Le coronavirus a-t-il muté pour devenir moins dangereux ? Adobe Stock
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Le bilan continue de s’alourdir. La France fait face à une résurgence du Covid-19 extrêmement inquiétante. Selon les chiffres de Santé publique France datant du 23 août 2020, on compte 4 897 nouveaux cas en seulement 24 heures. Un nombre aussi élevé de contaminés est inédit depuis le début du déconfinement. De jour en jour, les foyers épidémiques se multiplient aux quatre coins du pays, si bien que presque quarante départements sont considérés comme “vulnérables”.

Covid-19 : le virus a-t-il muté ?

En ce sens, l’exécutif multiplie les mesures visant à endiguer la propagation du virus. Le port du masque se démocratise dans l’Hexagone et continuera sa généralisation à la rentrée : imposé dans les écoles, dans les entreprises… Tout cela en plus de son caractère déjà obligatoire dans les transports en commun, les espaces publics clos et nombre de rues piétonnes et centres-villes.

Malgré les rappels à l’ordre du gouvernement, on continue d’observer un relâchement en ce qui concerne les gestes barrière. Pourtant nécessaires, ils sont souvent délaissés au profit de fêtes entre amis, réunions de famille, vacances au bord de la mer et autres évènements : mariages, anniversaires… Toutefois, le nombre d’hospitalisations et de décès reste bas, si on le remet en perspective avec le nombre de cas.

Un nombre d’hospitalisations liées au coronavirus plutôt stable

À ce jour, plus de 4 700 personnes sont hospitalisées dont près de 400 en réanimation. Depuis le début de l’épidémie, 30 513 personnes sont mortes des suites du Covid-19 dont une dans les dernières 24 heures. Ces chiffres, bien que tristes, sont encore loins de ceux que le pays a pu connaître au printemps 2020, quand les hôpitaux étaient surchargés et que les morgues accumulaient plusieurs centaines de morts chaque jour. Pourquoi les Français meurent-ils moins du coronavirus, alors même qu’ils sont de plus en plus touchés ?

La dissonance entre le nombre de cas détectés et le nombre d’hospitalisations a mené certains scientifiques à se demander si le virus avait évolué en une forme moins dangereuse, moins virulente. Interrogé par France 24, le microbiologiste Patrick Berche se questionne : "Au cours des épidémies, les virus ont tendance à perdre de leur virulence. Est-on dans ce cas-là ? Ce serait une bonne nouvelle”.

Le virus est-il moins dangereux qu’avant ?

Deux cas de figure sont alors explorés par l’ancien directeur de l'Institut Pasteur de Lille. “Soit le nombre de contaminés concerne surtout des personnes entre 20 et 60 ans et les personnes à risques se protègent davantage", suppose-t-il d’abord. “Soit le virus perd de sa virulence. Un mutant, le D614G, circulerait en Europe et aux États-Unis et serait moins virulent et plus contagieux. Il prédominerait actuellement sur les autres souches de coronavirus”, indique le spécialiste.

Toutefois, cette seconde hypothèse est un peu fragile. Selon Le Monde, l’étude en question a été publiée sur Cell le 2 juillet 2020. Ce “nouveau” virus, détecté en Malaisie, “ne l’était en effet que dans ce pays”, souligne le quotidien. Olivier Gascuel, bio-informaticien du CNRS à l’Institut Pasteur à Paris, confirme : “Le consortium Gisaid, qui centralise plus de 80 000 séquences rappelle qu’aucune mutation repérée n’est ‘connue pour sa gravité’. Après six mois d’évolution, les séquences actuelles sont séparées de 25 mutations au plus des séquences initiales de fin 2019”, explique-t-il. Cela signifie que le virus évolue peu, et ne développe, à priori, pas de version plus bénigne que celle que l'on connaît.

Coronavirus : la mise en garde d’Olivier Véran

Coronavirus : la mise en garde d’Olivier Véran© Adobe Stock

Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a démenti cette hypothèse d’un virus moins meurtrier. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, l’ancien député déclare : "Je peux comprendre l'espoir nourri par certains experts d'un virus moins dangereux, mais aucun argument scientifique ne vient étayer cette théorie, hélas".

Des malades plus jeunes qui risquent moins de complications médicales

Cette dimension moins menaçante vient du profil des malades, qui sont plus jeunes. “Le virus circule quatre fois plus chez les moins de 40 ans que chez les plus de 65 ans”, continue l’ancien médecin neurologue. Une catégorie de personnes moins à risque et moins sujette aux complications médicales. Selon Olivier Véran, “la majorité des transmissions se fait dans des situations festives des plus jeunes, où les gestes barrière ne sont pas respectés”.

D’après lui, il revient aux plus jeunes de respecter les gestes barrière et le port du masque à tout prix afin de ne pas contaminer leurs aînés. “Il faut protéger les personnes âgées et fragiles”, exhorte le successeur d’Agnès Buzyn.

En ce qui concerne une éventuelle mutation du virus, le message est clair : "Le Covid qui se propage est le même que celui qui a coûté la vie à 30 000 Français", affirme le ministre des Solidarités et de la Santé.

Seconde vague : sommes-nous en plein dedans ?

Seconde vague : sommes-nous en plein dedans ?© Adobe Stock

Le fait que nous nous retrouvions à un nombre de cas aussi élevé laisse-t-il présager que nous sommes déjà dans une seconde vague de l’épidémie ? Pour Olivier Véran, “ce n’est pas une reprise de l'épidémie parce qu'elle ne s'est jamais arrêtée”. D’après le ministre, la recrudescence des cas est la suite logique du déconfinement. Ce phénomène s’observe non seulement à l’échelle nationale mais également à l’échelle européenne : “Ce n’est pas une exception française”, assure-t-il.

Les personnes plus à risque sont-elles davantage prudentes ?

Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, a la même position. Sur FranceInfo, l’immunologue affirme : "Ce n’est pas la deuxième vague. On est toujours sur la première". D’après l’expert, la situation sanitaire “s’accentue et reprend, parce que l’on a perdu les mesures de distanciation sociale". Lui aussi explique la stabilité des taux de mortalité par l’âge des patients. “À Paris, en réa, il y a des malades comparables à ceux de mars, et 50% des autres sont plus jeunes et leur pronostic est meilleur”, explique Jean-François Delfraissy.

Les personnes plus fragiles, elles, auraient davantage tendance à prendre conscience du risque que représente la pandémie. "La population plus âgée a compris qu’elle était à risque, elle prend des précautions, utilise les masques, respecte la distanciation sociale", précise le médecin.

Sources

Santé publique France, 23 août 2020

France 24, 22 août 2020

Le Monde, mis à jour le 23 août 2020

Journal du Dimanche, mis à jour le 23 août 2020

FranceInfo, mis à jour le 24 août 2020

mots-clés : Covid-19
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