Alors que la France rentre dans sa deuxième phase de confinement, les interrogations sont nombreuses. Comment en est-on arrivé là ? Le pire aurait-il pu être évité ? Dans sa tribune du 29 octobre, diffusée sur les ondes de RTL, Michel Cymes revient sur ces questionnements légitimes et répond au principal d’entre eux : à qui peut-on se fier ?
“Nous sommes nombreux à nous êtres trompés”
Le célèbre médecin-animateur rappelle que, depuis des mois, les scientifiques et les politiques n’ont cessé de s’exprimer “sur ce qu’il aurait fallu faire, sur ce qu’on aurait pu éviter, sur les mesures évidentes qui n’ont pas été prises”...
Il distingue “d’un côté les pessimistes, qui nous disent que la catastrophe sanitaire et économique va nous poursuivre encore pendant des années. De l’autre les rassuristes, qui pensent que tout cela est, certes, grave, mais qu’on en fait sans doute un peu trop”. Sans forcément jeter la pierre à l’une ou l’autre de ces catégories.
Michel Cymes n’hésite pas à dire, d’ailleurs, qui lui-même fait partie des experts qui se sont trompés, en pensant “qu’avec l’arrivée des beaux jours, l’épidémie se calmerait”.
Des erreurs successives de la part des scientifiques et des politiques
Le médecin revient également sur les différentes stratégies adoptées par le gouvernement, notamment sur le port du masque. Pour rappel, ce dernier avait été jugé inutile au début de la pandémie - période à laquelle il était, de toute façon, en rupture de stock - avant d’être vivement recommandé, puis obligatoire dans les lieux publics.
Il évoque également les tests, le traçage des malades, les prédictions quant à une possible seconde vague. Et évoque, à demi-mots, les espoirs liés à l’hydroxychloroquine, sans réellement citer la molécule - ni son fidèle défenseur, le professeur Didier Raoult. À la place, il mentionne “ceux qui nous parlaient d’un traitement efficace à coup sûr, dont on ne parle plus aujourd’hui”, et “ceux qui lançaient des pétitions pour que les médecins puissent les prescrire et qui, aujourd’hui, crient au scandale sur la gestion de la crise”.
Covid-19 : pourquoi s’est-on autant trompés ?
D’après Michel Cymes, ces erreurs dans les prédictions, ces longs tâtonnements quant à la marche à suivre pour contrer le Covid-19, ces changements de stratégie successifs par le gouvernement… Tout cela peut s’expliquer, en partie, par la frilosité des experts à admettre qu’ils ne savent pas. Elle-même justifiée par leur formation, et les lourds espoirs que la population place souvent sur leurs épaules.
“Nous, médecins, nous avons été formés durant nos études et tout au long de notre pratique quotidienne à rassurer le patient. Et pour que vous soyez rassuré, il faut que vous ayez face à vous quelqu’un qui vous semble sûr de lui, explique le chroniqueur. “Si le médecin vous dit, et surtout vous répète je ne sais pas ce que vous avez, est-ce que vous retournerez le voir en toute confiance ?” Probablement pas.
Il fallait répondre, car on ne nous a pas appris à dire “je ne sais pas”
S’il reconnaît que de nombreux médecins, lui compris, se sont trompés, il déplore néanmoins qu’on ne leur ait jamais laissé l’occasion d’admettre leur manque de recul et de connaissance sur le nouveau coronavirus. “Dans cette épidémie de Covid on a demandé aux médecins qui se sont succédés sur les plateaux télé et dans les studios radio de donner un avis tranché”.
Nombre de morts, durée de l’épidémie, possibilité d’un traitement ou d’un vaccin… “Les experts répondaient, certains avec assurance, d’autres un peu moins, mais il fallait répondre. Il fallait répondre, car on ne nous a pas appris à dire ‘je ne sais pas’”.
Coronavirus : qui faut-il croire ?
Pour Michel Cymes, la réponse est donc simple : “il faut croire ceux qui vous disent qu’on n’en sait rien”. Exit les alarmistes comme les pessimistes : la sagesse réside finalement dans l’acceptation de son ignorance. À l’instar de Socrate, qui plaçait la connaissance dans le fait “d’admettre qu’on ne sait pas tout”.
Il convient donc toujours de se méfier des belles promesses, des pseudo-remèdes miracles, des certitudes quant à la date de fin de l’épidémie. Oui, nous pouvons réaliser des prévisions. Étudier les statistiques. Oui, nous nous approchons chaque jour un peu plus de l’espoir d’un vaccin. Mais tant que celui-ci n’est pas sur le marché, tant que les chiffres ne sont pas confirmés prouvés scientifiquement, il convient de garder un esprit critique et un peu de recul.
“La seule certitude que l’on a aujourd’hui, c’est que ce virus nous balade"
Car si les scientifiques sont de plus en plus nombreux à ne plus oser prévoir l’avenir, Michel Cymes redoute un autre danger qui pourrait en découler. Cela pourrait être, en effet, la porte ouverte à de plus en plus de “fake news”. “Si vous additionnez la perte de crédibilité du corps médical et la peur des spécialistes à pronostiquer quoi que ce soit, vous laissez la place aux charlatans, aux réseaux sociaux, à la désinformation voire à la manipulation de l’opinion publique”, met en garde le médecin-animateur.
Avant de rappeler : “la seule certitude que l’on a aujourd’hui, c’est que ce virus nous balade. Il va plus vite, beaucoup plus vite que nous, jusqu’à quand ? Je vous le répète : on ne sait pas”.
Coronavirus : à qui peut-on se fier ? Michel Cymes vous éclaire, RTL, 29 octobre 2020.
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