Covid-19 : que faut-il savoir de XBB.1.5, le nouveau sous-variant d’Omicron ?

Alors que 2023 ne fait que commencer, un nouveau variant de la Covid-19 fait son apparition. Son nom : XBB.1.5. Comme son nom l’indique, celui-ci serait le descendant de XBB, un sous-lignage du variant Omicron.

Pour rappel, apparu fin 2021, Omicron a ensuite engendré des "sous-lignages" composés de plusieurs mutations. "Quand une personne est infectée par deux variants en même temps, il peut y avoir échange de matériel génétique provenant d'un variant puis d'un autre au moment de la production de nouveaux virus", explique auprès de franceinfo Florence Débarre, chercheuse en biologie évolutive au CNRS. "Ces nouveaux virus recombinants sont des mélanges de variants 'parents'".

XBB.1.5 : doit-on s’inquiéter de ce nouveau sous-variant ?

Presque dominant aux Etats-Unis, XBB.1.5 s’avère être très contagieux. "Nous n'avions pas vu de variant progresser à une telle vitesse depuis plusieurs mois", indique Pavitra Roychoudhury, directrice du séquençage des variants du Covid-19 au laboratoire de virologie de la faculté de médecine de l'université de Washington.

Pour cause, "en deux ou trois semaines, Omicron XBB.1.5 est passé de 10 % à 40 % des contaminations identifiées sur toute la côte est américaine", révèle à l’AFP Mahmoud Zureik, professeur d'épidémiologie et de santé publique à l'université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines. "On ne connaît pas encore bien ses caractéristiques, mais il serait plus transmissible vu sa croissance assez fulgurante."

Coronavirus : un variant plus contagieux…

Pour quelles raisons XBB.1.5 se propage-t-il plus vite ? Selon le chercheur Yunlong Cao sur Twitter, tout serait une question de récepteur. En effet, celui-ci se révèle plus efficace pour se lier au récepteur 'ACE2' des cellules humaines, faisant office de porte d'entrée pour le virus.

"Il présente une mutation qui restaure l'affinité pour le récepteur humain, un peu altérée par de précédentes mutations. (...) c'est ce qui lui permettrait d'être plus infectieux", précise auprès de franceinfo Florence Débarre. Même conclusion pour Pavitra Roychoudhury, directrice du séquençage des variants de la Covid-19 au laboratoire de virologie de la faculté de médecine de l'université de Washington. En effet, elle estime également que le variant "a une meilleure capacité de pénétrer dans les cellules." Toutefois, les résultats de ces travaux doivent encore être confirmés.

Par ailleurs, les anticorps des personnes ayant déjà été infectées ou vaccinées neutraliseraient moins bien XBB.1.5. "Ces niveaux d'échappement immunitaire sont alarmants et pourraient compromettre l'efficacité des vaccins anti-Covid", conclut dans son rapport publié dans la revue scientifique Cell, le professeur de microbiologie et d'immunologie à l'Université de Columbia David Ho.

…mais pas nécessairement plus virulent

Si pour le moment, le variant XBB.1.5 se propage à grande vitesse, d’après les scientifiques, il ne devrait pas être plus dangereux. "Il ne semble pas causer de maladie plus grave et (...) il a tellement plus d'immunité dans la population que je ne pense pas que ça va décoller", estime Michael Osterholm, directeur du centre de recherche et de politique sur les maladies infectieuses de l'université du Minnesota sur CNN.

En effet, les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) rapportent que même si XBB.1.5 pourrait être plus transmissible que les autres variants, "nous ne sommes pas en mesure d'affirmer qu'il causerait des formes plus graves. Nous surveillons de près ce variant pour voir dans quelle mesure nos vaccins et traitements fonctionnent contre lui."

XBB.1.5 : peut-il relancer l’épidémie de Covid-19 en France ?

Alors que la neuvième vague semble avoir été dépassée dans l’Hexagone, la crainte que ce nouveau variant devienne majoritaire, comme aux Etats-Unis, et qu’il relance l’épidémie subsiste. Mais pour le moment, seulement 15 cas de XBB.1.5 auraient été découverts en France. Par ailleurs, rien ne prédit que ce sous-variant d’Omicron devienne majoritaire en France dans les prochaines semaines.

"C'est assez difficile à prédire. Il faudra un nombre suffisant d'introductions à succès pour le virus afin qu'il ait l'opportunité d'entrer en compétition avec la diversité des lignages déjà présents", explique auprès du Parisien Etienne Simon-Lorière, responsable de l’unité de génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur. "Nous verrons, mais si ce qui se passe aux Etats-Unis se répète en France, nous ne serons pas surpris", prévient ensuite Florence Débarre sur franceinfo.