En France, “en 2019, en moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint est estimé à 213 000 femmes”, indique l’Observatoire national des violences faites aux femmes. Concernant les enfants et les adolescents, la même année, plus de 40 000 plaintes ont été enregistrées en France pour violences commises au sein de la famille, que ces violences soient physiques ou sexuelles”, note Santé publique France.
Violences conjugales : 36% des volontaires concernés
Des violences domestiques dont l’impact sur la santé mentale est majeur (stress post-traumatique, amnésie post-traumatique, dépression, anxiété, idées suicidaires…), mais dont l’impact sur la santé physique reste sous-évalué. C’est à cet aspect qu’une équipe de chercheurs s’est intéressée. Leurs résultats ont été publiés le 9 juin 2023 dans la revue scientifique The American Journal of Preventive Medicine.
Plus précisément, ces chercheurs ont découvert que l’exposition à la violence domestique pendant l’enfance et pendant l’âge adulte augmente de 20% le risque de développer du diabète de type (DT2). Précédemment, des études avaient déjà montré que l’exposition sur le long terme à la violence domestique était associée à un risque accru de stress, d’anxiété, de dépression et d’obésité.
Pour l’étude publiée dans The American Journal of Preventive Medicine, les chercheurs ont utilisé des données issues d’une vaste étude intitulée “Southern Community Cohort Study”, qui s’intéresse à la population du sud-est des États-Unis.
Violence domestique : 20 à 35% de risques en plus de développer du diabète
Cette étude a regroupé plus de 25 000 participantes qui ont répondu à des questions sur la violence conjugale (la violence psychologique, la violence physique et les menaces), la violence envers les enfants (les agressions sexuelles, physiques et émotionnelles) et la santé (dont des questions sur le diabète) entre 2002 et 2015.
Note : les victimes de violences conjugales étant dans l'extrême majorité des femmes, cet article utilisera le féminin générique.
“Grâce à cette cohorte unique dans sa diversité, qui comprend plus de 25 000 participants, nous avons vu que deux formes récurrentes de violence interpersonnelle - la violence conjugale et la violence sur enfant (elles concernent respectivement 36% et 32% des volontaires) - augmentent de 20 à 35% le risque de développer du diabète à l’âge adulte, en comparaison avec les personnes qui n’ont jamais connu de violence interpersonnelle”, résume l’une des autrices de l’étude, Ann Coker, professeure de gynécologie et d’obstétrique.
Violences conjugales et diabète : l’importance du dépistage
Ann Coker tempère toutefois : “La bonne nouvelle, c’est qu’une intervention efficace et des ressources en termes de prévention existent. Elles peuvent aider les patients et les communautés à prévenir ou à réduire la violence conjugale et les abus / la négligence sur les enfants, mais aussi à avoir un impact sur les problèmes de santé qui en découlent, comme le DT2.”
En pratique, en cabinet comme à l’hôpital ou en clinique, les professionnels de santé peuvent utiliser une approche respectueuse de l’intimité du patient et adaptée aux victimes de traumatismes pour leur poser des questions sur leur situation actuelle ou sur leur expérience potentielle de violence conjugale ou en tant qu’enfant.
“Ces stratégies de prévention de la violence peuvent réduire et, dans le meilleur des cas, empêcher les conséquences à long terme de la violence infantile et de la violence conjugale - mais seulement si l’on procède à un dépistage [...]. Poser des questions sur une violence en cours avec un suivi de qualité via des ressources cliniques et communautaires”, conclut une autre autrice de l’étude, la chercheuse en psychiatrie et en sciences du comportement Lauren Brown.
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