“Je n’irai plus jamais chez le médecin” - Épisode 1Adobe Stock
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Rémy a 27 ans, un Master en lettres classiques et une spécialisation en édition numérique. Passionné, il s’est récemment installé en Grèce pour aller faire du volontariat. Rémy a la diction claire, l’esprit vif, on le sent empathique et souriant. Pourtant, en 2019, Rémy a fait une grave dépression et une tentative de suicide, qui l’ont conduit en clinique l’année suivante. Puis le confinement est arrivé, et le jeune homme s’est retrouvé coincé, 10 jours après son arrivée. Au total, Rémy est resté hospitalisé 3 mois et demi.

“La psychiatre lui a dit qu’il ne lui faudrait que 2 jours avant une nouvelle tentative de suicide”

D’un point de vue purement thérapeutique, le patient l’affirme : très vite, il trouve, avec l’aide de l’équipe médicale, le traitement qui lui va. Ce qui pêche, c'est l’humain. Un jour, Rémy fait une crise d’angoisse qui le terrasse et se rend dans le bureau de sa psychiatre référente. “J’arrive vraiment dans un sale état. Ce qu’elle trouve à me dire, c’est qu’il faut que je me donne les moyens d’être heureux.”

En parallèle, Rémy devient ami avec une autre patiente du service. Celle-ci, âgée d’une quarantaine d’années, vit extrêmement mal son divorce et souffre, elle aussi, d’un état dépressif majeur. Tous deux voient la même psychiatre. “Mon amie sortait des consultations en pleurs. Un jour, la psychiatre est entrée dans sa chambre en lui disant qu’elle pourrait très bien la mettre dehors, mais qu’il ne lui faudrait que 2 jours avant d’être de retour à cause d’une nouvelle tentative de suicide.” Tous les efforts de la thérapie partent en fumée pour la patiente, qui perd du poids jour après jour.

“Je l'ai vue crier, je l'ai vue s'énerver, j'ai vu des patients sortir en pleurs”

Rémy est durement affecté par le traitement infligé à son amie. D’autant que celle-ci finit par quitter la clinique, et qu’il devient le nouveau souffre-douleur de la psychiatre. “Elle me répétait que je ne m’autorisais pas à être heureux, donc que je ne pouvais pas l’être, comme si c’était de ma faute.” Une relation d’emprise s’installe alors entre le jeune patient et sa médecin référente, qui souffle le chaud et le froid en permanence. “C'était une femme très souriante et très colérique en même temps. Je l'ai vue crier, je l'ai vue s'énerver, j'ai vu des patients sortir en pleurs. Elle avait une personnalité manipulatrice. J’étais terrorisé, et je jouais une sorte de théâtre parce que j'avais envie de recevoir des ‘bons points’ de sa part.” La psychiatre est comme une ombre qui plane constamment au-dessus de sa tête, une colère susceptible de s’abattre à tout moment.

Sa dépression a empiré à cause d’une médecin censée le soigner

Aujourd’hui, Rémy a décidé de raconter son histoire pour rendre justice à son amie, dont la dépression a empiré à cause d’une médecin spécialisée censée la soigner : “C’était une situation de pouvoir et d'abus.” Pourtant, pendant longtemps, Rémy n’a pas réussi à parler de cette période de sa vie à quelqu’un d’autre. Quelque part, il était encore sous l’emprise de la psychiatre de la clinique. “J'avais peur que mes interlocuteurs soient d'accord avec elles”, confie-t-il dans un souffle.

Le jeune homme en est persuadé, il y a une réelle défaillance dans la sélection des psychiatres, qui manquent souvent d’empathie, pour en dire le moins. “J’avais l’impression que celle qui me suivait à la clinique ne comprenait pas les mécanismes de la dépression et qu'elle ne considérait même pas ça comme une maladie”, constate amèrement le jeune homme. Pour lui, les conséquences de cette expérience désastreuse sont simples : il n'a plus jamais consulté d'autre psychiatre depuis son hospitalisation, mise à part celle qu’il connaissait avant la clinique, qui ne le suit plus aujourd’hui. Depuis Athènes, Rémy se fait prescrire son traitement par un médecin généraliste. “Ce serait inenvisageable pour moi d'entamer un suivi avec quelqu'un d'autre, ce serait trop dur.”

mots-clés : Témoignage
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