Infarctus du myocarde : une transfusion pourrait réduire de moitié les risques de décèsImage d'illustrationIstock
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L’infarctus du myocarde est l’une des premières causes de décès dans le monde. Il y a environ 100 000 accidents cardiaques par an en France. Un chiffre qui fait peur. Cependant la prévention, les techniques interventionnelles et les avancées scientifiques permettent de mieux traiter cette pathologie aujourd’hui. Récemment, des chercheurs ont découvert lors d’une étude présentée au congrès de cardiologie le 30 août, que l’anémie (manque de globules rouges dans le sang) peut aggraver l’état d’un patient après un infarctus du myocarde. Ils émettent donc l’hypothèse qu’en réalisant une transfusion sanguine, le risque de complications cardiovasculaires diminue.

L'anémie est souvent présente chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde. Selon les scientifiques, chaque diminution d’1 g/dl d’hémoglobine (la protéine qui transporte l'oxygène dans le sang) augmente de 21 % le risque de troubles cardiovasculaires. Pour rappel, on parle d’anémie, un taux en dessous de 14 g/dl pour les hommes et de 12 g/dl pour les femmes.

Les auteurs de l’étude expliquent dans un communiqué que la transfusion sanguine peut diminuer les lésions à la suite d’un accident cardiovasculaire en améliorant l'apport d'oxygène aux tissus du cœur et ainsi réduire le risque d’un second infarctus.

"Le sang transfusé a une forte capacité à capter l'oxygène, mais il a du mal à le libérer dans les tissus du cœur endommagé par une crise cardiaque"

Mais dans ce contexte, ce bénéfice reste néanmoins débattu par la communauté scientifique. En théorie, la transfusion devrait augmenter l'apport d'oxygène au cœur. Mais des données récentes ont montré que le sang transfusé a une forte capacité à capter ce gaz, mais il a du mal à le libérer dans les tissus du cœur endommagé par une crise cardiaque.

Aussi, lorsque le sang est présent dans les poches avant d’être transfusé, ces globules rouges perdent rapidement leur monoxyde d’azote (NO), une substance importante pour le bon fonctionnement des vaisseaux sanguins. Ce qui pourrait aussi poser problème chez les patients ayant des troubles cardiaques.

Pour finir, les transfusions de globules rouges peuvent accroître l’activité des plaquettes dans le sang (un élément de ce liquide précieux qui favorise la cicatrisation), avec des conséquences potentiellement délétères chez une personne ayant eu un infarctus du myocarde.

Après un mois, le risque d’infarctus du myocarde est réduit

Le Pr Philippe Gabriel Steg, co-fondateur du réseau F-CRIN "FACT", chef du service de cardiologie à l'hôpital Bichat AP-HP, en lien avec l’Unité de Recherche clinique Est Parisien et ses collègues ont eu pour objectif principal de déterminer si le risque de décès ou d'infarctus à 30 jours différait entre une stratégie de transfusion restrictive et une stratégie de transfusion plus importante chez les patients souffrant d'un infarctus du myocarde aigu et d'anémie.

Au total, 3504 patients ont été séparés en deux groupes : l’un pour la transfusion restrictive et l’autre pour la transfusion libérale. L’analyse révèle qu’au bout d’un mois, il y a eu moins de décès ou de crises cardiaques dans le groupe qui a reçu plus de transfusion sanguine (14,5%) comparé à celui qui a reçu moins de sang (16,9% de cas).

Les résultats de cet essai réalisé au sein de 144 centres aux États-Unis, au Canada, au Brésil, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en France, ont été publiés dans le New England Journal of Medicine.

Un risque de décès à six mois diminué de 52 %

Lors du Congrès Européen de Cardiologie de Londres organisé du 30 août au 3 septembre 2024, les auteurs de l’étude ont montré une mortalité globale à six mois inférieure dans le groupe qui a reçu plus de transfusion sanguine, que dans celui qui a reçu une restriction. Les chercheurs ont également démontré que le risque de décès d’origine cardiaque serait réduit de 52% dans le groupe libéral par rapport au groupe restrictif.

"L’ensemble de ces résultats confirme que transfuser plus de sang aux patients présentant un infarctus du myocarde et une anémie améliorerait leurs chances de survie", précise les auteurs de l’étude dans un communiqué de presse.

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