charge globale du corps et de l’esprit. Je me suis reconnectée au monde petit à petit et j’ai pu reprendre ma vie."

“Je suis retombée dans l’anorexie à 33 ans”

À 18 ans, Jenifer reprend le cours de sa vie. Quelques années plus tard, elle tombe enceinte et donne naissance à une petite fille appelée Manon : "je ne faisais plus de régime. J’avais un autre rapport avec mon corps" explique la trentenaire.

Tout bascule lors du premier confinement : "je sentais mes proches en danger, mes angoisses sont revenues." C’est d’ailleurs sa famille qui s'alarme en remarquant son importante perte de poids : "je me suis pesée et j’avais perdu 7kg en quelques semaines. J’allais très mal et au moment où je m’en suis rendue compte, c’était déjà trop tard" avoue Jenifer. "J’ai eu peur de mourir à 33 ans" nous confie la jeune femme. Connaissant bien la maladie, elle recontacte sa psychologue et son psychiatre afin de tirer la sonnette d’alarme sur son état. De nouveau enceinte, ses troubles cessent : "aujourd’hui je vais mieux, mais je sais qu’il y aura toujours cette fragilité en moi. Je pense qu’on ne guérit jamais totalement de l’anorexie."

"La prise en charge de l’anorexie n’a pas évolué"

Si Jenifer a conscience de sa fragilité, elle souhaite être porteuse d’un message d’espoir : "je dirais aux parents confrontés à la maladie de leur enfant de s’écouter et de chercher une structure adaptée, car malheureusement la prise en charge de l’anorexie n’a pas évolué depuis toutes ces années. Je reste persuadée qu’il faut un suivi global du corps et de l’esprit, car l’anorexie est selon moi un symptôme d’un mal être bien plus profond. Évidemment, je dirais à la jeune fille souffrant de troubles alimentaires que la vie est belle et qu’il faut y croire. Après la pluie vient le beau temps !"

NB* : les prénoms ont été modifiés

mots-clés : Témoignage
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