Si vous avez prévu de rejoindre vos proches pour les fêtes, il est probable que vous deviez prendre le train, l’avion, le bus ou la voiture… À moins que vous n’habitiez à deux pas de votre famille. Quels sont vos risques de contracter la Covid-19 au cours de votre trajet ? C’est la réponse à laquelle nous tentons de répondre dans cet article…
Train : plus le trajet est long, plus le risque est élevé
En voyageant en cette fin d’année, vous allez forcément croiser du monde. Néanmoins, tous les modes de transport ne vous exposent pas au même niveau de risque de contamination au coronavirus. Les plus dangereux étant, a priori, les transports en commun et le train.
Une étude publiée le 29 juillet dernier, dans la revue Clinical Infectious Diseases, s’est penchée sur des voyageurs chinois qui ont pris le train entre mi-décembre 2019 et fin février 2020. Les chercheurs ont identifié plus de 2 300 passagers qui ont développé la Covid-19 dans les 14 jours suivant leur voyage en train (appelés “patients index”) ; et plus de 72 000 passagers qui se sont assis non loin d’eux - à moins de trois rangées (largeur) et cinq colonnes (longueur).
Ces travaux ont montré que :
- Vous avez 3,5 % de risque d’être infecté si votre voisin direct est malade.
- Le taux de transmission est de 1,5 % si une personne infectée est assise dans votre rangée.
- Plus le temps de trajet est long, plus les risques sont élevés : le taux de transmission augmente de 0,15 % pour chaque heure passée à proximité d’un passager malade, et de 1,3 % par heure si le patient est votre voisin direct.
Train : évitez les trajets de plus de trois heures
Néanmoins, le pourcentage de risque global d’être contaminé si une personne infectée par la Covid-19 se trouve dans votre wagon reste plus faible qu’on n’aurait pu le penser, puisque sur les 72 000 “passagers contacts”, seuls 234 ont réellement développé la maladie. Cela représente un taux d’attaque du virus de seulement 0,32 %.
Rappelons tout de même que l’étude a été réalisée auprès de la population chinoise, habituée à porter un masque au moindre symptôme et à appliquer les gestes barrières. Il est donc primordial, si vous prenez le train, de bien positionner votre masque sur la bouche ET le nez, et de vous laver régulièrement les mains.
Les auteurs de l’étude ont également conclu que pour empêcher la propagation du coronavirus dans un train, les passagers devraient être assis à au moins deux sièges de distance et éviter les voyages de plus de 3 heures.
Transports en commun : un risque difficile à estimer
D’après les chiffres de Santé Publique France, les transports en commun ne représentent que 1 % des clusters - ou foyers de contamination. Pour autant, les clusters en eux-mêmes, identifiés par les autorités sanitaires, ne représentent que 10 % des contaminations totales. La transmission du virus dans les métros, bus et tramways pourrait donc être largement sous-estimée.
“Dans les transports en commun tels que nous les connaissons dans nos grandes villes, il est quasiment impossible d'identifier des foyers de transmission”, a expliqué l'épidémiologiste Yves Buisson, interrogé par France Info. “Un cluster, c'est trois personnes positives qui ont fréquenté le même endroit dans un délai de sept jours”.
Il est donc tout à fait possible d’identifier un foyer épidémique dans une entreprise, une école, ou lors d’un mariage, par exemple. Mais dans le bus ou le métro “c’est absolument impossible”, pointe l’expert.
1 % des clusters dans les transports : ce chiffre n’a aucune valeur scientifique
Pour Dominique Costagliola, directrice adjointe de l'Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique, le chiffre de 1 % n’a donc “aucune valeur scientifique”. Elle détaille à nos confrères : “c'est le pourcentage de ce qu'on retrouve, mais ça ne veut pas dire que c'est le pourcentage de vraies circonstances de contaminations”.
Le port du masque, s’il est bien respecté par tous, et le lavage fréquent des mains avec une solution hydroalcoolique, permettent néanmoins de limiter les risques dans ces transports. “Une grande proportion des gens portent un masque, mais il y a quand même des gens qui portent le masque sous le nez, ce qui ne sert à rien”, déplore l’épidémiologiste.
Avion : un risque de contamination limité
La distanciation physique n’étant pas possible en avion, il est compréhensible qu’un certain nombre de voyageurs expriment leur crainte d’être contaminés par leur voisin de siège. Au cours d’une conférence organisée par l'Association internationale des compagnies aériennes, les constructeurs Airbus, Boeing et Embraer ont tenues à montrer que le risque de transmission de la Covid-19 est infime dans les airs.
“Depuis le début de l'année, on a répertorié 44 cas susceptibles d'avoir contracté le Covid-19 lors d'un vol, sur un total de 1,2 milliard de passagers, soit un cas potentiel pour 27 millions de voyageurs”, souligne David Powell, le conseiller médical de l'IATA.
Dans la mesure où de nombreuses frontières sont encore fermées, le taux d’occupation des avions de ligne est de 25 % inférieur à la normale, selon les chiffres d’une étude menée par Boeing. Il y a donc un peu moins de passagers que d’habitude à bord.
En outre, l’air qui circule dans la cabine est renouvelé toutes les deux à trois minutes, et recyclé en passant dans des filtres à particule, similaires à ceux que l’on trouve dans les blocs opératoires. Et comme l’air circule du haut vers le bas, les échanges entre les rangées sont minimes.
Ajoutons à cela les tests antigéniques mis en place dans les aéroports, le port du masque obligatoire et la désinfection des cabines entre chaque vol, qui limitent également les risques de transmission du virus.
Respectez les gestes barrières en avion
Bien sûr, le risque zéro n’existe pas, et il peut s’avérer d’ailleurs s’avérer un peu plus important sur les longs courriers. Une étude réalisée par l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie (NIHE), au Vietnam, s’est penchée sur un vol de 10 heures au cours qui comptait 217 passagers, dont 16 ont ensuite été testés positifs à la Covid-19.
Parmi eux, 12 étaient assis à proximité d’une personne qui présentaient des symptômes de la maladie, en classe Business. “Nous faisons donc la conclusion que le risque de transmission de Covid-19 pendant des vols long-courriers est réel, et les clusters peuvent être de taille significative. Et ce, même en classe Affaires, où l’espace entre les passagers est plus important”, ont écrit les chercheurs.
La prudence reste donc de mise. Évitez de vous déplacer trop souvent pendant le vol, lavez-vous bien les mains après avoir été aux toilettes, désinfectez votre tablette et votre écran avant et après les avoir touchés, et portez votre masque correctement.
Voiture : le moyen de transport le plus sûr
D’ordinaire, la voiture est loin d’être le moyen de transport le plus sûr. Avec 3 448 décès sur les routes en 2018, il s’agit même d’un des plus dangereux… Mais pas en ce qui concerne le risque de contamination au coronavirus, puisqu’il y a de fortes chances pour que vous ne passiez votre trajet qu’avec les membres de votre foyer.
Là où le risque augmente, c’est lors des pauses sur les aires d’autoroute, où il convient de strictement respecter les gestes barrières : port du masque, lavage des mains, distanciation physique…
Attention, toutefois, si vous voyagez en covoiturage. Dans ce cas, il est important de porter son masque également dans la voiture - le conducteur peut d’ailleurs refuser l’accès à son véhicule à un passager qui refuse de le porter. Le ministère de la Transition écologique recommande également que les véhicules soient aérés régulièrement et désinfectés avant chaque trajet. En outre, les passagers doivent emporter leurs déchets en sortant.
Risk of Coronavirus Disease 2019 Transmission in Train Passengers: an Epidemiological and Modeling Study, Clinical Infectious Diseases, 29 juillet 2020.
VRAI OU FAKE. Covid-19 : les transports en commun sont-ils des "bétaillères à virus" ?, France Info, 14 octobre 2020.
Covid-19 : le risque de transmission en avion est réel… mais faible par rapport à d’autres environnements intérieurs !, Air Journal, 21 septembre 2020.
FAQ Covid-19 : transports et confinement, Ministère de la Transition écologique, 13 novembre 2020.
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