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L’homéopathie comme soins de support

L’homéopathie comme soins de support© Adobe Stock"Il n’existe que peu de champs d’applications de la médecine où l’homéopathie comme thérapie complémentaire n’a pas sa place", nous confie le docteur François Mulet, médecin généraliste et homéopathe à Angers. L’homéopathie et les autres médecines complémentaires (acupuncture, hypnose, ostéopathie…) "sont autant de cordes à ajouter à son arc pour optimiser les chances du patient : ces médecines diminuent les effets secondaires des médicaments, la durée et l’intensité d’un traitement allopathique* ", souligne le médecin homéopathe.
Comme l’expliquait récemment le docteur Jean-Lionel Bagot, médecin homéopathe, sur Medisite, l’homéopathie peut notamment se révéler utile comme soins de support du cancer en complément des traitements conventionnels, "pour accompagner le stress lié à l’annonce de la maladie, préparer à la chirurgie, soulager les effets secondaires de la chimiothérapie, de la radiothérapie et/ou de l’hormonothérapie et pour faciliter la convalescence".
À noter : "Il n’y a aucun risque à utiliser l’homéopathie comme soins de support dans la mesure où ce médicament ne contient justement rien d’actif. Le seul risque, et cela est vrai pour toutes les médecines complémentaires, est de l’utiliser à mauvais escient, quand il y a un trouble effectif qui nécessite un autre traitement : c’est ce que les médecins appellent la perte de chance. En théorie, ce risque, qui suppose une erreur de diagnostic, est très faible quand l’homéopathie est prescrite par un médecin", précise de son côté le professeur Daniel Bontoux, doyen honoraire de la Faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers et membre de l'Académie nationale de médecine. "Le risque existe par contre pour celle ou celui qui, souffrant d’un trouble dont il méconnait la signification, choisit de se traiter lui-même par un produit homéopathique en négligeant de consulter son médecin" ajoute le professeur Bontoux.

L’homéopathie pour anticiper les maladies cardiovasculaires

"Une grande originalité de l’homéopathie réside dans sa capacité à anticiper les dangers, notamment en traitant le terrain d’une personne pour limiter les risques en intensité et en fréquence d’une maladie donnée" révèle le docteur François Mulet. Selon lui, les traitements homéopathiques permettent ainsi "d’anticiper les maladies cardiovasculaires, l’insuffisance veineuse, le cholestérol, l’hypertension artérielle ou encore les maladies hépatiques selon les facteurs de risque ou les prédispositions".
À noter toutefois : "Le traitement est individuel, il n’existe pas de protocole standard car le terrain à travailler est propre à chaque personne", précise le docteur Mulet.
Attention : "L’homéopathie peut être un traitement complémentaire mais pas exclusif. Autrement dit, un traitement homéopathique ne doit pas exclure les traitements allopathiques* indispensables à la prise en charge d’une pathologie" tempère le médecin homéopathe.
À savoir : La question de l’homéopathie et de son utilisation pour traiter les terrains à risque reste controversée. En septembre 2017, le Conseil Scientifique des Académies des Sciences Européennes (EASAC) publie un avis dans lequel il estime que "les prétentions de l’homéopathie sont invraisemblables et incompatibles avec les concepts scientifiques établis" et que l’action de ces traitements ne s’explique que par l’intervention de l’effet placebo. "C’est exact, mais cet effet n’est pas négligeable. Il est très bien connu, et correspond à l’activation de mécanismes neurobiologiques qui permettent à l’organisme de développer des phénomènes de contrôle, comme le contrôle de la douleur ou de certains troubles fonctionnels", ajoute le professeur Daniel Bontoux.

*Allopathie : terme utilisé par les homéopathes pour désiger l'ensemble des pratiques thérapeutiques ne reposant pas sur le principe de l'homéopathie.

L’homéopathie : un rôle dans le traitement du diabète ?

L’homéopathie : un rôle dans le traitement du diabète ?© Adobe StockComment l’homéopathie peut-elle participer au traitement du diabète ? "L’homéopathie ne va pas faire régresser le diabète mais pourra améliorer le terrain métabolique de cette maladie chronique", explique le docteur Mulet, puisque "l’homéopathie est destinée à contrer les troubles fonctionnels et donc réversibles, mais pas les troubles organiques". En effet, "le diabète correspond à une atteinte de certaines cellules* du pancréas. L’homéopathie ne fait pas repousser ces cellules, mais peut améliorer la sensibilité des récepteurs de l’insuline, gérer le poids et l’appétit du patient" développe le médecin. De son côté, le professeur Bontoux précise que "comme pour toute thérapie complémentaire (acupuncture, hypnose, ostéopathie…), les seules applications possibles de l’homéopathie sont les troubles fonctionnels comme les douleurs mal expliquées, les maux de tête, les troubles du sommeil, la fatigue ou encore l’anxiété. En aucun cas elle ne pourra s’appliquer à des maladies qui comportent des lésions organiques ou des anomalies métaboliques. S’agissant du diabète, l’homéopathie n’est pas interdite aux diabétiques pour les aider à surmonter des troubles fonctionnels associés, mais elle n’a aucune place dans le traitement du diabète lui-même."
Bon à savoir : Les granules homéopathiques contiennent du sucre, mais en faible quantité. Elles ne font donc pas l’objet de précautions particulières pour les personnes diabétiques. Plus précisément, "l’homéopathie en granules contient 85% de saccharose et 15% de lactose, soit 3,4 grammes de saccharose dans un tube de 80 granules. Les posologies étant généralement de 5 granules par prise, une prise ne représente que 0,2g de saccharose", calcule le docteur Mulet.

*Les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas, qui fabriquent l’insuline, une hormone qui favorise l’absorption et le stockage dans l’organisme du glucose présent dans le sang.

L’homéopathie, une place dans les urgences médicales ?

L’homéopathie, une place dans les urgences médicales ?© Adobe StockL’homéopathie peut être prescrite comme soins de support à des urgences médicales, "par exemple dans le cadre d’un infarctus, d’une crise d’asthme ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC)", nous apprend le docteur Mulet.
Attention : "En cas de symptômes de crise, il faudra évidemment administrer les médicaments allopathiques* d’urgence (anticoagulants pour l’AVC, Ventoline® pour l’asthme…) avant de penser aux traitements homéopathiques qui n’interviendront qu’en complément et qui ne peuvent se substituer aux services de secours" avertit le médecin homéopathe. "Les solutions homéopathiques pourront, dans un second temps, améliorer l’état du patient et lui permettre de mieux supporter les traitements ainsi qu’une meilleure convalescence" précise-t-il.

*Allopathie : terme utilisé par les homéopathes pour désiger l'ensemble des pratiques thérapeutiques ne reposant pas sur le principe de l'homéopathie.

Homéopathie et traitement de la maladie d’Alzheimer

Homéopathie et traitement de la maladie d’Alzheimer© Adobe StockDans les cas de maladies neurodégénératives comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, "l’homéopathie peut aider les sujets à être moins déprimés, plus mobiles, à mieux tolérer les traitements qui occasionnent parfois de lourds effets secondaires" confie le docteur Mulet. "Il s’agit dans ce cas de soins de support qui traitent les symptômes de dépression ou de somnolence, mais l’homéopathie n’empêche pas la dégénérescence des neurones, elle ne ralentit pas l’évolution de ces maladies et ne les guérit pas", appuie le médecin généraliste homéopathe.

L’homéopathie : utilisable même chez les bébés ?

L’homéopathie : utilisable même chez les bébés ?© Adobe StockL’homéopathie peut s’adresser à tous les patients, même aux plus jeunes. "Elle a sa place chez les jeunes enfants de moins de deux ans chez qui il existe de nombreuses limites thérapeutiques" constate le docteur Mulet. Par exemple, "l’homéopathie pourra être utilisée chez un bébé présentant des bronchiolites à répétition pour anticiper d’éventuelles rechutes", détaille le médecin homéopathe.
À savoir : "L’homéopathie ne comporte pas de risque pour les nourrissons puisque ces médicaments ont subi des très hautes dilutions. Le seul risque de l’homéopathie administrée en granules chez un bébé de moins de six mois est celui de la fausse route. C’est pourquoi il est préférable de se tourner vers l’homéopathie en gouttes sans alcool. On peut aussi simplement diluer les granules 'classiques' dans un petit biberon d’eau que l’on administrera en plusieurs 'goulées' au cours de la journée", conseille le docteur Mulet. "L’absence de danger de l’homéopathie pour les enfants existe à condition de faire appel au médecin généraliste ou au pédiatre pour réaliser les diagnostics de son enfant et de ne pas s’aventurer seul dans l’automédication homéopathique", ajoute le professeur Bontoux.
L’homéopathie pédiatrique est-elle réellement efficace ? "D’une façon générale, aucune étude sur l’homéopathie pratiquée selon les canons de la médecine scientifique n’a jamais démontré une efficacité quelconque de ces produits par eux-mêmes, y compris chez les jeunes enfants. Les produits homéopathiques mis en avant pour les nourrissons sont notamment des sirops contre les troubles de la dentition. Or ces troubles sont insignifiants, mal définis. Je doute que l’on puisse apporter la preuve d’une quelconque efficacité pour les traitements de ces troubles. Ces produits rassurent les parents mais ne possèdent que peu d’utilité", affirme le professeur Bontoux.

L’homéopathie pour soulager la femme enceinte

L’homéopathie pour soulager la femme enceinte© Adobe StockChez la femme enceinte, "l’homéopathie convient pour tous les petits maux de la grossesse, surtout lorsque les médicaments conventionnels (antalgiques, anti-inflammatoires…) sont contre-indiqués" selon le docteur Mulet. Elle est également adaptée aux suites de couches, "par exemple en cas d’engorgement mammaire ou pour stopper les montées de lait", décrit le médecin généraliste homéopathe.
Chez la femme, plus généralement : L’homéopathie peut également accompagner certaines contraceptions, "pour soulager notamment les douleurs liées à la pose d’un stérilet à la progestérone grâce à un traitement homéopathique à base de progestérone hautement diluée" rapporte le docteur Mulet. Enfin, selon ce médecin, "l’homéopathie a sa place dans l’accompagnement des interruptions volontaires de grossesse (IVG) sur le plan psychique, sur le plan de la douleur, de la récupération physique et des saignements."

Homéopathie et animaux : eux aussi ?

Homéopathie et animaux : eux aussi ?© Adobe StockComme les autres médecines complémentaires (kinésithérapie, ostéopathie…), l’homéopathie n’est pas réservée aux humains : elle possède aussi des applications chez nos amis les bêtes. "Il existe beaucoup d’usages de l’homéopathie chez les animaux. Elle est par exemple utilisée dans les élevages biologiques", révèle le docteur Mulet.
À noter : "L’effet placebo existe aussi chez les animaux" observe le professeur Bontoux.
Par ailleurs, selon l’EASAC, "il n’y a pas de preuves rigoureuses pour justifier l’utilisation de l’homéopathie en médecine vétérinaire et cela est particulièrement inquiétant lorsque de tels produits sont utilisés au détriment de médicaments qui ont fait leurs preuves pour traiter les infections du bétail." C’est pourquoi les scientifiques à l’origine de ce rapport concluent que "la prolifération des pratiques homéopathiques non-fondées ne devrait pas être encouragée en médecine vétérinaire".

Sources

-Merci au docteur François Mulet, médecin généraliste et homéopathe à Angers, titulaire des Diplômes Universitaires d’hypnose thérapeutique, de gynécologie-obstétrique et d’homéopathie.
-Merci au professeur Daniel Bontoux, doyen honoraire de la Faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers, membre de l'Académie nationale de médecine.
-Homeopathic products and practices: assessing the evidence and ensuring consistency in regulating medical claims in the EU. European Academies Science Advisory Council (EASAC), septembre 2017 
-Guide d’homéopathie pour l’auto-prescription, Dr Franck Choffrut, Editons Dangles, collection référence 2016

mots-clés : placebo

Vidéo : Top 3 des solutions homéopathiques contre le stress

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