Certains patients atteints par la Covid-19 développent des formes relativement longues et conservent des symptômes persistants plusieurs semaines, voire plusieurs mois. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) parle de "Covid long". À 38 ans, Annabelle Georges en fait encore les frais 10 mois après son infection. Sans antécédent médical, elle s'est pourtant retrouvée terrassée par la maladie au point de ne plus être capable de prendre sa douche ou encore de se laver les dents.
Fièvre, maux de tête, convulsions, toux, essoufflements, troubles neurologiques, dysautonomie… Au total, Annabelle aura contracté 57 symptômes, qu'elle subit toujours près d'un an après son infection.
Aujourd’hui, elle est représentante de l’association UPGCS (Union pour la prévention et la gestion des crises sanitaires) et auteure du livre Annabelle 37 ans, J+170, Une vie de Covid sans fin. La jeune patiente se bat pour faire entendre la parole des malades et pour faire reconnaître les formes persistantes de Covid-19. Entretien.
"J’avais le feu en moi, tout brûlait à l’intérieur des poumons"
Les premiers symptômes d’Annabelle ont surgi alors que la France se trouvait en plein confinement, aux alentours du 20 mars 2020. Elle mentionne des frissons, maux de tête, fatigue. Jusque-là, rien d’alarmant puisqu’Annabelle était sujette aux migraines.
"Puis, j’ai commencé à avoir la gorge qui brûlait énormément, nous décrit Annabelle. J’avais le feu en moi, tout brûlait à l’intérieur des poumons. J’ai commencé à tousser, à souffrir d’essoufflements. Mon cœur tapait très fort".
Annabelle était essoufflée au point de ne plus être capable de se doucher, pas plus que de se brosser les dents ou de se laver les cheveux.
"Lorsque la détresse respiratoire est survenue – 80 inspirations et expirations par minutes alors que la norme se situe aux alentours de 15 et 20 – j’ai appelé les Urgences", raconte Annabelle qui a dû être placée sous oxygène.
"J’ai rencontré six médecins : pour eux, il n’y avait aucun doute. Il s’agissait bien de la Covid-19, poursuit la patiente. Or, étant jeune et sans antécédents médicaux, ils m’ont dit de regagner mon domicile et m’ont assuré que les symptômes allaient finir par s’estomper d’ici quelques jours".
Pourtant, 10 mois plus tard, le quotidien d’Annabelle est toujours un enfer au point de ne plus être capable de faire ses courses, son ménage, pas plus de se laver chaque jour.
Covid long : "en 10 mois, j’ai perdu 15 kg"
De retour à la maison, l’état d’Annabelle empire. "Je n’étais pas capable de prendre le téléphone pour appeler les secours. Je vis seule. Des troubles neurologiques, des convulsions et des tremblements (au point de ne plus pouvoir écrire) sont survenus. J’avais comme des poignards plantés dans les articulations et dans le cœur. J’avais l’impression d’avoir fait un marathon tous les jours. Je n’étais plus capable de rien".
Plus de 10 mois plus tard, Annabelle subit encore les symptômes de la Covid-19. "Aujourd'hui encore, ma mère me fait les courses et passe me déposer à manger. J'ai les extrémités gelées. Je suis toujours obligée de porter des chaussettes et bas de contention, cela fera bientôt 10 mois. A cause des symptômes neurologiques, je ne suis parfois plus capable de me rappeler des prénoms de mes proches voire de mon adresse. Je souffre aussi de paralysie des mains et de fourmillements des membres". Au total, Annabelle aura contracté plus de 57 symptômes et perdu plus de 15 kg.
"Les médecins ont fini par me dire que ‘c’était dans ma tête’"
"Je n’étais pas dans un état assez grave pour être intubée ou en réanimation, et au vu de mon âge, les médecins m’assuraient que mes symptômes ‘passeraient’, nous explique Annabelle. Au bout de 15 jours, je n’avais plus de Covid, mais uniquement des symptômes persistants. Donc, les médecins ont fini par me dire que ‘c’était dans ma tête’. J’ai eu droit aux anxiolytiques et antidépresseurs. Mais je savais que je n’étais pas dépressive".
Heureusement, en juin 2020, Annabelle a été amenée à consulter une immunologue basée dans le Sud de la France. "Elle m’a assuré que ce n’était pas dans ma tête et qu’elle rencontrait des patients comme moi à foison", se souvient Annabelle.
En effet, Annabelle n’est pas seule à faire les frais de Covid persistant. En août 2020, le Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mentionné pour la première fois la condition des patients souffrant de symptômes à long terme après une contamination au Sars-Cov-2. L’OMS appelle d’ailleurs aujourd’hui à reconnaître la maladie et à mieux être à l’écoute des patients.
"C’est aussi pour cette raison que j’ai écrit mon livre et que je consacre autant auprès de l’association malgré les efforts que cela me demande, déclare Annabelle. Je suis là en tant que porte-parole des malades. Les recettes du livre feront l'objet de dons pour les malades de l'association".
Covid long : "mon système immunitaire continue d’attaquer mon corps, comme si j’avais encore le virus"
Aujourd’hui, Annabelle est loin d’avoir repris une vie normale. Chaque semaine, c’est une série de soins qui l’attendent : réflexologie plantaire, kiné, suivi psychologique… Chaque mois, Annabelle doit être hospitalisée pour des traitements lourds. "Mes frais de santé me coutent mon salaire tous les mois. Mes parents sont énormément présents, car je ne suis toujours pas capable de m’occuper de moi. Depuis 10 mois, j’ai une fièvre modérée qui est toujours là. Elle oscille vers les 38", déplore la patiente.
"Le moindre stress ou la moindre activité me provoque des inflammations"
L’intérêt pour Annabelle de poursuivre les soins est de parvenir à réguler l’action de son système immunitaire. "Le Covid long, c’est le système immunitaire qui s’est déréglé. Mon système immunitaire ne cesse d’attaquer mon corps, comme si j’avais encore le virus. En conséquence, le moindre stress ou la moindre activité (comme prendre une douche) me provoque des inflammations, détaille-t-elle. La semaine dernière, j’ai eu des pressions conséquentes au travail qui m’ont fait perdre 1 kg en 4 jours".
En effet, lorsque vous contractez un virus, votre système immunitaire se met en marche. Soit il est efficace et équilibré et se remet en place une fois le virus neutralisé, soit, vous souffrez d’un dérèglement qui provoque des symptômes post viraux. C’est ce qui est arrivé à Annabelle.
À ce jour, les symptômes du Covid long et son impact sur la vie des patients sont encore hélàs mal connus. Ils font l’objet de projets de recherche et d’une attention particulière de la part du Gouvernement.
Merci à Annabelle Georges, représentante de l’association UPGCS (Union pour la prévention et la gestion des crises sanitaires) et auteure du livre Annabelle 37 ans, J+170, Une vie de Covid sans fin
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