Recrudescence de cas de Covid-19 en Chine : doit-on craindre une seconde vague ?Istock
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Pendant près de deux mois, presque aucune nouvelle contamination n'avait été rapportée à Pékin. Jusqu’au 12 juin. Ce jour-là, un premier nouveau cas de Covid-19 a été recensé dans la capitale chinoise. Désormais, le bilan de l'infection s’élève à 57 personnes, dont huit cas supplémentaires enregistrés dimanche, selon les autorités chinoises. Des nouvelles pour le moins inquiétantes pour le reste du monde, qui redoute une seconde vague de la pandémie.

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé lundi 8 juin que la pandémie liée au coronavirus “s’aggravait” dans le monde. En cause ? Tout le "laisser-aller". Selon l'OMS, le relâchement de la population et l'assouplissement des restrictions est en grande partie responsable de cette situation.

Seconde vague de Covid-19 : 11 zones résidentielles à nouveau confinées en Chine

"Bien que la situation en Europe s'améliore, dans le monde elle s'aggrave", a alerté Tedros Adhanom Ghebreyesus, patron de l'OMS, lors d'une conférence de presse virtuelle à Genève.

En France, le nombre de contaminations au quotidien est en baisse, tandis que la courbe des patients hospitalisés en réanimation ne cesse de diminuer. Même scénario au sein des autres pays européens.

Or, dans le reste du monde, de nombreux pays se trouvent encore menacés par le Covid-19, et leurs indicateurs virent au rouge. À ce jour, près de 75% des nouveaux cas sont recensés dans une dizaine de pays seulement, principalement sur le continent américain et en Asie du Sud.

Chine : un nouveau foyer de contamination lié à un marché alimentaire

En Chine, la recrudescence de nouveaux cas les dernières 24 heures affolent le monde entier. Si l’épidémie semblait sous contrôle dans le pays grâce à des mesures barrières strictes, au port du masque et au confinement, un nouveau foyer de contamination fait craindre l’arrivée d’une seconde vague.

Le nouveau cluster a été détecté dans le sud de Pékin au marché de gros de Xinfadi. On y trouve notamment de la viande, du poisson et des légumes. Un rebondissement qui a entraîné le confinement de 11 zones résidentielles des environs.

Xinfadi est considéré comme le plus important marché alimentaire d'Asie.

"Pékin ne veut pas être un second Wuhan"

Le porte-parole de Pékin, Xu Hejian, s’est exprimé ce dimanche au cours d’une conférence de presse. "Pékin est entré dans une période exceptionnelle. La veille, les autorités avaient indiqué que le taux journalier de contamination était devenu le plus élevé dans la capitale chinoise depuis le début de la publication des données officielles le 13 avril. Le marché a été fermé samedi à l'aube et le district où il est situé, placé sur le pied de guerre".

"Pékin ne veut pas être un second Wuhan".

Sites sportifs, culturels, zones résidentielles : de nouvelles restrictions en Chine

Sites sportifs, culturels, zones résidentielles : de nouvelles restrictions en Chine© Istock

Le cauchemar semble sur le point de se répéter. La série d'infections à Pékin s’est déjà étendue à la province voisine du Liaoning, dans le Nord-Est, chez des gens ayant été en contact avec des personnes contaminées dans la capitale. Si les restrictions étaient en train de "disparaître" en Chine, elles renaissent depuis l’annonce des nouveaux cas.

Les Chinois invités à ne pas se rendre à Pékin

Suite à ces nouvelles alarmantes, une dizaine de villes chinoises, parmi lesquelles Harbin et Dalian, ont demandé à leurs habitants de ne pas se rendre à Pékin et de prévenir les autorités si elles y étaient allées récemment. De son côté, Huaxiang, voisine du marché alimentaire et connue pour l'un des plus gros centres de voitures d'occasion de Chine, a déclaré dimanche que son niveau de risque d'épidémie est "élevé".

La fermeture des sites sportifs et culturels à Pékin, annoncée aujourd’hui

En outre, la ville de Pékin a décidé de fermer à nouveau les sites sportifs et culturels, a annoncé ce lundi la mairie de la capitale chinoise. Quant aux zones résidentielles, elles impliquent des contrôles de température aux entrées, (qui avaient pourtant été récemment suspendues). Leur accès est interdit aux non-résidents.

Pékin : ces cas ne traduisent pas une seconde vague selon un expert

Pékin : ces cas ne traduisent pas une seconde vague selon un expert© Istock

Si les nouveaux cas découverts à Pékin font craindre une seconde vague de coronavirus, tous les experts ne sont pas du même avis. C’est notamment le cas de Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l'université Paris-Descartes et directeur de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (Irmes), qui estime que ces chiffres ne marquent pas un rebond de la pandémie.

Dans une interview accordée à nos confrères du Parisien, il explique que les nouveaux clusters de contamination découverts à Pékin ne traduisent pas une recrudescence de l’épidémie, mais la multiplication des tests.

"La disponibilité des tests fait qu'on dépiste dans le monde entier de plus en plus de monde"

Selon les propos du Pr Toussaint, nous devons nous attendre à des augmentations du nombre de cas car "la disponibilité des tests fait qu'on dépiste dans le monde entier de plus en plus de monde".

"Depuis le 16 mai, il n'y a eu aucun décès en Chine. Presque partout dans le monde, le nombre de morts ne fait que diminuer. Les seules régions qui voient augmenter leur taux de décès sont l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale. […] À l'échelle mondiale, il y a une continuité de la décrue du nombre de décès quotidiens. Ce qui n'empêche pas des cas de contaminations sporadiques essentiellement liées à la meilleure capacité de diagnostics. C'est ce qu'on a observé récemment en Moselle où on a vu l'augmentation de cas positifs, mais pas de la circulation du virus", a détaillé l’expert.

"On n'est donc pas du tout dans le cas d'une deuxième vague"

Concernant les 57 nouveaux cas détectés à Pékin, ils font toujours partie des cas de la première vague, d’après le professeur. "Il ne faut pas oublier que la dangerosité se traduit en termes de décès. Pour la Covid, on doit donc suivre ce critère principal et en Chine, on ne voit pas d'augmentation de la mortalité. On n'est donc pas du tout dans le cas d'une deuxième vague qui donnerait une pandémie comparable à celle qu'on a connue de janvier à avril dans le monde. Pas du tout, pour l'instant".

Seconde vague : l’OMS encourage les autres pays à ne pas "lever le pied"

Seconde vague : l’OMS encourage les autres pays à ne pas "lever le pied"© Istock

Lors de son allocution le 8 juin, Tedros Adhanom Ghebreyesus, patron de l’OMS, reprochait à l’ensemble des pays du monde un certain « laisser-aller ». Il encourage les pays à ne pas "lever le pied" et à soutenir leurs efforts, notamment en respectant les gestes barrières, pour lutter contre le coronavirus.

"La majorité des ‎personnes dans le monde restent sensibles à l’infection (...) Nous continuons à encourager fortement une surveillance active ‎pour garantir que le virus ne reparte pas à la hausse, notamment ‎maintenant que des rassemblements de masse de toutes sortes ‎commencent à reprendre dans certains pays", a annoncé Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Seconde vague : comment limiter les risques ?

On rappelle les principaux gestes barrières :

  • Le port du masque lors de vos déplacement,
  • Le lavage régulier des mains, à l'eau et au savon ou au gel hydroalcoolique,
  • La distance de minimum 1 mètre maintenue avec les autres,
  • Pas d'embrassade,
  • Saluer sans serrer les mains,
  • Tousser ou éternuer dans son coude ou dans son mouchoir,
  • Se moucher dans un mouchoir à usage unique puis le jeter,
  • Éviter de se toucher le visage.

Un contact étroit avec une personne malade est le principal mode de transmission de la maladie : "notamment lorsqu’on habite ou travaille avec elle, qu’on a un contact direct à moins d’un mètre lors d’une discussion, d’une toux ou d’un éternuement, sans mesures de protection", décrivent les autorités françaises. Le contact avec des mains non lavées ou des surfaces souillées par des gouttelettes est également à risque de contamination.

Sources

Covid-19 en Chine : «On n’est pas du tout dans le cas d’une deuxième vague», Le Parisien, 14 juin 2020

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