La carte de vigilance des pollens du Réseau National de Surveillance Aérobiologique (R.N.S.A.) ne sera pas scrutée uniquement par les personnes souffrant d’allergie cette année. Les chercheurs de l’université technique de Munich (Allemagne) ont mis en lumière un lien entre les concentrations de pollen dans notre atmosphère et le nombre de contaminations au coronavirus.
Pollen et covid-19 : une étude portant sur 5 continents
Le SARS-CoV-2 a fait ses premières victimes fin 2019, début 2020. Toutefois, l’emballement de l’épidémie semble avoir coïncidé avec la saison des pollens des arbres dans l'hémisphère nord. Après avoir fait cette observation, les scientifiques de l’université technique de Munich (TUM) ont voulu voir s’il existait bien un lien démontrable entre les concentrations de pollens présents dans l'air et le nombre de cas de la COVID-19.
L’équipe de chercheurs allemands a ainsi recueilli les données polliniques de 130 stations dans 31 pays sur cinq continents ainsi que les conditions météorologiques et le nombre de cas de la covid-19 dans ces régions. La densité de la population ou encore les effets des mesures de lutte contre le coronavirus en vigueur (confinement, distanciation sociale, port du masque…) ont également été pris en compte.
Les travaux menés montrent que le pollen en suspension dans l'air peut expliquer, en moyenne, 44% de la variation des taux d'infection. L'humidité et la température de l'air pourraient également jouer un rôle dans certains cas. Pendant les intervalles sans réglementation de confinement, les taux d'infection étaient en moyenne 4% plus élevés à chaque hausse de 100 grains dans l'air par mètre cube.
Les chercheurs précisent dans leur article "Dans certaines villes allemandes, des concentrations allant jusqu'à 500 grains de pollen par mètre cube et par jour ont été enregistrées au cours de l'étude. Ce qui a conduit à une augmentation globale des taux d'infection de plus de 20%". Ils remarquent ensuite "En revanche, dans les régions où le confinement était en vigueur, le nombre de contaminations était en moyenne une hausse moitié moins importante pour des concentrations de pollen comparables".
Le pollen affaiblit la réponse immunitaire
Les professionnels de santé avaient déjà remarqué auparavant qu’un taux important de pollen en suspension dans l’air pouvait affaiblir la réponse immunitaire des voies respiratoires face aux virus et favoriser l’apparition d’une toux et du rhume.
Lorsqu'un virus pénètre dans l'organisme, les cellules infectées déploient des protéines messagères. Appelées interférons antiviraux, elles signalent aux cellules voisines d'intensifier leurs défenses antivirales pour tenir les “envahisseurs” à distance. Par ailleurs, une réponse inflammatoire est activée afin de les combattre. Mais, si les concentrations de pollen dans l'air sont élevées et que ces grains sont inhalés avec des particules virales, moins d'interférons antiviraux sont générés. Cela enraille les réponses du système immunitaire. C’est pourquoi, les jours à forte concentration de pollen, on observe une hausse du nombre de maladies respiratoires. La recherche montre que le coronavirus profite - comme les autres virus - de cet affaiblissement de nos défenses.
"Vous ne pouvez pas éviter l'exposition au pollen en suspension dans l'air", remarque Stefanie Gilles, auteure principale de l'étude. "Les personnes appartenant à des groupes à haut risque devraient donc être informées que des niveaux élevés de concentrations de pollen en suspension dans l'air entraînent une sensibilité accrue aux infections virales des voies respiratoires". Athanasios Damialis, président du département de médecine environnementale au TUM ajoute : "lors de l'étude de la propagation du SRAS-CoV-2, les facteurs environnementaux tels que le pollen, doivent être pris en compte. Une prise de conscience accrue de ces effets est une étape importante dans la prévention et l'atténuation de l'impact du Covid-19."
Pour se protéger, les allergiques peuvent aussi compter sur le masque filtrant. Les auteurs confirment en effet que son port lorsque les “concentrations de pollen sont élevées peut empêcher à la fois le virus et le pollen de pénétrer dans les voies respiratoires".
Increased pollen concentrations correlate with higher SARS-CoV-2 infection rates Covid-19 risk increases with airborne pollen, TUM, 8 mars 2021
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