Près de 16 millions de personnes ont eu une prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) en 2015, selon une étude de l’Agence nationale de sécurité du médicament. Ces médicaments contre les brûlures d’estomac sont donc largement répandus. Or, des chercheurs français viennent de montrer qu’ils augmentent fortement les risques de gastro-entérite.

Les IPP augmentent de 80 % le risque de contracter une gastro

Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs de l’Université de la Sorbonne (Paris), dirigés par Ana-Maria Vilcu, ont comparé les données de 233 000 français prenant des IPP en continu, avec celles de 627 000 personnes qui ne prenaient pas ces médicaments.

En examinant les données relatives à la saison des virus hivernaux 2015-2016, ils ont constaté que les personnes sous IPP étaient 80 % plus susceptibles de contracter une grippe intestinale - une maladie de courte durée généralement causée par un virus. Leurs résultats ont été publiés le 27 novembre dans la revue JAMA Network Open.

Inhibiteurs de la pompe à protons : gare aux effets indésirables

Si ces médicaments ont longtemps été considérés comme sûrs, ils sont toutefois de plus en plus controversés. “Très peu de personnes ont besoin de prendre des IPP sur le long terme. Pourtant, certaines d’entre elles finissent par les prendre de façon chronique”, souligne Mina Tradous, scientifique au Women’s College Hospital de Toronto, qui a rédigé l’éditorial accompagnant l’étude.

“À présent, nous constatons que ces traitements ne sont pas aussi sûrs que nous le pensions. Ils interagissent avec un tas de médicaments. Ils suscitent des préoccupations nutritionnelles, et augmentent le risque de fractures et d’infections”, alerte l’experte.

En réduisant l’acidité de l’estomac, les IPP le rendent plus vulnérable

Selon les scientifiques, plusieurs raisons plausibles pourraient expliquer pourquoi la prise d’IPP peut augmenter le risque de gastro. La plus probable étant que ces médicaments réduisent l'acidité de l’estomac, or, l’acide gastrique joue probablement un rôle pour tenir les virus à distance.

“Si vous réduisez les acides, vous modifiez la flore intestinale, ce qui vous rend plus vulnérable aux infections”, explique Mina Tradous.

Mieux vaut éviter l’automédication et demander conseil à son médecin

Elle précise que les personnes qui souhaitent prendre ces médicaments devraient d’abord en parler avec leur médecin, qui déterminera si la balance bénéfice-risque est favorable. Car si certains IPP sont soumis à prescription médicale, un grand nombre d’entre eux sont disponibles en vente libre.

Pour rappel, les inhibiteurs de la pompe à protons disponibles en France sont les suivants :

  • Esoméprazole
  • Lansoprazole
  • Oméprazole
  • Pantoprazole
  • Rabéprazole

L'ANSM souligne que l'utilisation d'IPP n'est souvent pas justifiée

Dans son point d’information sur le nombre de prescriptions annuelles d’IPP, l'ANSM a souligné que dans 80 % des cas, aucun facteur de risque justifiant leur utilisation n’était identifié. L’agence rappelle qu’il ne faut pas banaliser le recours à ces médicaments, et que leur utilisation sur une longue durée n’est pas dénuée de risque.

En outre, elle précise que “l’intérêt de la prévention des lésions gastroduodénales en cas de prise d’AINS, chez l’adulte, n’est établi qu’en présence des facteurs de risque suivants” :

  • Être âgé de plus de 65 ans ;
  • Avoir un antécédent d’ulcère ou duodénal ;
  • Être traité par un antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde.

Sources

Association Between Acute Gastroenteritis and Continuous Use of Proton Pump Inhibitors During Winter Periods of Highest Circulation of Enteric Viruses, JAMA Network Open, 27 novembre 2019. 

Près de 16 millions de personnes ont eu une prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) en 2015 en France - Point d'Information, ANSM, 19 décembre 2018. 

mots-clés : Gastro
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