Sommaire
- Qu'est-ce que l'anémie ?
- L'anémie est-elle fréquente ?
- Quels sont les symptômes de l'anémie ?
- Quelles sont ses causes ?
- Quels sont les facteurs de risques ?
- Quelles sont les personnes à risque ?
- Combien de temps dure une anémie ?
- Est-elle contagieuse ?
- Qui, quand consulter et aux urgences ou chez son médecin traitant ?
- Quelles sont les complications liées à l'anémie ?
- Quels sont les examens et analyses pratiqués ?
- Quels sont les traitements de l'anémie ?
- Comment prévenir l'anémie ?
- Sites d'informations et associations
Qu'est-ce que l'anémie ?
L’anémie se caractérise par un niveau trop bas de globules rouges, ou d’hémoglobine, dans le sang. Les globules rouges permettent, entre autres, le transport de l’oxygène vers les tissus et les organes. Chez l’homme adulte, une anémie se définit par une hémoglobine inférieure à 13,5 grammes par décilitre de sang ; chez la femme adulte, par une hémoglobine inférieure à 12,5 g/dl de sang.
La production et la maturation des globules rouges est contrôlées en partie par le biais du métabolisme érythrocytaire du fer ainsi que de l ’érythropoïétine, une hormone synthétisée par le rein et le foie. Celle-ci permet la maturation des erythrocytes en globules rouges matures.
Les causes d’anémies peuvent être dissociées :
- Les anémies centrales
Les anémies centrales, dites médullaires, sont liées à un défaut de production de globule rouge à l’intérieur de la moelle osseuse comme une carence vitaminique ou une hémopathie.
- Les anémies périphériques
Les anémies périphériques concernent toutes les anémies dont les causes sont extra-médullaires, c'est-à-dire en dehors de la moelle osseuse, comme un saignement ou une hémolyse (destruction de globules rouges).
L'anémie est-elle fréquente ?
Selon les chiffres de l’organisation mondiale de la Santé, datant de 2005, on estimait à 24,8 % la prévalence mondiale de l’anémie dans la population générale.
"Le manque de fer (ou carence en fer) constitue la principale cause d’anémie en Europe de l’Ouest et dans le monde. Plus d’1,5 milliard d’êtres humains en souffrent", peut-on également lire sur le site de l’Assurance maladie.
Quels sont les symptômes de l'anémie ?
Les symptômes sont variables et dépendent de la rapidité d’installation de l’anémie.
"Dans le cas d’une anémie brutale, notamment sur saignement massif, le taux de globules rouges descend très vite et très bas, on retrouve alors les symptômes les plus bruyants", explique le Dr. Mael Heiblig, hématologue à l’hôpital Lyon Sud :
- Hypotension, collapsus ;
- Tachycardie, douleur thoracique ;
- Faiblesse et difficulté à respirer, notamment dans l’effort.
Dans le cadre d’une anémie chronique, plus progressive, les symptômes sont "moins bruyants" mais restent les mêmes :
- Une tension qui baisse progressivement ;
- Une grande fatigue (asthénie) ;
- L’essoufflement à l’effort ;
- Le teint et les muqueuses pâles.
Dans le cadre d’une anémie progressive et durable, "on peut également retrouver des signes de souffrance d’organes" tels qu’une insuffisance cardiaque. Celle-ci peut s’installer quand l’anémie est trop profonde ou trop chronique.
Quelles sont ses causes ?
Les causes de l'anémie sont multiples.
Anémies périphériques
- Des pertes sanguines répétées, comme les menstruations chez la femme, peuvent induire une carence en fer à l’origine de l’anémie. Ces saignements peuvent être gynécologiques, digestifs ou urologiques.
- La destruction anormalement élevée de globules rouges lors de l’hémolyse entraîne une anémie. On parle alors d’anémie hémolytique. Dans ces cas :
L’hémolyse peut être extra-corpuscullaire comme par exemple d’origine auto-immune : l’organisme produit des anticorps dirigés contre les globules rouges.
L’hémolyse peut être corpusculaire, la paroi du globule rouge présente une anomalie, généralement d’origine constitutionelle. Des maladies comme la drépanocytose et la thalassémie peuvent être à l'origine de ces dysfonctionnements.
Anémies centrales
Les anémies centrales sont dues à un défaut de production de globules rouges et d’hémoglobine par la moelle osseuse. Elles peuvent être liées à :
- Un syndrome inflammatoire : une infection aigue ou des maladies infectieuses chroniques pouvant troubler l’utilisation du fer dans la fabrication des globules rouges.
- Certaines infections virales telles que le parvovirus.
- Les insuffisances rénales et hépatocellulaires (dysfonctionnement des cellules du foie).
- L’absorption de certains médicaments toxiques pour la moelle osseuse et qui troubleront son fonctionnement. Il peut s’agir par exemple des traitements antirétroviraux contre le VIH ou de chimiothérapie.
- L’alcoolisme chronique : il existe une toxicité directe de l’alcool sur la moelle osseuse. La consommation excessive d’alcool peut également induire une carence vitaminique à l’origine de l’anémie.
- Les troubles alimentaires : certains problèmes organiques ou une alimentation pas suffisamment diversifiée induit des carences en vitamine B9 (acides foliques) ou B12.
- Des maladies hématologiques causant une atteinte de la moelle osseuse comme les syndromes myélodysplasiques (maladie de la moelle osseuse), des états cancéreux au niveau de la moelle, voire des leucémies aiguës.
Quels sont les facteurs de risques ?
L'anémie compte de nombreux facteurs de risque. Parmi eux :
- L'âge avancé ;
- Un régime alimentaire végétalien, pauvre en vitamine B12 et B9 ;
- Une consommation chronique et excessive d’alcool ;
- L’hérédité pour de nombreuses maladies hémopathiques ;
- La prise de certains médicaments ;
- Des pathologies inflammatoires.
Quelles sont les personnes à risque ?
Les personnes les plus susceptibles de développer une anémie sont :
- Les personnes âgées : elles sont plus à risques de développer des maladies à l’origine d’anémies. Ces patients présentent des comorbidités (association de plusieurs maladies ou troubles) et des anémies d’origine multifactorielle.
- Les femmes en âge de procréer : des règles abondantes ou trop fréquente provoquent une anémie par carence martiale, soit un manque de fer. "Il s’agit d’un motif de consultation extrêmement fréquent et très simple à prendre en charge", commente le Dr. Maël Heiblig
Anémie et grossesse : quels risques pour la femme enceinte ?
La grossesse induit une anémie quasi-systématique chez la femme enceinte, due à l’augmentation de sa masse corporelle.
"Il s’agit d’une petite anémie qui n’est pas inquiétante. Le seuil limite toléré est de 10 g par décilitre de sang. Il faut toutefois s’inquiéter si l’anémie est associée à d’autres anomalies de formule (sanguine, ndlr). Cependant, une anémie profonde peut en effet être délétère pour le fœtus si celle-ci est prolongée ou aiguë – due à un saignement massif ou une hémolyse gravissime. Ces situations sont très rares et leur gravité dépend de la cause et de la rapidité d’installation de l’anémie", commente notre expert.
Combien de temps dure une anémie ?
"Il n’y a pas de réponse, la durée d’une anémie étant extrêmement variable", avance le Dr. Maël Heiblig. La durée d’une anémie dépend sa cause, elle peut être aiguë comme chronique, brutale ou progressive.
Est-elle contagieuse ?
L’anémie n’est pas contagieuse.
Photo : les cellules sanguines, globule rouge, plaquette et globule blanc
© CC - Auteur : Electron Microscopy Facility at The National Cancer Institute at Frederick (NCI-Frederick) / Public domain - Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Red_White_Blood_cells.jpg
Qui, quand consulter et aux urgences ou chez son médecin traitant ?
Une anémie brutale et aiguë peut être à l’origine de symptômes conduisant le patient à consulter aux urgences, surtout en cas de perte de sang extériorisée. "Chez un patient qui n’est pas connue comme anémié et qui se présente à l’hôpital avec 7g ou moins d’hémoglobine par décilitre de sang de manière isolée, il s’agit la plupart du temps de saignements digestifs", pose le Dr. Maël Heiblig.
Quand consulter un spécialiste en hématologie ?
Réponse du Dr. Maël Heiblig :
"La découverte d’une anémie chez n’importe quel individu, sans antécédent connu comme une insuffisance rénale, une insuffisance hépatocellulaire, ou une maladie hématologique, doit conduire au minimum à une consultation chez son médecin traitant afin d’éliminer les causes simples comme le saignement, les carences vitaminiques ou martiale, un syndrome inflammatoire. En cas de négativité des explorations de base, il convient alors d’adresser le patient à un spécialiste en hématologie. Une anémie qui perdure peut conduire à la réalisation d’un myélogramme afin de rechercher une éventuelle cause centrale."
Quelles sont les complications liées à l'anémie ?
- Chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque ou les malades coronariens, une anémie qui dure trop longtemps peut causer des tableaux de décompensations cardiaques globales, voire d’ischémie myocardique.
- Chez les sujets âgés, une chute de l’hémoglobine peut être à l’origine de malaises hypotensifs. "Quand il se lève, le sujet âgé peut chuter dès suite d’une hypotension orthostatique et se blesser", avance l’hématologue. Les personnes âgées, plus sensible, peuvent présenter une altération notable de leur qualité de vie.
- Toute anémie qui s’installe dans la durée peut causer différents symptômes, altérer la qualité de vie, voire induire des signes de souffrances sur les organes, pas suffisamment oxygénées.
L’anémie peut-elle être mortelle ?
L’anémie chronique du patient ne tue pas, mais peut engendrer une mauvaise qualité de vie et des événements indésirables, comme l’infarctus ou une mauvaise chute cités plus hauts. Ces événements peuvent conduire au décès, mais l’anémie n’en est pas directement responsable.
Quels sont les examens et analyses pratiqués ?
Lors d’une consultation en hématologie, le spécialiste va procéder à l’interrogatoire du patient et mener une exploration biologique. Le patient subit une prise de sang. "Pour les anémies, il ne faut pas observer que les globules rouges, mais la totalité de la formule sanguine : celle-ci est interprétée. Il peut y avoir d’autres anomalies à cette anémie qui peuvent conduire au diagnostic d’une hémopathie", explique notre expert.
L’hématologue orientera le patient vers un spécialiste si une cause qui n’est pas d’ordre hématologique est mise en lumière. Si aucune cause n’est découverte, le patient subira un myélogramme "pour rechercher une cause centrale (liée à la moelle osseuse) de cette anémie", explique le Dr. Maël Heiblig. Cet examen est réalisé à partir d’un prélèvement dans la moelle osseuse.
Quels sont les traitements de l'anémie ?
La transfusion sanguine
La transfusion sanguine est réservée aux anémies les plus sévères, qui doivent être traitées rapidement. Chez l’adulte sain, sans antécédent cardiaque, une transfusion aura lieu sous un seuil de 7 g d’hémoglobine par décilitre de sang. "Ce seuil peut être augmenté en fonction de l’intolérance clinique de l’anémie", ajoute le Dr. Maël Heiblig.
Chez les personnes cardiaques ce seuil est ainsi porté à 9 g/dl de sang. Une transfusion n’est jamais sans risque, bien qu’aujourd’hui codifiée. "Néanmoins, des transfusions répétées dans le temps peuvent conduire à des surcharges ferriques, voire une immunisation aux transfusions", poursuit notre expert.
Un traitement selon la gravité de l'anémie
"Le traitement dépend de nombreux paramètres et en premier lieu de la sévérité de l’anémie. Une légère anémie ne demande par exemple aucun traitement. La prise en charge de l’anémie est d’abord la prise en charge de l’étiologie", commente l’hématologue.
Soigner la maladie à l'origine de l'anémie
En effet, en dehors des anémies corpusculaires, il est fondamental de chercher l’origine de l’anémie afin d’en traiter la cause. Une fois la cause identifiée, certains outils sont à la disposition des médecins afin de corriger cette anémie.
Traiter les carences en fer ou en vitamines
Dans le cas d’une carence martiale, "objectivée par une ferritine basse lors de la prise de sang", le traitement consistera en une supplémentation en sulfate ferreux, par voie orale ou intraveineuse. Il est nécessaire de chercher la cause de cette perte en fer qui est généralement des suites de saignements chroniques. Chez les jeunes femmes, un examen gynécologique voire la prescription d’une contraception progestative peut s’avérer nécessaire afin de limiter la perte sanguine. Ces saignements peuvent être également digestifs, urologiques, ORL, etc.
Une supplémentation orale en cas de carence en vitamine B9 (acide folique) ou B12 peut également être nécessaire. Un interrogatoire détaillé permet généralement d’identifier la cause de ces carences vitaminiques qui peuvent être multiples et parfois associées à une carence martiale. "A titre d’exemple, l’anémie de Biermer qui est une cause classique de carence en vitamine B12, nécessite une prise en charge ainsi qu’une surveillance particulière".
Traitement par érythropoïétine
La prescription d’érythropoïétine, hormone fabriquée par les reins qui favorise la maturation des érythrocytes et que l'on connaît sur le nom d'EPO, est restreinte à certaines indications bien spécifiques. En cas d’insuffisance rénale chronique sévère (voire d’insuffisance hépatocellulaire), les taux d'érythropoïétine diminue et peut entrainer un tableau d’anémie. Un apport en EPO peut alors être prescrit.
L’utilisation d’EPO peut être également recommandée en cas d’anémie secondaire à une chimiothérapie (plus particulièrement pour les tumeurs solides) ou dans les syndromes myélodysplasiques (hors AMM).
Comment prévenir l'anémie ?
La prévention passe surtout par une alimentation suffisamment riche en fer et équilibrée, chez les personnes âgées notamment, qui sont les plus à risque de développer des anémies.
Pour les femmes qui prévoient une grossesse, certaines recommandations ont été émises quant à l’utilisation d’acide folique en vue d’une conception.
Pour les femmes présentant des règles abondantes, une surveillance rapprochée peut être recommandée afin de prévenir la survenue de tout syndrome anémique
Sites d'informations et associations
Zoom sur la maladie de Biermer, sur le site de l'Association française de maladie médicale continue en hépato-gastro-entérologie
Comprendre l'anémie sur le site de la Sécurité sociale
Le traitement de l'anémie sur le site de la Sécurité sociale