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Des doutes sur sa fidélité

Il n’aime pas que l'on regarde derrière son épaule lorsqu'il est sur son ordinateur ? Il repose aussitôt son mobile dès que vous entrez dans la pièce ? Vous le soupçonnez de plus en plus d’utiliser internet pour aller voir ailleurs.

Pour Loïck Roche, docteur en psychologie, le doute ne s'insinue pas par hasard : « Ce qui est intéressant derrière le doute, c'est qu'il y a toujours une imagination qui se nourrit souvent de deux choses, parfois difficiles à admettre : soit la personne soupçonneuse voit que la relation avec l’autre s’est délitée, soit elle aimerait tout simplement en faire autant. »

Faut-il chercher des preuves à tout prix ?

Pour en avoir le cœur net, vous êtes tentée de mettre le nez dans les affaires de votre mari, ou même, de le prendre en flagrant délit d'adultère en créant un profil factice sur les sites qu’il visite. Mais, est-ce sain de le faire ? « Quand une personne est en souffrance et pense être trompée, elle peut agir de façon animale avec toute la violence que cela comporte. Il faut juste lui demander des comptes », conseille Loïck Roche, co-auteur du livre In bed with the Web.

Comment aborder le sujet ?

Amener calmement le sujet avec lui reste le meilleur moyen d'entamer le dialogue. Mais si votre mari se sent piégé ou pris en faute, il se peut qu’il botte en touche.

« Tu m'espionnes maintenant ? » : « L'attaque est toujours la meilleure défense car elle permet de reporter sur l'autre une forme de culpabilité », explique Loïck Roche. Ne vous démontez pas, ce n'est pas à vous de vous sentir coupable.

« C'était juste par curiosité » /« C’est virtuel » : En minimisant l'existence ou la portée de cette pratique, la personne incriminée atténue sa part de responsabilité. «Le fantasme est excusable lorsqu'il nous tombe dessus. Quand on va le rappeler, on en devient responsable. »

« Je vais arrêter » : « On peut lui faire crédit de son honnêteté la première fois ». S'il ne tient pas son engagement, il faudra ré-envisager la question avec lui.

Est-ce le signe d'un malaise dans le couple ?

« De quoi parle-t-on avec son conjoint ? Des enfants, des problèmes professionnels ou matériels... Autant de points que l'on n’aborde pas au début d'une relation amoureuse, où l'autre est merveilleux, où l'on vit d'amour et d'eau fraîche », constate Loïck Roche. L’inscription sur un site de rencontres peut donc, parfois, révéler une certaine insatisfaction, laquelle peut avoir plusieurs origines.

« Un projet de vie qui ne correspond pas aux attentes de l'un des partenaires, un quotidien jugé ennuyeux, la peur de vieillir et de la mort, le sentiment de ne plus être écouté ou regardé, une sexualité inexistante ou par habitude...» représentent autant d’excuses pour celui qui a des envies d’ailleurs note Loïck Roche.

Que cherche-t-il sur un site de rencontres ?

« Dans un couple, il y a un moment où l'on ressent le besoin de cultiver le secret, de faire des choses qui ne sont pas partagées. Et Internet offre de telles possibilités », éclaire Loïck Roche. Pour lui, s’inscrire sur un site de rencontres, alors qu'on est en couple, permet de toucher du doigt le fantasme d’aller voir ailleurs. « Un homme peut trouver là une parenthèse récréative en dehors du couple, une forme d'excitation à savoir s'il peut encore séduire... ».

Et la virtualité n'est pas sans avantage, car elle permet de minimiser les risques d’échec, mais aussi le danger. « Si j'aborde quelqu'un dans la vraie vie, je peux me prendre une veste. Derrière l'écran, le risque est moins grand. Mais c'est surtout un moyen pour le mari d'avancer masqué, du moins le pense-t-il dans un premier temps, sans craindre d'être démasqué ».

Va-t-il passer à l'acte ?

Alors que certains hommes viennent chercher une aventure, d'autres se limiteront à n'entretenir que des relations virtuelles, sans franchir le pas de l’adultère. Pour Loïck Roche, certaines barrières comme « la peur de faire souffrir l'autre, la hantise de mettre son couple en péril, la crainte des maladies sexuellement transmissibles, la présence des enfants... » les en empêchent.

Et parce que ces escapades conjugales ne débouchent pas forcément sur une rencontre charnelle, elles contribuent aussi à minimiser un éventuel sentiment de culpabilité. « Pour eux, ces relations virtuelles ne portent pas forcément à conséquence même s'ils savent, au fond d'eux-mêmes, qu'elles ne sont pas très clean par rapport à leur conjointe, puisqu'ils vont la plupart du temps s'en cacher ».

Cliquer, est-ce tromper ?

Si internet est un formidable outil de communication, certains le voient comme un danger pour la pérennité du couple. « Si l'infidélité est naturelle, très peu de couples sont suffisamment matures pour l'accepter. Elle commence d'ailleurs très tôt dans un couple. L'autre suffit à lui-même dans les premiers temps de la relation. Mais rapidement, le besoin de s'imaginer ou d'imaginer l'autre avec quelqu'un, d'inventer des jeux pour pimenter la sexualité arrive », indique Loïck Roche.

Pour lui, fréquenter un site de rencontres est donc un pas supplémentaire que le conjoint s'autorise : « Il s'agit d'une forme d'infidélité, car il y a une démarche, un passage à l'acte ».

Faut-il pardonner une infidélité virtuelle ?

Pour Loïck Roche, ce n’est pas celui qui est inscrit sur un site de rencontres qui déterminera si son comportement est infidèle : « C'est la femme trompée qui est en mesure de dire si elle se sent trompée ou non. Certaines femmes trouveront ces relations virtuelles insupportables, quand d'autres les toléreront à condition qu’elles ne deviennent pas réelles ».

Vous êtes donc la seule à pouvoir déterminer quelles sont les limites de votre tolérance, ce qui n’empêche pas de revoir ensemble quelle définition vous donner à la fidélité au sein de votre couple.

mots-clés : maladie, relation
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