
Cela fait plus de 10 ans que je suis diagnostiquée du BPCO, ou bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique. Cette maladie chronique ponctue ma journée aux rythmes de toux, crachats, essoufflements, ainsi qu’une obstruction permanente des voies respiratoires. A ce jour, j’en suis au stade 2, qui se manifeste par un essoufflement à la marche sur terrain plat ou en suivant quelqu'un de son âge.
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Yoga : le pouvoir de la respirationLes premiers symptômes sont apparus il y a 14 ans. Je ressentais un essoufflement inhabituel lors d’activités. Je n’ai pas réagi immédiatement, mais cela m’a paru étrange, d’autant que je suis de nature plutôt sportive ! Le temps avançant, les symptômes se sont amplifiés, jusqu’à aujourd’hui, où le moindre effort m’épuise, m’essouffle. J’en ai parlé à mon médecin traitant, qui m’a envoyé faire un scanner, afin d’avoir des éléments de réponse. Vu les résultats, il a décidé de m’orienter vers un pneumologue.
À l’annonce du diagnostic, je n’ai pas réalisé tout de suite les conséquences sur ma vie quotidienne. Je l’ai donc bien vécu au départ ! Puis, ayant continué à perdre de plus en plus en qualité de vie, j’ai pris conscience que cela n’était pas anodin. Il faut savoir que j’avais un frère qui avait exactement la même maladie que moi, mais à un stade beaucoup plus avancé et qui devait être en permanence avec une bouteille d’oxygène près de lui. Cela m’a mis un gros coup au moral. Je ne voulais pas finir de cette façon, j’espère que ça ne sera pas le cas.
L’impact du BPCO sur le quotidien
Cette maladie est invisible, mais je la ressens dans chaque seconde de mon quotidien. M’essoufflant en un clin d'œil, je ne peux plus être aussi active que je ne l’étais. Fini de jouer à des jeux qui demandent de l’énergie. Fini de faire des activités extérieures qui m’épuisent. Même lorsque je joue à chatouiller mes enfants, je dois m’arrêter vite, car je suis en manque d’oxygène.
Dans mon travail aussi, je vois un impact. Je suis formatrice, donc amenée à parler aux jeunes, mais je me vois constamment en train de reprendre mon souffle. De plus, je travaille dans un stock pédagogique et dans une salle de formation qui ne sont pas au même endroit, je m’épuise très rapidement quand je passe de l’un à l’autre. Maintenant, j’ai une salle attribuée qui est pratiquement toujours à côté du stock, pour plus d’aisance. Entre avant et après la maladie, la différence est grande. Cette situation est vraiment moche.
Souffrir de BPCO à cause du tabac
Le tabac est la cause de mon BPCO. J’ai au début ignoré cette évidence, me disant que ça ne changerait rien à ma situation et que je pouvais donc continuer de fumer malgré les recommandations de mon pneumologue. Mais à chaque rendez-vous, j’avais honte de dire que non seulement je n’avais pas arrêté, mais que je n’avais même pas diminué ma consommation.
J’ai pris conscience que mon état se détériorait et que je devais absolument bannir le tabac de ma vie, mais c’est plus facile à dire qu’à faire malheureusement. Le tabac crée une véritable dépendance physique, psychologique, comportementale. J’ai eu beaucoup de mal à m’en défaire, comme de nombreux fumeurs.
Le déclic pour arrêter de fumer
Il y a 16 mois de cela, lors de ma visite annuelle chez ma pneumologue, celle-ci a constaté une ombre préoccupante sur un de mes poumons. J’ai dû refaire un scanner et attendre le verdict un long mois, qui m’a semblé être une éternité. Je voyais déjà l’annonce d’un cancer. Par chance (toute relative), c’était une infection pulmonairen qui avait été mal soignée, et qui avait laissé une trace. Cet électrochoc m’a fait prendre conscience qu’il fallait que je réagisse et que j’arrête de fumer très rapidement.
Je me suis fixée une date, que j’ai réussi à respecter. Depuis le 6 janvier 2024, je n’ai plus touché à une seule cigarette ! Malheureusement, je n’ai pas de formule magique sur l’arrêt du tabac mais je pense que j’étais prête pour ça. Auparavant, j’ai essayé plusieurs fois de stopper ma consommation, mais je pense que je n’étais pas prête. J’ai eu ce déclic pour cette date et je m’y suis tenue. Probablement cette angoisse du cancer qui m’a donné la force. Parfois, il suffit d’un seul événement pour tout faire basculer.
Un traitement quotidien du BPCO
J’ai un suivi médical régulier. Je consulte mon pneumologue tous les ans, en réalisant pour chaque rendez-vous un scanner qui permet de voir l’évolution de la maladie. J’ai aussi suivi une réhabilitation respiratoire durant 2 mois.
Il s’agit d’une technique médicale qui s'adresse à l'ensemble des malades atteints de pathologies respiratoires chroniques. Cette thérapie s’axe sur deux plans majeurs : un réentraînement à l’exercice physique, et une prise en charge psycho-sociale. L’objectif étant d’augmenter notre capacité d’effort, mais aussi intégrer dans notre hygiène de vie des comportement nécessaires pour une amélioration de la santé et du quotidien, et que ces changements s’ancrent dans le temps. Cette thérapie est donc une approche pluridisciplinaire, avec l’appui de plusieurs professionnels de santé. Durant cette réhabilitation, j’ai suivi des séances de sport adaptées au BPCO. J'ai par exemple fait du tir à l’arc pour ouvrir la cage thoracique, et donc les voies respiratoires. Mais aussi de la marche, de la pétanque pour la détente… J’ai appris à mieux connaître cette maladie et à l’accepter comme telle , en ayant des échanges avec un pneumologue. Aujourd’hui, j’ai compris que ma maladie est irrémédiable, qu’il faut que je vive avec et le mieux possible. J’ai pris conscience que je pouvais être bien malgré tout. Je me sens vivante et pleine d’espoir !