Sommaire
- Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
- Microbiote intestinal : quels facteurs peuvent le dérégler ?
- Microbiote intestinal : quels sont les signes qu’il est déréglé ?
- Microbiote intestinal : l’alimentation et les bonnes pratiques à adopter
- Dysbiose intestinale : quelles conséquences ?
- Les maladies chroniques liées à la flore intestinale
- Microbiote intestinal : ses bienfaits pour la santé
Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
Nos intestins sont peuplés par près de 10 000 milliards de bactéries, champignons et levures. Comme le précise l’Inserm, un microbiote désigne “l’ensemble des micro-organismes – bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes, dits commensaux – qui vivent dans un environnement spécifique”. C’est donc cet ensemble de micro-organismes qui constitue notre microbiote intestinal. L’Inserm précise qu’il est “principalement localisé dans l’intestin grêle et le côlon, réparti entre la lumière du tube digestif et le biofilm protecteur formé par le mucus intestinal qui recouvre sa paroi intérieure”.
La présence de micro-organismes dans l’intestin est connue depuis plus d’un siècle, mais le manque d’instruments pour les étudier a pendant longtemps rendu impossible de prendre conscience de son rôle majeur pour notre santé. On sait désormais que la flore intestinale joue un rôle fondamental dans la digestion en participant à la dégradation des aliments complexes comme les fibres végétales et l’amidon. Par sa présence, le microbiote intestinal protège également l’organisme des virus et bactéries pathogènes. Il est donc essentiel de prendre des bonnes habitudes pour le protéger.
“L’acidité gastrique n’étant pas favorable à la présence de la plupart des micro-organismes, l’estomac héberge cent millions de fois moins de bactéries commensales que le côlon", explique l’INSERM sur son site Internet. Il se constitue essentiellement durant la naissance et les 2 ou 3 premières années de vie.
Microbiote intestinal : quels facteurs peuvent le dérégler ?
Il y a des points communs entre les individus, mais chaque personne a son propre microbiote intestinal avec une signature unique. Néanmoins, les facteurs qui peuvent venir le perturber sont, à différents degrés, les mêmes pour tous :
- certains additifs alimentaires : c’est notamment le cas du carboxyméthylcellulose (CMC), un émulsifiant présent dans de nombreux plats industriels qui peut favoriser l’inflammation au niveau intestinal, selon l’Inserm ;
- les aliments pro-inflammatoires : les produits transformés, les viandes rouges et les charcuteries, les sucres raffinés, etc ;
- la prise de certains médicaments : antibiotiques, etc ;
- le stress ;
Une fois la flore déséquilibrée, les médecins parlent de "dysbiose intestinale."
Microbiote intestinal : quels sont les signes qu’il est déréglé ?
La composition des microbiotes s’avère être étroitement liée à notre santé. Un changement de la variété et de la diversité des micro-organismes contenus dans le microbiote constitue un déséquilibre, appelé dysbiose. Depuis quelques années, les médecins associent les dysbioses du microbiote à des vulnérabilités aux infections et à diverses pathologies immunitaires, métaboliques ou inflammatoires.
Le microbiote intestinal joue parfois un rôle primordial dans le bon fonctionnement de notre organisme, mais comment savoir si notre microbiote est en bonne santé ou s’il est déréglé ? Medisite vous aide à faire le point sur les signes qui doivent vous alerter.
1 - Des troubles digestifs récurrents :
Un déséquilibre du microbiote peut se traduire par des troubles digestifs fréquents, voire chroniques. Ils peuvent toucher différentes parties du tube digestif et se révéler ainsi par des ballonnements, de la constipation, des diarrhées, des reflux gastro-œsophagiens ou des maux de ventre.
"Il n’est pas toujours facile d’identifier les causes de ces troubles qui peuvent être dus au stress, mais qui sont aussi souvent liés à un microbiote déséquilibré", écrit Daniel Sincholle, docteur en pharmacie et pharmacologue spécialisé en nutrition dans son ouvrage Le nouveau guide des probiotiques (Thierry Souccar Editions, 2018).
2 - Une anxiété récurrente :
Le stress, la dépression et l’anxiété peuvent être le signe d’un dérèglement du microbiote. En effet, "intestin et cerveau communiquent et des recherches récentes ont mis en évidence des troubles du microbiote chez les personnes anxieuses et déprimées", assure le docteur Sincholle dans son livre.
Que faire pour rétablir l’équilibre de son microbiote et lutter contre l’anxiété ? "Certains probiotiques par voie orale peuvent diminuer le niveau de cortisol, l’hormone du stress, dont le niveau est élevé dans les troubles anxieux" propose le docteur en pharmacie. "Un probiotique est une bactérie ou une levure extérieure à notre organisme et à notre microbiote - l’ensemble des bactéries de notre organisme - qui apporte un effet positif sur notre santé", expliquait à Medisite le docteur Richard Haddad, médecin généraliste spécialisé en nutrition.
3 - Des maladies à répétition :
Si vous avez une immunité qui laisse à désirer et tombez malade chaque hiver, c’est peut-être votre microbiote qui est en cause. C’est en effet "le signe que votre système immunitaire ne remplit pas complètement ses fonctions", selon le docteur Sincholle. Or, "le microbiote est l’un des éléments qui concourent à l’immunité" selon le pharmacien.
4 - Une prise de poids inexpliquée :
"Les chercheurs pensent que la flore intestinale influence la sensation de satiété, la régulation de l’appétit et le niveau de certaines hormones impliquées dans la gestion du poids comme la leptine", nous apprend le docteur Sincholle dans son livre. Une hypothèse confirmée récemment par une étude de scientifiques de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS, publiée dans la revue Science le 15 avril dernier. Elle révèle que des neurones de l’hypothalamus, glande du cerveau, détectent directement “les variations de l’activité bactérienne et adaptent l’appétit et la température corporelle en conséquence”. Comme le rapporte le communiqué de l’Inserm publié le 15 avril dernier, leurs résultats démontrent ainsi l’existence d’un “dialogue direct entre le microbiote intestinal et le cerveau”. Une découverte qui pourrait être exploitée pour de nouvelles approches thérapeutiques contre les troubles métaboliques, tels que le diabète ou l’obésité.
5 - Des diarrhées après un traitement antibiotique
Il arrive que la prise d’un traitement antibiotiques puisse dérégler le microbiote intestinal et être à l’origine de troubles digestifs, comme des diarrhées. Si c’est votre cas, "ce peut être le signe que votre intestin n’abrite pas suffisamment de bonnes bactéries", selon le docteur Sincholle. "Les antibiotiques éliminent à la fois des bactéries pathogènes et des bactéries utiles, mais si ces dernières ne sont pas en nombre suffisant et pas suffisamment diversifiées, elles peuvent être supplantées par des bactéries mois favorables, ce qui peut conduire à une inflammation intestinale et la diarrhée", détaille en effet le pharmacien.
6 signes que votre intestin est en mauvaise santé
Pour préserver notre santé intestinale, la première chose à faire est d'avoir une bonne alimentation. "Une alimentation riche et diversifiée comprenant une variété d’aliments, dont certains aliments fermentés, des probiotiques et des prébiotiques, est importante pour combler nos besoins en nutriments et soutenir le fonctionnement adéquat de notre système immunitaire et de notre microbiote intestinal", estime la Fondation Canadienne de la Santé digestive.
Pour cela, il faut donc éviter les aliments trop gras, trop sucrés ou trop salés, ainsi que les aliments transformés. En revanche, il faut privilégier les fruits et légumes, les légumineuses et les céréales complètes. Il existe également d’autres règles pour prendre soin de ses intestins, comme le fait de prendre le temps de manger ou adopter de bonnes habitudes de sommeil.
Toutefois, avant de pouvoir prévenir les problèmes intestinaux, il est nécessaire de connaître les signes d'un intestin en mauvaise santé, même les plus surprenants. Pour le média The Sun, deux diététiciennes ont évoqué 6 symptômes à ne pas négliger :
- La peau, les cheveux et les ongles cassants : Lucy Kerrison, diététicienne à la Gut Health Clinic, explique qu’avoir la peau abîmée, les cheveux secs et les ongles cassants peuvent être un signe que quelque chose ne va pas au niveau de l’intestin ;
- Avoir les os fragiles : une mauvaise santé intestinale pourrait également rendre vos os plus fragiles, et donc plus cassants. Selon Kirsten Jackson, diététicienne, se casser souvent les os pourrait notamment indiquer que vous souffrez d’une maladie inflammatoire de l'intestin (MICI) ou une maladie cœliaque ;
- Aller à la selle plusieurs fois par jour : S’il est important d’aller à la selle régulièrement, le faire trop souvent peut aussi être un signe que vos intestins vont mal. Kristen Jackson explique que "quand les personnes y vont trop, cela peut vouloir dire que leur intestin a du mal à évacuer complètement et ils finissent donc par y aller régulièrement" ;
- Avoir des gaz et des ballonnements : Un autre signe qui doit vous alerter quant à une mauvaise santé intestinale est le fait d’être sujet au gaz et aux ballonnements ;
- La fatigue : Être toujours fatigué ou manquer d’énergie est également le signe d’un problème aux intestins selon les experts ;
- La mauvaise humeur ou la depression : "L'intestin et le cerveau se parlent à travers quelque chose appelé l'axe intestin-cerveau", explique la diététicinene. Elle ajoute que ressentir une mauvaise humeur ou de la dépression peut signifier que "votre mauvaise santé intestinale est capable d'envoyer des signaux à votre cerveau pour provoquer un impact négatif."
Microbiote intestinal : l’alimentation et les bonnes pratiques à adopter
La dysbiose, c’est-à-dire l’altération et le dérèglement du microbiote intestinal, est même “une piste sérieuse pour expliquer certaines maladies, notamment parmi celles sous-tendues par des mécanismes auto-immuns ou inflammatoires”. Afin d ’assurer préventivement une bonne santé intestinale et protéger votre flore, il est important d’avoir de bonnes habitudes afin de le protéger au quotidien.
1 - Un régime pauvre en FODMAP
La santé de notre microbiote intestinal dépend avant tout de ce que nous mangeons. En pratique, un régime riche en aliments transformés et en restauration rapide pourra tuer les bactéries bénéfiques de votre intestin qui améliorent la digestion et renforcent le système immunitaire. À l'inverse, "le régime pauvre en FODMAP est un bon exemple de régime bénéfique pour l'intestin", explique pour le site Eat This, Not That ! le docteur Jonathan Kung, gastro-entérologue à New York.
Pour rappel, les FODMAP rassemblent les glucides à chaîne courte, les disaccharides, les monosaccharides et les alcools associés, peu absorbés par l'intestin grêle. Ce régime restreint certains glucides simples qui sont difficiles à digérer pour certaines personnes, et privilégie les aliments complets. "Une alimentation riche en antioxydants, comme les fraises, les myrtilles, les framboises, les épinards, le chou frisé, le thé vert et même le chocolat noir, peut contribuer à prévenir ou à réduire les déséquilibres intestinaux", explique le Dr Kung.
2 - La prise de probiotiques en compléments alimentaires
La prise de probiotiques peut être bénéfique pour l'intestin. Selon la faculté de médecine de l'université Harvard, ils pourraient améliorer des problèmes tels que la diarrhée ou le syndrome du côlon irritable. La prise de probiotiques serait aussi efficace contre la constipation, car elle ralentirait le "temps de transit intestinal", augmentant le nombre de selles hebdomadaires.
Les probiotiques sont composés de souches bactériennes. Les plus importantes sont : Bifidobacterium bifidum (qui stimule le système immunitaire et facilite la digestion), Lactobacillus acidophilus (nécessaire en cas de troubles digestifs), Bifidobacterium longum (indispensable à l’équilibre du microbiote), Lactobacillus casei (qui joue un rôle anti-infectieux) et Lactobacillus gasseri (pour rétablir la flore microbienne).
Joël Doré, microbiologiste et directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), précise toutefois auprès de l’UFC-Que Choisir que "les effets sont dépendants de la souche, on ne peut pas extrapoler les résultats de l’une à l’autre". "Or, de nombreuses sociétés mettent des souches de probiotiques sur le marché sans les avoir testées", met-il en garde.
Il existe également des aliments riches en probiotiques naturels. "Je préconise la consommation d’aliments lacto-fermentés comme le yaourt au bifidus ou encore le Kimchi au moins 2 fois par par semaine, car cela permet d’augmenter les apports de pré et de probiotiques bonnes pour un microbiote performant", confie à Medisite le nutritionniste Raphaël Gruman.
Santé intestinale : les 7 meilleurs aliments probiotiques
Les probiotiques sont souvent vantés pour améliorer la flore intestinale. Mais lesquels choisir ?
- Le yaourt : c'est l’un des meilleurs aliments probiotiques pour la santé, selon les experts interrogés par le média américain Eat This Not That. Toutefois, tous les yaourts ne se valent pas. "Recherchez ceux qui ont des bactéries vivantes telles que le lactobacillus bulgaricus et le streptococcus thermophillus. Certaines marques précisent même le nombre de bactéries pour garantir une quantité suffisante pour le processus de digestion acide dans l'estomac", indique le Dr Vishnumohan ;
- Le fromage cottage : "Le fromage cottage est un aliment fermenté qui peut être une source de probiotique", note Amanda Sauceda, nutritionniste. Pour bien choisir votre fromage cottage, "vous devez vous assurer qu'il a été fabriqué par fermentation. Pour cela, regardez la composition sur l'étiquette" ;
- Le miso : Le miso est également un aliment probiotique très bon pour la santé. "Il peut être utilisé dans les marinades, les sauces et les vinaigrettes, mais la manière la plus traditionnelle est la soupe miso", explique Jennifer Akimoto, nutritionniste. L’experte ajoute qu' "il a été démontré que ceux qui mangent de la soupe miso quotidiennement souffrent moins de maux d'estomac et de reflux" ;
- La choucroute : "Ce plat contient des bactéries bénéfiques qui améliorent la digestion, réduisent l'inflammation et renforcent la fonction immunitaire", explique Maya Oueichek, diététicienne ;
- Le kéfir : Le kéfir est une boisson obtenue à partir de la fermentation de lait ou de jus de fruits sucrés. "En raison du processus de fermentation, il a une durée de conservation plus longue que de nombreux autres produits laitiers", précise Amanda Sauceda. La nutritionniste ajoute que cette boisson contient des acides lactique et acétique qui ont des propriétés anticancéreuses ;
- Le kimchi : Issu de la fermentation de chou, de radis, d’ail, de gingembre et de piments, selon les experts, cet aliment contient une souche probiotique spécifique appelée Lactobacillus plantarum. Cette dernière aurait une tolérance élevée aux sucs gastriques, à l'activité antioxydante et favoriserait le système immunitaire ;
- Le tempeh : Créé à partir de graines de soja fermentées, plusieurs études, dont l'une publiée en 2022 dans la revue Frontiers in Aging Neuroscience, ont prouvé les bienfaits du tempeh sur la fonction cognitive.
3 - Un régime alimentaire riche en fibres
Avoir une alimentation riche en fibres est également importante pour la santé intestinale. Pour maintenir un bon équilibre intestinal, une alimentation riche en fibres alimentaires permet d’assurer un bon apport en prébiotiques, mais aussi de produire d’autres composés tels que les acides gras à chaîne courte ayant des effets bénéfiques sur l’écosystème intestinal.
En pratique, c'est lorsque les fibres commencent à fermenter dans le gros intestin que les bonnes bactéries intestinales sont produites et que les bactéries nuisibles sont supprimées. Les fibres sont des prébiotiques, c'est-à-dire que les probiotiques les utilisent comme nourriture.
Ainsi, si vous prenez des probiotiques dans l'espoir d'améliorer votre santé intestinale sans consommer suffisamment de fibres, ces compléments alimentaires ne seront pas aussi efficaces. Les apports quotidiens recommandés pour un bon transit intestinal sont de l'ordre de 30 à 45 g de fibres par jour.
Manger beaucoup de tomates
Manger beaucoup de tomates, c'est le secret d'un microbiote intestinal en bonne santé. Selon une étude publiée dans la revue Microbiology Spectrum le 8 novembre dernier, avoir un régime alimentaire riche en tomates pendant deux semaines permet déjà d’augmenter la diversité des microbes dans vos intestins et de modifier les bactéries intestinales pour avoir un microbiote intestinal sain. "Il est possible que les tomates aient des effets bénéfiques en modulant le microbiome intestinal", a en effet déclaré l'auteur principal, Jessica Cooperstone, professeure adjointe d'horticulture et de sciences agricoles, ainsi que de sciences et technologies alimentaires à l'université d'État de l'Ohio.
En effet, chez les porcs nourris avec un régime composé de 10% de tomates, deux changements principaux ont été constaté dans les microbiomes : la diversité des espèces de microbes dans leurs intestins a augmenté et les concentrations de deux types de bactéries communes dans le microbiome des mammifères ont évolué vers un profil plus favorable.
Cette nouvelle étude sur l'impact favorable des tomates sur le microbiome intestinal chez les porcs suggère qu'il s'agit d'une véritable piste de régime alimentaire à explorer pour les êtres humains. "Il s'agissait de notre première enquête sur la façon dont la consommation de tomates pouvait affecter le microbiome, et nous avons caractérisé les microbes présents et la façon dont leur abondance relative a changé avec cette intervention sur la tomate", a conclu l’auteure principale de l’étude.
4 - Limiter sa consommation d’alcool
La consommation chronique d’alcool a un effet très néfaste sur les intestins. L'alcool peut tuer les bactéries intestinales bénéfiques et irriter la muqueuse de l'estomac, ce qui entraîne une affection appelée gastrite. Les personnes qui font une consommation excessive d’alcool sur une base régulière présentent un taux plus élevé de stress oxydatif induit par l’alcool et de dysbiose intestinale. Conséquence, ils auront plus de risque d’inflammation du tractus gastro-intestinal et d’hyperperméabilité intestinale.
En cas de consommation chronique d'alcool, les dérivés réactifs de l'oxygène produit par le métabolisme de l'alcool peuvent entraîner une inflammation chronique de l'intestin, susceptible d'augmenter la perméabilité intestinale et de modifier la composition du microbiote.
Toutefois, il semble qu'il y ait des exceptions. En effet, selon une nouvelle étude portugaise, publiée dans la revue scientifique Journal of Agriculture and Food Chemistry de l'American Chemical Society, la bière blonde, à faible dose, pourrait également améliorer le microbiote intestinal des hommes.
"Les conclusions de cette étude montrent que la consommation de bière blonde augmente la diversité bactérienne intestinale sans modifier de manière significative le poids corporel", a assuré l'auteure principale, Ana Faria, professeur à l'Université Nova de Lisbonne, au Portugal. Boire de la bière en quantité limitée pourrait donc être une solution pour renforcer la flore intestinale : "Une bière par jour, avec ou sans alcool, peut être utilisée comme stratégie pour améliorer notre microbiote, dans le cadre d'une alimentation bien équilibrée.”
5 - Manger deux cuillères à soupe de beurre de cacahuètes
28 grammes de cacahuètes par jour pour un microbiote sain. C'est tout ce qu'il faut selon une récente étude américaine publiée en octobre 2022 dans la revue Clinical Nutrition sur les arachides. Elle a démontré les bienfaits inattendus de ces arachides sur la santé intestinale. Les scientifiques spécialisés dans la nutrition ont démontré que "l’ajout quotidien d’une once de beurre d'arachide (soit l'équivalent de deux cuillères à soupe) à votre alimentation peut affecter la composition des bactéries intestinales".
Dans le cadre de cette étude sur les cacahuètes, Penny M. Kris-Etherton, professeure de sciences nutritionnelles à l'université Evan Pugh de Penn State, et ses collègues ont comparé les effets d'un encas de cacahuètes chaque jour à ceux d'un encas riche en glucides (crackers et fromage). Dans cet essai croisé randomisé, 50 adultes (48 % de femmes) ont consommé 28 grammes par jour de cacahuètes grillées à sec et non salées.
Résultat, au bout de six semaines, les participants qui avaient mangé la collation aux cacahuètes présentaient "une abondance accrue de Ruminococcaceae, un groupe de bactéries liées à un métabolisme hépatique et à une fonction immunitaire sains". Les chercheurs démontrent ainsi que "l’ajout quotidien d environ deux cuillères à soupe de beurre de cacahuète à votre alimentation peut affecter la composition des bactéries intestinales essentielles pour une bonne santé intestinale".
L'auteur principal, le professeur Kevin Whelan, chef du département des sciences nutritionnelles au King's College de Londres, assure que "l'impact du microbiote intestinal sur la santé passe en partie par la production d'acides gras à chaîne courte, comme le butyrate". Il rappelle en effet lui aussi que "ces molécules servent de carburant aux cellules du côlon, régulent l'absorption d'autres nutriments dans l'intestin et contribuent à l'équilibre du système immunitaire". "Nous pensons que ces résultats suggèrent que la consommation d'amandes peut bénéficier au métabolisme bactérien d'une manière qui a le potentiel d'influencer la santé", conclut le spécialiste. Il semble que la consommation de certains types d'aliments puisse réellement influencer le microbiote intestinal et impacter positivement les types de bactéries présentes dans notre intestin ou ce qu'elles y font.
6 - Manger des amandes chaque jour
Manger une poignée d'amandes chaque jour préservé votre microbiote intestinal. Selon une étude anglaise, manger chaque jour 56 grammes d'amandes augmente considérablement la production de butyrate, un acide gras à chaîne courte qui favorise la santé intestinale. Selon l’étude publiée le 20 septembre dernier dans la revue The American Journal of Clinical Nutrition, les chercheurs ont constaté que le taux de butyrate était significativement plus élevé chez les personnes ayant mangé des amandes que chez celles ayant consommé des muffins pour une valeur énergétique équivalente.
Dans un communiqué, la Collective des amandes de Californie rappelle que les scientifiques ont ainsi montré "une corrélation entre la consommation d'amandes et l'augmentation de butyrate". "Issu de la digestion des fibres, le butyrate est une source d'énergie pour les cellules qui tapissent le côlon", explique le Dr Pierre Nys, endocrinologue-nutritionniste interrogé par l’organisme. "Il participerait ainsi à améliorer l'équilibre et la qualité du microbiote et pourrait jouer un rôle dans différents processus, tels que l'amélioration de la qualité du sommeil et la lutte contre l'inflammation. Le butyrate a également été associé à une réduction des risques de cancer du côlon".
7 - Ne pas consommer trop d’antibiotiques
Selon une étude de 2020, mieux vaut éviter de consommer trop d’antibiotiques pour préserver la santé de votre intestin. En effet, ces médicaments très forts peuvent détruire les bactéries saines qui composent le microbiome intestinal. Selon une étude publiée en 2020 dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, "l'utilisation d'antibiotiques peut avoir plusieurs effets négatifs sur le microbiote intestinal, notamment la réduction de la diversité des espèces, l'altération de l'activité métabolique et la sélection d'organismes résistants aux antibiotiques".
Cette étude démontre également que “l'exposition aux antibiotiques pendant la petite enfance peut entraîner plusieurs troubles gastro-intestinaux, immunologiques et neurocognitifs”.
Dysbiose intestinale : quelles conséquences ?
Le microbiote intestinal est essentiel pour rester en bonne santé. Les chercheurs avancent constamment dans la compréhension des liens entre ses déséquilibres intestinaux et certaines pathologies, en particulier parmi les maladies auto-immunes et inflammatoires.
1 - Des pathologies digestives
Le microbiote intestinal agit sur le fonctionnement global du tube digestif. Lorsqu’il est déséquilibré, des premiers troubles apparaissent : ballonnements, flatulences, transit perturbé, etc. Ces signes peuvent être ressentis après un repas ou indépendamment des prises alimentaires, ou encore de manière ciblée lors de la consommation d’aliments particuliers.
Si la dysbiose intestinale n’est pas prise en charge, la diversité des micro-organismes s'affaiblit et d’autres pathologies plus ou moins sérieuses peuvent alors s’installer, comme les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI). Elles regroupent la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH).
“Toutes deux se caractérisent par une inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, due à une dérégulation du système immunitaire intestinal”, détaille l’Inserm. “Les causes potentielles de cette dysbiose pourraient être d’origine alimentaire (régime gras et sucré, sans fibre, qui limite les bactéries productrices d’acides gras à courtes chaînes bénéfiques), infectieuse (épisodes aigus de gastroentérite infectieuse), ou environnementale (traitements antibiotiques répétés, exposition insuffisante aux pathogènes pendant l’enfance).”
2 - Des troubles psychiques
On a tendance à dire que l’intestin est notre deuxième cerveau. Physiologiquement, cela a tout son sens, car il comprend de nombreuses cellules neuronales. Mais les dernières études tendent à montrer qu’un déséquilibre de la flore intestinale peut également perturber notre humeur.
Dans une étude publiée en mars 2021 dans la revue Molecular Psychiatry, les chercheurs de l’Inserm mettent en évidence le lien entre les troubles dépressifs et un régime alimentaire pro-inflammatoire (riche en acide gras saturés, en sucre, et en produits raffinés). À l’inverse, une alimentation riche en fruits et légumes, poisson et céréales est associée à une diminution de 33 % d’un risque de dépression.
“Les résultats de notre étude montrent l’importance de nos habitudes alimentaires dans la survenue de troubles dépressifs et encouragent à généraliser le conseil nutritionnel lors des consultations médicales”, a déclaré Tasnime Akbaraly, chercheuse Inserm en charge de l’étude.
En outre, la consommation de probiotiques naturels peut avoir des effets bénéfiques sur le microbiote.
3 - Un lien avec les maladies neurodégénératives ?
Dans une interview pour Arte, le Pr Harry Sokol explique que le microbiote des personnes atteintes de maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer, etc) est endommagé et ne remplit plus correctement ses fonctions. Néanmoins, il précise qu’il faut rester prudent sur les conclusions car les chercheurs ne connaissent pas encore le rôle exact de ce microbiote, et ne savent pas s’il joue un rôle mineur ou majeur.
Les maladies chroniques liées à la flore intestinale
On appelle “maladie chronique”, une maladie de longue durée et évolutive. Elle a également un retentissement plus ou moins important sur la vie quotidienne, en générant des incapacités, voire des complications graves.
1 - Le diabète de type 2
Des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne Université, de l’AP-HP et d’INRAE en collaboration avec une équipe suédoise, ont publié une étude sur les risques du dérèglement du microbiote intestinal lié à une alimentation déséquilibrée. Cela favoriserait les maladies métaboliques comme le diabète.
Plus précisément, les scientifiques montrent qu’un dérèglement du microbiote intestinal entraîne une augmentation des niveaux sanguins de propionate d’imidazol, une molécule connue pour rendre les cellules de l’organisme résistantes à l’insuline et augmenter le risque de diabète de type 2.
2 - Les maladies cardiovasculaires
Les maladies cardiovasculaires (athérosclérose, hypertension, AVC, insuffisance cardiaque, etc) possèdent une origine multifactorielle, à la fois génétique, environnementale et nutritionnelle. “La part respective de chacun de ces facteurs est variable d’un individu à l’autre et les mécanismes moléculaires sous-jacents à chacun d’entre eux restent à décrire précisément. Cependant, il apparaît de plus en plus clairement que le microbiote intestinal joue un rôle dans leur genèse”, avance l’Inserm.
Sur ce sujet, une récente étude publiée en 2019 dans Plos One montre qu’une altération du microbiote intestinal et du microbiote oral sont liés, et que tous deux peuvent servir à prédire le risque cardiovasculaire d’un individu.
3 - Les risques d’allergie et d’asthme
Depuis 45 ans, il y a une hausse constante des personnes allergiques en France. L’Organisation mondiale de la santé estime que la moitié de la population mondiale sera allergique en 2050. Par ailleurs, 80 % des asthmes sont d’origine allergique.
De nombreuses études basées sur les statistiques montraient déjà que les enfants vivant au contact d’animaux fermiers et donc d’un plus grand nombre d’agents microbiens, développaient moins d’allergies au cours de leur vie que les enfants des villes. De façon concomitante, d’autres ont montré que lorsque des souris été traitées dès les premiers jours de leur vie par des antibiotiques, (détruisant une partie de leur microbiote), ces dernières développaient une plus grande sensibilité aux allergies.
En 2015 l’Institut Pasteur a réussi à élucider les mécanismes sous-jacents de ces constats. Les scientifiques ont ainsi prouvé que la présence de microbes dans la flore intestinale bloquait spécifiquement les cellules immunitaires responsables du déclenchement des allergies.
4 - L'asthme pédiatrique
Des chercheurs canadiens ont analysé les données de diagnostics d'asthme et de prescriptions d'antibiotiques en Colombie-Britannique ainsi que le microbiote intestinal de 2 644 enfants entre 2000 et 2014. Il en résulte que l 'incidence de l'asthme chez les enfants âgés de 1 à 4 ans a été réduite de 7,1 % en valeur absolue, passant de 27,3 % à 20,2 %. En parallèle, la prescription d’antibiotiques a fortement reculé passant de deux enfants sur trois qui en consommaient en 2000 à un sur trois en 2014. Les auteurs de l’étude concluent qu’une dysbiose du microbiote intestinal chez les nourrissons liée à la prise d’antibiotique pourrait expliquer de nombreux cas d'asthme infantile.
Microbiote intestinal : ses bienfaits pour la santé
Microbiote : un remède contre les allergies alimentaires ?
Est-ce bientôt la fin des allergies alimentaires ? Selon une récente étude, il existe un composé chimique capable de soigner, voire de prévenir les allergies alimentaires. Appelé butyrate, il est fabriqué par les bactéries intestinales de vos intestins et a permis d’éviter des réactions allergique s aux cacahuètes aux souris. Des chercheurs américains ont en effet réussi à éviter une réaction allergique à la cacahuète chez des souris en leur administrant un composé issu du microbiote intestinal : le butyrate. Un traitement prometteur pour soigner tout type d'allergie alimentaire à l’avenir. Les résultats de cette étude ont été présentés lors de la réunion annuelle de l'American Chemical Society qui a lieu actuellement du 21 au 25 août 2022 à Chicago aux États-Unis.
Autre bonne nouvelle, "ce type de thérapie n'est pas spécifique à un antigène", précise le co-auteur de l’étude Shijie Cao. "En théorie, elle peut donc être appliquée à toutes les allergies alimentaires par la modulation de la santé intestinale", assure le chercheur. Après ces résultats très prometteurs, les prochaines étapes seront des essais sur des animaux plus grands, suivis d'essais cliniques. Il suffira peut-être bientôt de prendre ces composés à diluer dans l'eau pour éviter toute réaction allergique aux aliments.
Le nouveau guide des probiotiques, Dr Daniel Sincholle, Thierry Souccar Editions 2018
https://www.euphytosegamme.fr/confort-intestinal/microbiote/microbiote-intestinal
Short-Term Tomato Consumption Alters the Pig Gut Microbiome toward a More Favorable Profile, Microbiology Spectrum, 8 novembre 2022.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36346230/
Tracing tomatoes' health benefits to gut microbes, Science Daily, 8 novembre 2022.
https://www.sciencedaily.com/releases/2022/11/221108160814.htm
Gut Health Tips That Really Work, Eat This, Not That !, 24 avril 2022.
https://www.eatthis.com/news-gut-health-tips-that-really-work/
https://www.inserm.fr/dossier/microbiote-intestinal-flore-intestinale/
https://www.health.harvard.edu/vitamins-and-supplements/health-benefits-of-taking-probiotics
https://presse.inserm.fr/un-dereglement-du-microbiote-est-associe-a-la-formation-dune-molecule-favorisant-le-diabete-de-type-2/41586/
https://presse.inserm.fr/ameliorer-son-alimentation-pourrait-proteger-de-la-depression/32671/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25870193/
https://www.pasteur.fr/fr/comment-microbiote-bloque-allergies
https://asthme-allergies.org/faits-chiffres-comprendre-lallergie/
https://www.inserm.fr/dossier/maladies-inflammatoires-chroniques-intestin-mici/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32220282/
https://www.thesun.co.uk/health/21894273/signs-of-poor-gut-health-and-what-to-do/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27998788/
https://www.eatthis.com/probiotic-foods/
Voir plus