Si vous avez eu des complications pendant la grossesse, surveillez votre santé cardiaqueAdobe Stock
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46 ans. C’est la période pendant laquelle, après votre dernier accouchement, vous êtes à risque de développer une cardiopathie si vous avez connu une complication pendant la grossesse. Cela même si vous n’avez aucun antécédent cardiaque.

Par complication, on entend ici :

  • une pré-éclampsie
  • un accouchement prématuré
  • le fait d’avoir accouché d’un bébé petit par rapport à son âge gestationnel
  • de l'hypertension artérielle pendant la grossesse
  • un diabète gestationnel

Complications durant la grossesse : davantage de risques de cardiopathie ischémique

Des chercheurs états-uniens et suédois sont arrivés à cette conclusion après avoir observé entre 1973 et 2015 une cohorte de 2 195 266 femmes suédoises sans antécédents cardiaques ayant accouché d’un enfant. L’âge moyen de l’accouchement était de 27 ans. Leur étude est parue dans le British Medical Journal (BMJ) le 1er février 2023.

Les auteurs de l'étude l’affirment : leurs résultats montrent que les complications durant la grossesse doivent être considérées comme des facteurs de risque à long terme - toute la vie - de cardiopathie ischémique. En conséquence, les femmes concernées devraient se voir offrir l’aide adéquate.

La cardiopathie ischémique est caractérisée par une quantité de sang insuffisante transportée jusqu'au muscle cardiaque (myocarde), ce qui entraîne une réduction d'apport en oxygène aux cellules cardiaques” explique le Centre de cardiologie Champel de Genève.

Les complications durant la grossesse sont associées à des risques plus élevés, après l’accouchement, de souffrir de cette maladie. Par ailleurs, environ un tiers des femmes enceintes connaissent une complication durant leur grossesse. Cependant, très peu d’études ont à ce jour étudié les effets de plus d’une complication sur la vie des femmes.

3,8% des femmes observées par les auteurs de l’étude parue dans le BMJ se sont vu diagnostiquer une cardiopathie ischémique plus tard dans leur vie, à l’âge moyen de 58 ans. Cela représente 83 881 femmes.

“Par exemple, dans les 10 ans après l’accouchement, les taux relatifs de cardiopathie ischémique étaient multipliés par 2 chez les femmes ayant connu des troubles hypertensifs de la grossesse, par 1,7 chez celles qui avaient eu un enfant prématuré, par 1,5 chez celles qui avaient souffert de pré-éclampsie, par 1,3 chez celles qui avaient eu du diabète gestationnel et par 1,1 chez celles qui avaient eu un enfant de petit poids par rapport à son âge gestationnel”, indique le BMJ.

La pré‐éclampsie est une maladie de la grossesse caractérisée par une élévation de la pression artérielle, appelée hypertension artérielle gravidique, et par la présence de protéines ou d'albumine dans les urines (la protéinurie).

Elle peut se manifester pendant la grossesse, ou peu de temps après. Aussi appelée "toxémie gravidique", la pré-éclampsie tire son nom du fait qu’elle peut potentiellement conduire à une crise d’éclampsie, une complication grave qui se traduit par des convulsions, semblables à une crise d’épilepsie.

C’est quoi, le diabète gestationnel ?

Le diabète gestationnel, quant à lui, se traduit par un excès de sucre dans le sang entraînant une hyperglycémie plus ou moins sévère chez la femme enceinte. Selon la Fédération française des diabétiques, sous le terme de diabète gestationnel, on regroupe deux populations différentes :

  • les femmes qui ont un diabète inconnu et que la grossesse va révéler
  • les femmes qui développent un diabète uniquement à l’occasion de la grossesse, trouble qui disparaît le plus souvent après la grossesse

Le diabète gestationnel expose à la fois la mère et l’enfant à des risques multiples et doit faire l’objet d’une surveillance. Le glucose, présent en excès dans le sang maternel, traverse le placenta et passe dans le fœtus, accélérant sa croissance pondérale.

Le nouveau-né aura de ce fait un risque accru de souffrir de macrosomie fœtale (poids de naissance supérieur à 4 kg, d'où un accouchement plus difficile.

Grossesse : il faut considérer les complications comme des facteurs de risque cardiaque

À noter : les chercheurs ont pris d’autres facteurs en compte afin d’affiner leur recherche. Parmi eux : l’âge de la mère, son nombre d’enfants, son niveau d’éducation, ses revenus, son indice de masse corporelle (IMC), le fait qu’elle fume ou non, ses potentiels antécédents d’hypertension artérielle, de diabète et d'hypercholestérolémie.

Toutefois, et bien que l’échantillon de partcipantes soit très vaste, cette étude reste purement observationnelle. Aussi les scientifiques ne peuvent-ils pas établir de lien direct entre maladie cardiaque et complication durant la grossesse. Ils l’affirment cependant : leur étude montre qu’il faut considérer ces complications comme des facteurs de risque.

Sources

"Adverse pregnancy outcomes and long term risk of ischemic heart disease in mothers: national cohort and co-sibling study", une étude parue dans le BMJ le 1er février 2023.

https://www.bmj.com/content/380/bmj-2022-072112

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