Un nouveau coronavirus suscite de l'inquiétude. Alors que le monde continue de lutter contre la pandémie et le variant Omicron, un groupe de scientifiques chinois de Wuhan, où le coronavirus a été découvert, alerte sur un nouveau coronavirus découvert en Afrique du Sud. Baptisé NeoCoV, il serait plus mortel et aurait un taux d'infection plus élevé.
Ce coronavirus, qui se propage chez les chauves-souris, n’est toutefois pas nouveau puisqu’il fait l’objet d’études depuis au moins 10 ans. Selon une nouvelle étude prépubliée le 25 janvier dernier sur le site bioRxiv, le virus dispose d’une enzyme du même type que celle du SARS-CoV-2, notamment le récepteur ACE2, qui permet de pénétrer dans les poumons. Toutefois, cette enzyme propre au NeoCov agit uniquement chez les animaux. L’existence de ce coronavirus reste toutefois très inquiétante puisque les chercheurs préviennent qu’une seule mutation du génome du virus NeoCov suffirait pour qu’il acquière la capacité à s’infiltrer dans les cellules humaines.
Virus : une mortalité et une transmission élevées
“Notre étude démontre le premier cas d'utilisation d'ACE2 dans des virus liés au MERS, mettant en lumière une menace potentielle pour la biosécurité de l'émergence humaine d'un ACE2 utilisant le MERS-CoV-2 avec à la fois un taux de mortalité et de transmission élevé”, écrivent les chercheurs.
Le NeoCov est, en effet, génétiquement proche d’un autre coronavirus, le MERS-CoV, qui est à l’origine des épidémies meurtrières survenues au Moyen-Orient en 2012 et 2015. Sa mortalité atteint 35% des cas diagnostiqués. En effet, selon une précédente étude publiée en 2014 dans le Journal of Virology, au moins 85% du génome du NeoCov est identique au MERS-CoV 2 au niveau des nucléotides. Sa similitude inquiète donc en matière de risque de mortalité.
Les chercheurs de l’université de Wuhan et de l'Institut de biophysique de l'Académie chinoise des sciences redoutent, en effet, que ce coronavirus ne soit très dangereux, car il échappe aux anticorps produits par notre système immunitaire en raison des caractéristiques particulières du récepteur ACE2. Selon les scientifiques, les humains seraient extrêmement vulnérables au NeoCov car ni l’immunité créée par nos anticorps au contact de la maladie ni celle obtenue via les vaccins ne seraient capables de fournir une protection efficace contre le virus.
À une mutation d'infecter les humains ?
Interrogés par Sputik News, le Centre national de recherche en virologie et biotechnologie Vektor, qui a créé le deuxième vaccin russe contre le Covid-19, EpiVacCorona, assure que ce coronavirus n’est pas capable d’infecter les êtres humains.
"Les experts du centre de recherche Vector sont au courant des données que les chercheurs chinois ont obtenues concernant le coronavirus NeoCov. Pour le moment, il ne s'agit pas de l'émergence d'un nouveau coronavirus capable de se propager activement parmi les humains", a en effet, déclaré le Centre de recherche d'État russe sur la virologie et la biotechnologie dans un communiqué.
Une affirmation nuancée par un autre virologue. Selon un scientifique du Centre de recherche Gamaleïa d’épidémiologie et de microbiologie, concepteur du Spoutnik V, il est à ce jour impossible de prédire avec certitude dans quelle direction le nouveau coronavirus pourrait muter.
"Les mutations peuvent non seulement amener au renforcement du pouvoir pathogène du virus, mais aussi à le diminuer", précise Alexandre Boutenko auprès de Sputnik Radio. "Le fait que ce virus est capable de se lier à l’ACE2 (Une protéine clé de l'infection par notre coronavirus actuel qui permet de pénétrer dans les poumons), car il s'attache à ce récepteur présent à la surface des cellules chez la chauve-souris, est problématique, parce qu’ils ont montré que de manière très faible, il existe une possibilité que ce virus puisse aussi infecter des cellules humaines", précise le professeur Cyril Cohen, immunologue et professeur à l’Université de Bar Ilan, à Tel Aviv, cité par la RTBF.
En effet, pour conclure, NeoCoV est un coronavirus qui n'est pour l'instant pas capable de se transmettre de la chauve-souris à l'humain, mais rien ne dit que cela ne puisse pas un jour être le cas si le virus mute.
Beaucoup de virus potentiellement dangereux
"Le point important à retenir est qu'il y a dans la nature un nombre considérable de virus potentiellement dangereux. Plus nous envahirons les écosystèmes sauvages et plus nous seront en contact avec ces virus et plus la probabilité d'une adaptation à l'humain de ces virus augmentera. C'est une réelle menace. Mais qui n'est vraiment pas nouvelle", assure auprès de la RTBF le professeur Éric Muraille, biologiste, immunologiste et maître de recherche au FNRS.
"Pour l'instant, ce virus reste propre à l'animal. On doit juste suivre à l'œilces variants. On sait qu'il y a énormément de coronavirus qui se baladent", assure également de son côté le professeur Cyril Cohen auprès de i24News.
Close relatives of MERS-CoV in bats use ACE2 as their functional receptors, bioXriv, 25 janvier 2022.
https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2022.01.24.477490v1
À une mutation près: des chercheurs de Wuhan tiennent à l'oeil le NeoCoV, un autre coronavirus, Sputnik News, 15 janvier 2022.
https://fr.sputniknews.com/20220127/a-une-mutation-pres-des-chercheurs-de-wuhan-tiennent-a-loeil-le-neocov-un-autre-coronavirus-1054629929.html
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