Comme 17% des Français, Christine souffrait d’obésité. C’est lorsque le chiffre 130 se dessine sur la balance qu’elle décide d’agir. À 54 ans, Christine a donc eu recours au bypass pour maigrir. Sa transformation a été radicale, puisqu’elle s’est délestée de 65 kg en 2 ans et demi grâce à cette opération. Neuf ans après, elle nous raconte.
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Perte de poids : 5 erreurs à table qui empêchent de maigrir"C’est mon poids qui a été le déclic, nous partage Christine. Mon existence toute entière était devenue pesante. Lorsque vous ne parvenez plus à monter dans une voiture, à prendre les escaliers et quand, même aller aux toilettes devient compliqué, vous vous dites qu’il faut agir. J’étais obsédée de la balance, je me pesais matin et soir. Ça en devenait obsessionnel. Il faut dire que j’étais accro à la bouffe. J’emploie ce terme, car je ne mangeais pas, je bouffais. Et je n’étais jamais rassasiée".
Les problèmes de poids de Christine n’étaient pas nouveaux. À l’adolescence, elle se souvient avoir déjà été au régime. "J’ai dû faire au moins 100 régimes dans toute ma vie ! Ils ont tous marché. Mais j’étais l’illustration parfaite de l’effet yoyo : je perdais 10 kg et j’en reprenais 15, confie Christine. Il faut admettre que je compensais toujours tout par la nourriture. J’ai aussi pris 20 kg suite à mes deux grossesses. Donc les kilos se sont accumulés au fil des années".
Pour donner le change, Christine s’habillait constamment en noir. "Je faisais néanmoins en sorte de me mettre en valeur avec des tailleurs ou blazers longs. Pour mon travail, il était important pour moi de prendre soin de mon apparence [Christine est employée dans une banque, ndlr]. Mais la vérité, c’est que je ne supportais plus de me voir dans le miroir".
"Mon IMC était alors à 49"
C’est grâce à deux de ses clientes que Christine entend un jour parler du bypass. Ni une ni deux, elle se rend à la Clinique Guillaume De Varye à Bourges (18). "Mon IMC était alors à 49. Le médecin qui m’a reçue était l'un des premiers à réaliser le bypass en France. Il m’a fait comprendre qu’à mon stade, aucun régime ne pourrait m’aider", se souvient Christine. Il lui parle alors du bypass et du protocole qu’il implique.
Cette double chirurgie consiste, d’une part, à réduire le volume de l’estomac de plus des deux tiers pour ne laisser qu’une micro-poche fonctionnelle et, d’autre part, à construire à partir de cette poche une dérivation gastrique pour raccourcir le trajet alimentaire.
"En clair, on vous cloisonne l’estomac pour ne laisser qu’une toute petite poche raccordée à l’intestin grêle, de telle sorte à ce que plus aucun aliment ne passe dans l'estomac", décrit Christine. Les aliments ingérés (en quantité limitée) vont directement du micro-estomac à l’intestin grêle. "Et comme, vous n’avez plus d’estomac, vous n’avez plus faim. C'est ainsi qu’on parvient à perdre du poids", détaille encore la patiente. Attention, le bypass ne doit pas être confondu avec la sleeve qui consiste à retirer les deux tiers de l’estomac. "Dans mon cas, on ne m’a pas retiré l’estomac, on l’a cloisonné. Je peux encore le récupérer si je le souhaite. Or, le chirurgien m'a assurée qu'en 25 ans de carrière, il n'avait jamais fait ça", ajoute Christine.
Et parce que le bypass représente une lourde opération, qui n'est pas dénuée de risques, tout un protocole attendait Christine. Pas question de prendre une telle décision à la légère.
Sachez qu’en plus de l'aval d’un psychologue, il faut présenter un IMC supérieur à 40 pour pouvoir envisager le bypass ou tout autre chirurgie bariatrique. Avant de pouvoir planifier son opération, Christine a également dû être examinée par un gastroentérologue, un cardiologue et procéder à des analyses de sang afin de veiller à l’absence de diabète ou de cholestérol. "Mis à part l’apnée du sommeil, on m’avait détecté des calculs dans la vésicule biliaire, partage Christine. Il a donc fallu retirer cet organe durant l’intervention du bypass".
"L’espace de quelques heures, j’en étais venue à regretter mon bypass"
"L’opération a duré 4 heures et demi. Il faut savoir que le bypass s’effectue par cœlioscopie, explique Christine. On ne m’a pas ouvert le ventre. Ce n’est pas aussi invasif qu’on croit".
La cœlioscopie (appelée également laparoscopie) est une technique chirurgicale qui permet, seulement par une petite ouverture de la paroi de l'abdomen, d'intervenir sur les organes.
"A mon réveil, j’avais cinq trous dans mon ventre, décrit Christine. Après l’intervention, on ne peut rien avaler pendant trois jours. Ni solide, ni liquide. J’ai souffert 48 heures, voire trois jours. J’avais l’impression que mon estomac allait sortir de ma bouche. J’avais des gaz et des douleurs insupportables. J’en pleurais. L’espace de quelques heures, j’en étais venue à regretter mon bypass".
Bypass : "j’ai perdu 12 kg le premier mois"
Heureusement, les douleurs dont souffrait Christine ont fini par s’atténuer. Mais il était encore trop tôt pour reprendre une vie normale. "Pendant un mois (après l’opération), je ne pouvais consommer que du mixé. Uniquement des soupes et des jus, se remémore Christine. Quant à l’alcool, mon médecin me l’avait proscrit pendant un an. Il fallait aussi que j’évite les glaces : le sucre, en allant directement dans l’intestin, aurait pu me causer des pics d’hypoglycémie".
"Aujourd’hui, je ne suis plus capable de manger plus d’un quart d’une pizza"
Le premier mois après son bypass, Christine s’est délestée de 12 kg. "Ensuite, j’ai recommencé à manger du solide, mais il faut savoir qu’on mange très peu après une telle opération. L’équivalent d’un bol de céréales. Je n’avais plus faim et j’étais très vite rassasiée. Je n’avais jamais connu ça, tout mon métabolisme avait changé. Avant, j’aurais pu manger un bœuf. Car c’est ça être obèse. Nous sécrétons une glande qui nous réclame toujours à manger", raconte Christine.
"Depuis le bypass, si je sors au restaurant, je vais vomir après. Dès que je fais le moindre excès, je vomis le trop plein. Si à l’époque j’étais adepte de tous les plats en sauces riches en matières grasses, je ne supporte aujourd’hui plus le gras, y compris les vinaigrettes. Je ne suis plus capable de manger plus d’un quart d’une pizza".
"Le confinement m’a fait grossir"
Au bout d’un an, Christine a dit adieu à 38 kg. Mais au total, le bypass lui aura permis de se débarrasser de 65 kilos. "Je suis passée de 130 à 65 kg. J’ai eu de la chance, ma peau n’a pas souffert. Qu’il s’agisse de mon visage, de mes bras ou de mon dos, ma peau n’est pas devenue flasque". Christine nous avoue néanmoins avoir repris 8 kg ces dernières années. "Le confinement a aussi joué un rôle. Le fait d’être enfermée constamment était stressant. Mais je compte bien y remédier. Dès l’arrivée du printemps, je vais me remettre à la marche avec mon mari", assure-t-elle.
"Mon rapport avec certaines femmes a changé"
Neuf ans après son opération, Christine est consciente que le bypass a radicalement changé son existence. "Aujourd’hui, je peux marcher, faire du vélo, ce qui était compliqué avant. Ayant une vie très active, je me sentais constamment fatiguée avant le bypass. Mon médecin m’a assuré qu’en perdant autant de poids, j’avais échappé à l’anévrisme ou à la crise cardiaque", nous explique Christine.
"J’ai changé toute ma garde-robe. En pantalon, je suis passée d’un 59 à un 40, voire un 38 ! J’ai découvert les vêtements de couleurs, les leggings, les robes, les chemisiers ou les pantalons moulants… Des pièces que je n’aurais jamais imaginé porter avant. Pour moi, le bypass est une résurrection à tous les niveaux".
"J’ai gagné 10 ans de vie, c’est évident"
Si Christine a eu le soutien de son mari et de ses enfants durant toute cette épreuve, les réactions de certains proches ont parfois été surprenantes. "Mon rapport avec certaines femmes a changé. Avant, j’étais la grosse de service et là, j’avais un nouveau visage, un nouveau corps. J’avais exploité un potentiel qu’elles ne voyaient pas avant. Déjà, il a fallu que je perde au moins 50 kg pour que les autres femmes reconnaissent mes efforts. Du côté, des hommes c’était plus sincère. Dès les premiers kilos perdus, ils me l’ont fait remarquer et ils m’encourageaient".
Au sein de son couple, Christine reconnait que son bypass n’aura pas été sans impact. "Tout devient plus agréable, même dans les rapports forcément. On ne peut pas ne pas le mentionner".
Aujourd’hui, si Christine a un regret, c’est d’avoir attendu l’âge de 54 ans pour avoir recours au bypass. "Vivre 30 ans avec l’obésité, c’est lourd à porter, on perd l’estime de soi. Si c’était à refaire, je l’aurais fait à 40 ans. Avec le bypass, j’ai gagné 10 ans de vie, c’est évident, mais j’aurais dû le faire plus tôt".
Merci à Christine pour son témoignage
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