C’est une mauvaise habitude que certains ont depuis l’enfance et dont ils n’arrivent pas à se débarrasser : le curage de nez, ou, plus vulgairement, “les doigts dans le nez”. Non seulement ce geste n’est pas franchement élégant, mais il est également propice à la transmission de virus. D’après une étude publiée dans la revue scientifique PLOS One le 2 août 2023, les soignants exposés au coronavirus qui se curent le nez ont plus de risques de l’attraper que les autres.
Se curer le nez décuple les risques d’attraper le Covid-19
Les auteurs de cette étude ont observé 219 professionnels de santé ayant travaillé pendant la pandémie de Covid-19, en 2020. Parmi ces personnes, près de 85% ont indiqué se curer le nez : certaines tous les mois, d’autres toutes les semaines, d’autres encore tous les jours. 17% d’entre elles ont contracté le coronavirus, contre 6% des personnes qui ont indiqué ne jamais se curer le nez. Quelle que soit la fréquence des “doigts dans le nez”, le risque de contracter cette infection était le même.
“C’était assez drôle d’enquêter là-dessus. C’était surprenant de voir comment cela peut affecter la transmission”, a réagi le chercheur en médecine interniste Jonne J. Sikkens, l’auteur principal de l’étude parue dans PLOS One. “Nous devons faire plus attention à notre comportement sur notre lieu de travail afin d’éviter de nous curer le nez”, a-t-il ajouté.
Comment expliquer le lien entre curage de nez et transmission du Covid-19 ? Les narines absorbent de l’air, et donc les organismes qui s’y trouvent. Le nez est de ce fait l’une des portes d’entrée principales de l’organisme pour les bactéries et les virus. De plus, les recoins des narines constituent un environnement idéal pour les germes. Le Covid-19 se répand en premier lieu via les gouttelettes et les particules provenant du nez et de la bouche. Le virus peut également se poser sur des surfaces et sur le visage d’autres personnes. Ainsi, se toucher les yeux, la bouche ou le nez après avoir touché ces surfaces contaminées accroît le risque d’introduire le virus dans l’organisme.
Doigts dans le nez : ils introduisent des agents pathogènes
“C’est logique que le fait de se toucher le nez - nos mains touchent beaucoup de surfaces - soit une façon de déplacer des agents infectieux d’une surface à une autre, et d’une personne à une autre”, explique dans les colonnes du Washington Post Stuart Ray, professeur de médecine à la division des maladies infectieuses de la Johns Hopkins University (États-Unis).
La muqueuse qui tapisse les cavités nasales offre toutefois une certaine protection. En effet, cette membrane est collante, ce qui lui permet de “piéger” les agents pathogènes. Le système immunitaire peut ainsi les attaquer avant qu’ils commencent à agir. Lorsque cette muqueuse est endommagée, par exemple quand on se cure le nez, cela vient compromettre sa capacité à protéger l’organisme des agents pathogènes. “Si vous égratignez votre muqueuse, tout ce qui y est capturé peut entrer dans le sang”, alerte Stuart Ray.
Enfin, selon une étude australienne parue en 2022 dans la revue Nature, se curer le nez pourrait augmenter les risques de démence, mais aussi de maladie d'Alzheimer. En effet, les chercheurs ont constaté qu'une bactérie peut traverser le nerf olfactif dans le nez et pénétrer dans le cerveau des souris, où elle crée des marqueurs qui sont un signe révélateur de la maladie d'Alzheimer.
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