La situation est très préoccupante. Face à la brutalité de la deuxième vague de Covid-19, plusieurs scientifiques tirent la sonnette d’alarme et réclament des mesures plus strictes. Pour l’infectiologue Karine Lacombe, invitée de l’émission En toute franchise sur LCI, ce week-end, un reconfinement semble nécessaire pour reprendre le contrôle sur l’épidémie.
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“Actuellement, nous avons perdu la maîtrise de l’épidémie”, déplore la cheffe du service infectiologie de l’hôpital Saint-Antoine, au regard du taux de tests positifs qu’elle juge “vraiment énorme”. Celui-ci a, en effet, atteint 17 % en France et 20 % à Paris.
Le nombre de cas pourrait même être largement sous-estimé. "Nous ne serions pas du tout étonnés s'il y avait, en réalité, deux fois plus de cas, puisque tout le monde ne se fait pas dépister, en particulier les personnes asymptomatiques", précise-t-elle. "Elles représentent pourtant un réservoir important du virus, qui circule probablement beaucoup plus que ce que nous pouvons avoir comme reflet avec le dépistage actuel”.
“On est plutôt autour de 100 000 cas par jour”, estime le Pr Delfraissy
Une inquiétude partagée par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy. Invité au micro de RTL, ce lundi 26 octobre, il évoque “une situation très difficile, voire critique”. D’après le professeur, “il y a probablement plus de 50 000 cas par jour. On estime au niveau du conseil scientifique qu’on est plutôt autour de 100 000 cas par jour”. Soit deux fois plus.
“On avait prévu qu’il y aurait cette deuxième vague, et ça on l’avait répété, dit, même si nous n’avions pas été crus début septembre. Par contre, nous-mêmes nous sommes surpris par la brutalité de ce qui est en train de se passer depuis 10-15 jours”, ajoute l’expert.
Couvre-feu renforcé, reconfinement… Les mesures évoquées pour contrer l’épidémie
Mais alors, quelles sont les mesures qui permettraient de freiner cette circulation “extrêmement rapide” du virus ? Si le Pr Delfraissy rappelle que les décisions seront gouvernementales, ils donnent deux scénarios envisagés par le conseil scientifique, et qui pourraient s’avérer efficaces.
Deux hypothèses recommandées par le Conseil scientifique
Le premier, “c’est d’aller vers un couvre-feu plus massif, à la fois dans ses horaires, à la fois dans son étendue au niveau du territoire national et qui puisse également être mis en place le week-end”. Il faudrait ensuite de regarder, d’ici une dizaine de jours, quelle est la courbe des nouvelles contaminations. “Et si on n’est pas dans la bonne direction, aller vers le confinement”.
“La deuxième stratégie est d’aller directement vers un confinement, moins dur que celui qui a eu lieu pendant le mois de mars”. Celui-ci permettrait de continuer à travailler (en privilégiant le télétravail), mais aussi de conserver un certain nombre d’activités économiques.
“Il pourrait être de plus courte durée s’il était mis en place maintenant, et serait suivi lui-même de conditions de déconfinement très particulières, puisqu’on déconfinerait en passant probablement par un couvre-feu”, détaille le spécialiste.
“Si on attend, on va souffrir”, met en garde le Dr Lacombe
Dans les deux cas, le professeur rappelle que “plus on prendra des mesures rapidement, plus le niveau de ces mesures aura une certaine forme d’efficacité”.
De son côté, le Dr Karine Lacombe n’exclut pas non plus la possibilité d’un nouveau confinement. “Nous allons voir comment résiste le système de soin”, explique-t-elle. “Mais en l’état, ce serait probablement la mesure qui aurait le plus d’impact sur la saturation du système de soins. Si on attend, on va souffrir”.
"Nous avons perdu la maîtrise" de l'épidémie, alerte l'infectiologue Karine Lacombe, LCI, 25 octobre 2020.
Coronavirus : "On est dans une situation très difficile voire critique", prévient Delfraissy, RTL, 26 octobre 2020.
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