Le coronavirus affecterait le désir sexuel des hommes

Pour la première fois, les données d'une étude portant sur des patients infectés au Covid-19 suggèrent que la maladie pourrait détériorer les niveaux de testostérone des hommes. L'étude a été publiée dans la revue scientifique The Aging Male.

Le coronavirus "consommerait" la testostérone

Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont examiné 438 patients, dont 232 hommes souffrant d'une infection au COVID-19.

L'étude de cohorte a été divisée en trois groupes : les patients asymptomatiques, les patients symptomatiques hospitalisés et les patients hospitalisés en unité de soins intensifs.

Chaque patient a ensuite été examiné de près (antécédents, imagerie radiologique, etc). Toutes les données ont été vérifiées et revues par les deux médecins "principaux" de l'étude.

Une fois la collecte de données effectuée, l'équipe de scientifiques s'est aperçue que plus de la moitié des hommes testés avait développé un trouble appelé "hypogonadisme" - ce qui signifie que leur corps ne produisait plus suffisamment de testostérone.

Concrètement, après l'infection, les niveaux de testostérone des participants chutaient de 30%.

Les experts en ont donc conclu qu'il y avait un lien direct entre la maladie et la baisse des niveaux de testostérone.

En outre, les patients asymptomatiques étaient eux aussi affectés : ils ont déclaré avoir un désir sexuel "réduit". Au total, 65,2% des 46 patients de sexe masculin asymptomatiques souffraient d'une perte de libido.

Plus l'infection Covid-19 est grave, plus le taux de testostérone chute

Pire encore, les chercheurs expliquent que si, dès le début de l'infection, le niveau de testostérone diminue - la probabilité pour les hommes d'être placés en soins intensifs (ICU) augmente considérablement.

"Dans notre étude, le taux moyen de testostérone a diminué chez les patients... à mesure que la gravité du coronavirus augmentait. Par ailleurs, le taux moyen de testostérone totale était significativement plus faible dans le groupe nécessitant des soins intensifs que dans le groupe asymptomatique", a souligné le professeur Selahittin Çayan, auteur principal de l'étude.

Selon lui, il s'agirait de la première étude défendant le fait que le coronavirus "épuise" les réserves de testostérone.

Le spécialiste a également expliqué que les patients décédés avaient un taux de testostérone moyen significativement plus faible que ceux qui ont réussi à "récupérer" de la maladie.

"La testostérone est associée au système immunitaire des organes respiratoires, et de faibles taux de testostérone peuvent augmenter le risque d'infections respiratoires. Un faible taux de testostérone est également associé à une hospitalisation liée à une infection et à une mortalité toutes causes confondues chez les patients de sexe masculin en unité de soins intensifs", détaille le professeur.

Les auteurs de l'étude souhaitent désormais approfondir les liens entre le désir, l'hormone et le Covid-19.

À terme, ils espèrent observer une amélioration des résultats cliniques en utilisant des traitements à base de testostérone.