Qu'a-t-on le droit de faire ou non après un infarctus ? Qu'est-on capable de faire ou non ? Quelle activité physique pratiquer ? Comment et à quelle fréquence ? "L'activité physique et sportive est un traitement à part entière dans la pathologie cardio-vasculaire et notamment dans le post-infarctus", pose Justine Burdese, cardiologue à l'hôpital privé de Villeneuve-d'Ascq et médecin dans le service de réadaptation cardiaque au centre hospitalier de Wattrelos.
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Cœur : 6 questions à poser à votre cardiologue"Après un infarctus, reprendre une activité physique est une indication prioritaire, notamment dans le cadre de la réadaptation cardio-vasculaire, pratiquée dans une structure spécialisée", poursuit la spécialiste. Le hic ? De nombreux patients n'y ont pas accès notamment parce que ces structures ne sont pas présentes sur tout le territoire. "Seulement un homme sur trois et une femme sur cinq suivent ce traitement", précise la cardiologue.
"La pratique de la marche est la plus naturelle, la plus simple et la plus douce"
Pour ces personnes qui ne pourront pas jouir de ces réadaptations sur-mesure, quelles sont les règles à suivre ? "La reprise d'une activité ne pourra se faire que sur avis médical et après un test d'effort", souligne Justine Brudese. Il s'agit là d'un impératif absolu. Si tous les signaux sont au vert, la personne peut alors reprendre le sport d'une intensité faible à modérée au départ. "Il faut toujours rester sous le seuil d'essoufflement, cela doit être un repère important pour le patient. Sinon, il n'y a aucune restriction", ajoute la spécialiste.
L'endurance constitue la base de cette reprise d'activité physique. "La pratique de la marche est la plus naturelle, la plus simple et la plus douce pour ceux qui reprennent une activité tout seul", commente la cardiologue. Tapis, vélo, marche nordique ou danse sont aussi des activités qui peuvent être pratiquées sans risque. "On recommande avant tout l'activité en endurance, dynamique et aérobie (maintenir une certaine intensité sur une période prolongée, ndlr). Et pour les personnes obèses, diabétiques et les hypertendues, on recommande en plus un renforcement musculaire", détaille Justine Burdese.
Les règles à suivre pour une activité physique sans danger
Après un infarctus, pour reprendre une activité sans danger, il convient de suivre plusieurs règles édictées par le Club des cardiologues du sport :
- 1 - Je signale à mon médecin toute douleur dans la poitrine ou essoufflement anormal survenant à l’effort.
- 2 - Je signale à mon médecin toute palpitation cardiaque survenant à l’effort ou juste après l’effort
- 3 - Je signale à mon médecin tout malaise survenant à l’effort ou juste après l’effort
- 4 - Je respecte toujours un échauffement et une récupération de 10 minutes lors de mes activités sportives
- 5 - Je bois trois à quatre gorgées d’eau toutes les 30 minutes
- 6 - J’évite les activités intenses par des températures extérieures extrêmes et lors de pics de pollution
- 7 - Je ne fume jamais dans les 2 heures qui précédent ou suivent ma pratique sportive
- 8 - Je ne consomme jamais de substance dopante et j'évite l'automédication en général
- 9 - Je ne fais pas de sport intense si j’ai de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal
- 10 - Je pratique un bilan médical avant de reprendre une activité sportive intense.
"En plus de ces règles, je recommande également de ne pas pratiquer les premières activités seul et ensuite, d'avoir toujours un téléphone portable avec soi", ajoute Justine Burdese.
Les sports à éviter après un infarctus
Une fois qu'une reprise sereine a eu lieu, il est nécessaire d'augmenter progressivement l'intensité pour pouvoir progresser. "Sur l'échelle de Borg, sur laquelle se base les professionnels, on doit se situer entre 12 et 14, l'exercice doit être moyennement difficile. Pour vous donner une idée, parler doit être possible durant l'effort, mais pas chanter", illustre la spécialiste.
"Trois séances par semaine, c'est vraiment le minimum"
La régularité de la pratique joue également un rôle important : "Idéalement, c'est tous les jours ou des sessions de 30 minutes à 1 heure, 4 à 5 fois par semaine, ce qui reste contraignant", reconnaît le médecin. "Trois séances par semaine, c'est vraiment le minimum quand on a fait un infarctus et qu'il faut prendre soin de soi", résume-t-elle.
"Je ne recommande pas de faire du sport en groupe"
La spécialiste pose plusieurs limites. La première : ne pas être dans une logique de compétition. "Je ne recommande pas de faire du sport en groupe au début parce que même si on n'est pas inscrit à une compétition on peut être dans une logique compétitive. Par exemple, si on appartient à un groupe de cyclistes, on va se donner à fond et on ne va pas écouter son corps, alors que c'est primordial après un infarctus".
Les sports de contact sont également contre-indiqués. "Les traitements médicamenteux fluidifient le sang. On évite donc les activités où on peut se blesser ou ceux qui présentent un environnement dangereux en cas de malaise cardiaque, comme l'escalade, la plongée ou le parachutisme". Idem pour les sports comme l’haltérophilie : "ce sont des sports à glotte fermée, qui ne sont pas recommandées, car ils donnent des grandes fluctuations de pression artérielle", indique notre experte.
L'activité physique pour prévenir la récidive
Enfin, la dernière chose à faire après un infarctus est de ne pas reprendre le sport ou de ne pas s'y mettre. "On observe de nombreuses personnes qui ont peur de refaire un infarctus et qui s'installe dans la sédentarité ou dont les proches ont tellement peur qui ne laissent plus le patient faire quoi que ce soit. L'environnement peut être surprotecteur et entraver la reprise d'une vie normale et d'une activité normale", met en garde la spécialité.
Pratiquer une activité physique après un infarctus est aussi une part importante de la prévention, cela diminue le risque de récidive. "En matière d'infarctus, l'activité physique est une partie de la prévention primaire, mais aussi secondaire", observe Justine Budese.
"Il faudra trois à six mois avant de reprendre une pratique"
"Il est primordial de sortir de la sédentarité si on y était et ne surtout pas y tomber si on faisait du sport avant un accident cardiaque", précise-t-elle. Pour Justine Burdese, "il faudra trois à six mois avant de reprendre une pratique sportive normale. Et il y a aura toujours des restrictions vis-à-vis de la compétition et du sport à très haute intensité pour ces patients".
Merci à Justine Burdese, ambassadrice de l'association Agir pour le cœur des femmes, et cardiologue
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