Une erreur de diagnostic peut avoir des répercussions dramatiques. Vincent Eckhard se souviendra toute sa vie de son passage aux urgences. Un épisode qui marque le début d’une descente aux enfers qui aurait pu lui coûter la vie. Son histoire nous est rapportée dans les colonnes du Parisien.
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L’histoire tragique de Lucas, mort aux urgencesLe 29 septembre 2023, quand cet homme d’une cinquantaine d’année est pris de violentes douleurs aux jambes, ce qui le pousse à se rendre aux urgences de l’hôpital René-Dubos de Pontoise, dans le Val-d’Oise (Ile-de-France). Nous sommes un vendredi soir et il est autour de 22h30. "J’avais les jambes gonflées, les mollets très durs. Je ne pouvais ni marcher, ni même m’appuyer sur mes jambes", relate-t-il au quotidien.
Arrivé aux urgences à 5 h, examiné à 16h le lendemain
En dépit de ces symptômes inquiétants, le patient attend jusqu’à 5 heures du matin dans la salle d’attente avant d’être installé sur un lit. S’en suit encore plusieurs heures à patienter.
L’horloge tourne jusqu’à ce que Vincent ne tienne plus et soit pris d’un malaise. Il est alors 15h30-16h le samedi. "Je m’évanouis. Je n’arrivais plus à prendre d’air. Ma gorge se serrait, je sentais que ça se fermait". Il reçoit alors une injection en urgence et reprend connaissance.
Une ordonnance de Doliprane pour une supposée sciatique
Vincent Eckhard est enfin pris en charge par un médecin, "le Dr. S" qui l’examine et assène le diagnostic : il s’agit d’une sciatique. La sciatique ou névralgie du nerf sciatique fait référence à des douleurs, au niveau d'un membre inférieur, situées sur le trajet de ce nerf. Si la sciatique est souvent associée à des douleurs lombaires, elle peut aussi s’accompagner à des douleurs dans la jambe, selon la racine nerveuse atteinte, explique l’Assurance maladie.
L’examen terminé et le diagnostic posé, le quinquagénaire reçoit une prescription de Doliprane et est renvoyé à son domicile, ordonnance à la main.
Mais le calvaire est loin d’être terminé. Une fois chez lui, les douleurs ressenties dans ses jambes deviennent insupportables et ces membres inférieurs se parent d’une couleur violacée. Il retourne donc immédiatement aux urgences.
Une embolie pulmonaire bilatérale grave : une urgence vitale
Le nouvel examen réalisé par le corps médical donne lieu à un diagnostic beaucoup plus alarmant : l’homme fait une "embolie pulmonaire bilatérale grave". L’embolie pulmonaire désigne l’obstruction d’une artère pulmonaire par des caillots de sang. Dans le cas de Vincent Eckhard, elle pourrait être une complication d’une thrombose veineuse, la formation d’un caillot sanguin dans la jambe qui migre dans la circulation sanguine pour atteindre l’artère pulmonaire.
Dans le cas de Vincent Eckhard, l’embolie pulmonaire est bilatérale ce qui signifie qu’elle touche ses deux poumons. Un élément qui ajoute à la gravité de la situation, car l’embolie pulmonaire peut être mortelle si elle n’est pas diagnostiquée et prise en charge à temps.
Le pronostic vital engagé
En France 15 000 décès par an en France seraient imputables à une embolie pulmonaire, qui constitue la troisième maladie cardiovasculaire (après l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral), rappelle le dictionnaire Vidal.
Pour Vincent Eckhard, le pronostic vital est engagé. Il s’en sort de justesse, au prix d’une longue hospitalisation. "Je suis resté hospitalisé en pneumologie jusqu’au 20 octobre, puis en rééducation jusqu’au 23 novembre. Celle-ci a été intense, ajoute-t-il. J’ai réussi à remarcher, mais j’ai galéré. Aujourd’hui, je suis diminué", raconte-t-il au Parisien.
Le patient a depuis porté plainte contre l’établissement pour "exposition à risque de mort ou de mutilation par violation délibéré à une obligation de prudence".
Le médecin suspendu n’était pas officiellement diplômé
Après une réunion de la commission médicale de l’établissement, le médecin mis en cause a été suspendu. D’après Le Parisien, le praticien responsable de cette erreur de diagnostic était en attente de la validation de son diplôme et n’était pas inscrit à l’Ordre des médecins.
Erreur de diagnostic, attente interminable aux urgences, retards de prise en charge… Loin d’être un cas isolé, l’histoire de Vincent Eckhard est symptomatique de la crise qui secoue les hôpitaux. Des établissements et des services d’urgences engorgés, asphyxiés par le manque de personnel et de lits.
L’épreuve traumatisante de Vincent entre en résonance avec un autre drame survenu récemment aux urgences psychiatriques d’un établissement hospitalier près de Toulouse, et dont Medisite s’était fait l’écho. Le 14 février dernier, un patient s’est suicidé après avoir passé dix jours sur un brancard, faute de lit disponible.
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