60 % des femmes ont connu des fuites urinaires au cours des trois derniers mois. Et contrairement aux idées reçues, elles ne concernent pas que les personnes âgées. 20 % d’entre elles connaissent ce désagrément avant leurs 30 ans, et 28 % entre 35 et 49 ans.
Pourtant, l’incontinence est un sujet encore très sensible en France. Plus d’un tiers des femmes considèrent qu’elles ne peuvent pas en parler librement. Sidérée par ces chiffres, l’ex-championne de France de planche à voile Nathalie Simon a décidé de briser ce tabou, en devenant ambassadrice de la campagne “Libérons la parole”, lancée par la marque Always Discreet (qui a aussi créé un groupe Facebook pour échanger sans jugement sur le sujet). Medisite l’a interrogée.
Pourquoi avez-vous choisi de vous associer à cette campagne ?
“J’avais très envie de participer à cette campagne car je pense que si des gens comme moi le font, ça libère la parole, ça brise des tabous. Parce que c’en est un finalement, ça touche à l’intime... Le périnée c’est ‘un truc de nanas’, on n’en parle pas. La preuve, les femmes n’osent même pas en parler à leur gynéco ou à leur médecin traitant, à personne d’ailleurs, ça reste très confidentiel, presque honteux. Donc voilà, j’ai choisi d’être la voix de ce #libéronslaparole autour des fuites urinaires, pour en parler. Cette année, j’ai sorti un livre sur mon parcours, avec un chapitre sur la ménopause disant ‘c’est pas un gros mot’. Eh bien là, c’est pareil.”
Comme ma mère est kiné, j’ai toujours été très alertée sur le périnée.
Êtes-vous concernée par les fuites urinaires ?
“A 55 ans, en tant que femme, en tant que sportive, je pourrais très bien être parmi les femmes concernées. J’ai la chance de ne pas l’être, mais comme ma mère est kiné, j’ai toujours été très alertée sur le périnée et j’y pense souvent. Je fais mes exercices de périnée, je le muscle - enfin je les muscle, parce que c’est plutôt un assemblage de muscles sur le plancher pelvien.”
© Always Discreet / Toluna
Puisqu’il faut “libérer la parole”, vous en parlez autour de vous ?
“De plus en plus. Et à l’occasion de cette campagne j’en ai parlé à beaucoup de mes amies. Certaines me disent ‘‘ah ben moi, j’ai pas fait ma rééducation du périnée quand j’ai accouché’, ou encore ‘moi quand je ris, je me pisse dessus’. Mais ce n’est pas une fatalité. On peut prévenir l’incontinence, et la traiter. Alors c’est ridicule de ne pas en parler et de ne pas agir. Moi je suis pour l'action.”
Que peut-on faire, justement, pour prévenir les fuites urinaires ?
“On peut faire des petits exercices au quotidien. Par exemple, là pendant que je vous parle, je pense à mon périnée, donc je fais comme si j’aspirais mon anus en rentrant mon ventre, en contractant mes abdos. Mais ça ne veut pas dire que je me soulève, je le fais sans contracter mes fessiers. Un peu comme si je voulais coller mon nombril contre ma colonne vertébrale, ou retenir un gaz. On maintient la position quelques secondes, et on relâche. C’est très efficace.”
Je fais comme si j’aspirais mon anus [...] en contractant mes abdos.
Vous avez parlé de ménopause un peu plus tôt. Avez-vous souffert de symptômes ?
“J’avais des transpirations la nuit surtout. Et surtout, mes performances sportives étaient moins bonnes. En vieillissant on perd beaucoup plus vite du muscle, et on a beaucoup plus de mal à en faire. On peut facilement remplacer le muscle par de la graisse”.
Que faites-vous contre les symptômes de la ménopause ?
“J’ai la chance de pouvoir être traitée - et j’ai choisi de l’être - parce que ce n’est pas le cas des femmes qui ont eu des cancers, par exemple, qui ne peuvent plus avoir de suppléments hormonaux. Mais je considère aussi que le sport aussi fait parti des meilleurs médicaments. Je fais beaucoup de sport. Néanmoins, lorsqu’on est ménopausée, on fabrique moins de muscle, on est plus fragile au niveau des tendons, notamment parce qu’ils se dessèchent. Donc le fait d’être traitée me permet de pallier cela, sous contrôle médical évidemment, et de pouvoir faire beaucoup de sport.
À côté de cela, je bois énormément, je m’hydrate. Je ne mange pas énormément et je fais surtout attention à la qualité de ce que je mange. Bien sûr, je ne suis pas parfaite : pour moi, avoir une bonne hygiène de vie, ça ne veut pas dire s’arrêter de vivre. Ça veut dire prendre du plaisir dans chacune de mes actions, avoir la conscience de l'instant présent.”
Vieillir ne vous fait pas peur ?
“J’ai une nature assez positive, donc j’essaye de trouver le meilleur de chaque situation. Et je me dis que vieillir c’est une chance. Vieillir oui, devenir vieux, non. Et devenir vieux c’est dans la tête : c’est être un vieux ronchon, ne s'émerveiller de rien, ne plus faire d’apprentissages… Aux personnes qui me disent “ah mais moi j’ai mal partout”, je leur réponds : il faut bouger. Plus tu bouges, moins tu auras mal.”
À 55 ans, vous êtes encore dans une forme olympique. Quelle est votre journée type ?
“Je n’ai pas de journée type, parce que je n’ai pas une activité professionnelle stable. Quand je ne travaille pas, je fais du sport une à deux fois par jour parce que je fais du triathlon. J’ai choisi d’habiter dans le Sud de la France pour avoir la possibilité de faire tous ces sports outdoor que j’adore. Mais je sais que, par exemple pour les Parisiennes, c’est super dur. Tandis que ça n’a aucun coût de prendre des baskets et d’aller courir.
Si je devais vraiment décrire une journée type, ce serait surtout :
- Dormir : le sommeil, c’est hyper important, c’est le moment où on se régénère, où on mémorise la connaissance, où les neurones continuent à se connecter. Si tu ne dors pas tu meurs, tu deviens fou.
- Boire, de l’eau - voire du thé ou des infusions, mais il n’y a rien de mieux que de l’eau.
- Manger raisonnablement - je suis une flexitariste.
Se dépenser. - Et rire, aimer, vivre !”
Il faut être acteur de sa vie, pas spectateur.
Que recommandez-vous à nos lectrices qui souffrent de fuites urinaires ?
“Je leur recommande de consulter leur médecin traitant, parce qu’on peut, à tout âge, se remuscler le périnée. Et puis aller plus loin, voir un urologue s’il le faut. Dans tous les cas, il ne faut pas rester en se disant “je me cache parce que j’ai fait pipi dans ma culotte”. Dans la vie, il faut être acteur de sa vie, pas spectateur. Lorsqu’on n’ose pas en parler on devient spectateur. Donc il faut libérer la parole, il faut en parler.”
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