Derrière son nom étrange, se cache un médicament très puissant. L’anakinra, un médicament initialement destiné à des maladies rhumatismales, donne des résultats "encourageants" pour les formes graves du coronavirus en réduisant le risque de décès et le besoin d'être mis sous respirateur en réanimation, selon une étude française menée au sein du Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ) et publiée dans la revue The Lancet Rheumatology.
Covid-19 : qu'est-ce que l'anakinra ?
L’anakinra est un médicament immunomodulateur, c’est-à-dire qu’il influe sur les réactions du système immunitaire. Il est couramment utilisé pour le traitement de maladies inflammatoires chroniques.
Jean-Jacques Mourad, coauteur de l'étude et chef de service de médecine interne du GHPSJ précise à l'Express que "l'on peut résumer en disant que c'est un anti-inflammatoire, mais c'est un peu restrictif. Cette molécule a émergé comme une alternative à la cortisone, qui induit beaucoup d'effets indésirables à longs termes".
Face au Covid-19, l’anakinra contrerait "l'orage cytokinique" (une réaction inflammatoire incontrôlée et courante dans les formes graves de Covid-19, ndlr) des patients, ce qui permettrait d'éviter le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), cette situation où les poumons ne fournissent plus assez d'oxygène aux organes vitaux.
Des résultats prometteurs pour les malades atteints d'une forme grave du virus
Pour comprendre les effets de cette molécule sur le Covid-19, l'équipe a intégré 52 patients atteints d'une forme grave du Covid-19 dans le groupe anakinra et 44 patients historiques dans l'étude du GHPSJ.
Au sein de cet essai, 52 patients atteints d’une forme grave de Covid-19 ont reçu une injection sous-cutanée d'anakinra pendant 10 jours.
Les scientifiques ont alors observé une "réduction statistiquement significative du risque de décès et de passage en réanimation pour assistance respiratoire par ventilation mécanique" chez ces malades.
Ainsi, un quart des patients traités avec l’anakinra ont été transférés en réanimation ou sont décédés. Dans le groupe placebo n’ayant pas reçu cette biothérapie, ce sont près de 73 % des patients qui ont connu une telle issue.
Pour le Pr Jean-Jacques Mourad, cosignataire de l’étude, aucun doute : "le bénéfice (de l’anakinra, ndlr) était "palpable" au quotidien".
"Nous sommes raisonnablement persuadés que n ous avons fait du bien aux patients, que nous avons évité des décès et des passages en réanimation", ajoute le professeur, en précisant que plus de 125 malades ont déjà été traités à l'anakinra à l'hôpital Paris-Saint-Joseph.
Le coauteur de l'étude souligne "qu'aucun signal d'intolérance" à ce traitement n'a été enregistré. Autre point positif : son coût - seulement 500 euros pour une dizaine de jours de traitement.
Anakinra for severe forms of COVID-19: a cohort study, The Lancet Rheumatology, May 29, 2020.
Quatre questions sur l'anakinra, un traitement prometteur contre le Covid-19, l'Express, 3 juin 2020.
Coronavirus : L’anakinra, un médicament prometteur pour traiter les cas les plus graves de Covid-19, 20 minutes, 2 juin 2020.
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