Une étude italienne avançait fin mars que la pollution, et plus précisément les particules fines dans l’air, pourraient transporter le virus du Covid-19. Or, il a été confirmé que celles-ci peuvent se retrouver dans la pluie et la contaminer. Mais une averse, peut-elle réellement infecter une personne saine ? La réponse.
Les particules fines présentes dans l'air font "voyager" le virus
Fin mars, des chercheurs italiens avaient mis en évidence la relation entre les concentrations en particules fines et la rapidité avec laquelle l’épidémie de Covid-19 s’était diffusée dans le nord de l’Italie.
Ces substances toxiques, solides ou liquides, restent en suspension dans l’air en général de quelques jours à quelques années. Elles sont transportées sur de longues distances par les courants atmosphériques. Ensuite, elles retombent au sol via les pluies ou sous forme de poussières.
Or, il est possible que ces poussières particulièrement toxiques pénètrent dans les voies respiratoires et entraînent cancer, asthme, allergies, maladies respiratoires et cardio-vasculaires.
Mais les particules fines peuvent aussi "constituer un vecteur efficace pour le transport, la propagation et la prolifération des infections virales", rapporte l’étude.
Dans le cadre du coronavirus, l’effet a notamment été doublement négatif.
"En plus d’être un vecteur de l’épidémie, les particules fines constituent un substrat qui permet au virus de rester dans l’air dans des conditions viables pendant plusieurs heures voire plusieurs jours", estiment les chercheurs italiens.
D'après eux, la forte pollution atmosphérique pourrait expliquer pourquoi l’épidémie a flambé "dans la plaine du Pô (région naturelle située en Italie septentrionale) plus que dans d’autres régions d'Italie".
Une hypothèse qui pourrait s'avèrer véridique, puisque, selon les scientifiques, des études antérieures avaient montré que les particules de pollution atmosphérique avaient probablement contribué à transporter les virus responsables de la grippe aviaire et de la rougeole sur des distances "considérables".
Le problème ? Ces poussières se retrouvent aussi dans la pluie.
Les poussières se retrouvent dans la pluie
La pluie joue un rôle très important au niveau du transport de ces particules, puisque les précipitations "lessivent" l’atmosphère.
C'est d'ailleurs pour cette raison que les concentrations en polluants dans l’air diminuent nettement par temps de pluie, notamment pour les poussières et les éléments solubles tel que le dioxyde de soufre (SO2).
Concrètement, les précipitations entraînent au sol les polluants les plus lourds. Parfois, elles peuvent accélérer la dissolution de certains polluants.
Mais, quoi qu'il en soit, ce phénomène n'est pas une bonne nouvelle dans le cas du Covid-19. Puisqu'il arrive à "voyager" sur les particules fines présentes dans l'air, il est tout à fait probable que la pluie serve également de "transporteur" au virus.
La question qui subsiste est : la concentration en particules virales dans la pluie est-elle assez élevée pour nous infecter ? Pour le moment, le mystère rester entier. Mais en attendant d'en savoir plus, voyons ensemble si le virus peut bel et bien survivre dans l'eau.
Covid-19 : le virus survit dans l'eau
Oui, le coronavirus a été retrouvé dans l'eau et plus exactement dans celle de la Seine.
“À des quantités certes infinitésimales si bien qu'il a fallu utiliser les techniques d'amplification d'ADN (PCR) pour trouver des traces de son génome”, précise Laurent Moulin, responsable R&D à Eau de Paris. Mais il était bien présent, là, dans les eaux de la Seine "à proximité des points où nous pompons l'eau brute pour le nettoyage des rues et l'alimentation des fontaines”, ajoute le chercheur.
Ces résultats signifient que le virus survit dans l'eau, et pourrait donc survivre dans la pluie.
Aussi, par mesure de précaution, "le nettoyage des rues et les fontaines ne sont plus alimentées avec cette ressource pour éviter que par nébulisation des personnes soient infectées, bien qu'a priori l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) considère que le risque de contamination par les boues de station d'épuration et les rejets en rivière est “négligeable”. Mais, encore une fois, nous n'en savons pas plus sur les risques réels de contamination via la pluie.
Par ailleurs, bien que le virus ait été détecté dans ces eaux, “Nous n'en déduisons absolument pas qu'il soit pathogène d'autant qu'il est doté d'une enveloppe qui le rend plus fragile dans l'environnement”, rassure Laurent Moulin.
Il possède une enveloppe qui le rend fragile dans l'environnement
Le coronavirus est en effet “enveloppé”. Il est constitué d'une enveloppe virale entourant une capside hélicoïdale qui contient le brin d'ARN.
Ainsi, à l'inverse des norovirus provoquant les gastro-entérites qui sont composés de leurs seuls protéines et acide nucléique, les coronavirus ont entouré leur matériel génétique de fragments qu'ils ont empruntés à des cellules qu'ils ont infectées.
Pour Soizick Le Guyader, virologue à l'Ifremer, "C'est totalement contre-intuitif". "Dans l'environnement et notamment dans l'eau, les virus nus sont plus résistants que ceux qui sont enveloppés.” Mais combien de temps ce virus résiste-t-il dans l'environnement ? Est-il encore pathogène bien que les teneurs soient potentiellement faibles ?
Les chercheurs n'ont pas encore les réponses. Toutefois, ils mettent tout en oeuvre pour comprendre la survie du virus dans l'environnement. Notamment dans l'eau, où des tests seront prochainement effectués en mer.
“Nous allons (...) dépêcher des chercheurs pour faire des prélèvements dans des points de collecte bien connus de l'Ifremer où l'influence des rejets terrestres sur le milieu marin est importante, précise Soizick Le Guyader. Nous allons ainsi savoir s'il résiste au milieu marin.”
Le coronavirus n'apprécie guère l'humidité
Selon une étude chinoise, le virus serait cependant assez sensible à l'humidité et à la chaleur. "Une augmentation de 1°C de la température et de 1% de l'humidité relative fait baisser le R de 0,0225 et 0,0158, respectivement", expliquent les chercheurs.
Un propos confirmé par les chercheurs d'une étude menée par le gouvernement américain au National Biodefense Analysis and Countermeasures Center. D'après eux, le virus s’affaiblirait dans une atmosphère chaude et humide.
Pour Bill Bryan, qui a présenté l’étude le jeudi 23 avril à Washington et s'avère être un haut responsable du département de la sécurité intérieure, l'humidité joue un rôle considérable sur le virus.
Un taux d’humidité de 80% fait chuter le pouvoir infectieux du virus
D’après les résultats des travaux, dix-huit heures avec une température comprise entre 21 et 24°C et 20% d’humidité sur une surface non poreuse sont nécessaires pour réduire de moitié la puissance du virus.
Mais lorsque le taux d’humidité monte à 80%, seulement 6h sont nécessaires.
Si le virus est suspendu dans l’air, il faut une heure avec une température de 21 à 24 degrés et 20% d’humidité pour que la moitié de sa puissance soit réduite.
Le virus survivrait donc dans l'eau et la vapeur d'eau, mais son pouvoir infectieux diminuerait dès lors qu'il serait en contact avec cette "matière".
Au vu de ces résultats, on peut en déduire que l’humidité pourrait être une "faiblesse" dans la chaîne de transmission du virus, sans pour autant éliminer l’agent pathogène. Méfiance, donc.
Comment se protéger du Covid-19 ?
En attendant d'en savoir plus sur les risques de transmission par la pluie, revoyons ensemble les gestes les plus efficaces pour se protéger du Covid-19.
D'après le Ministère de la Santé, quelques principes de base sont essentiels pour limiter la diffusion du virus :
- Se protèger et protèger son entourage en appliquant les mesures barrières (distanciation sociale, port du masque, gestes barrières...).
- Consulter immédiatement un médecin en cas de signes du Covid-19, même s’ils sont faibles.
- Faire le test anti-coronavirus rapidement si le médecin l’a prescrit.
- S'isoler tout de suite si l'on est malade ou si l'on a été en contact avec une personne malade.
En suivant ces consignes, vous protégerez non seulement votre santé, mais aussi celles des autres. N'oubliez pas non plus d'appliquer, au quotidien, les gestes barrières suivants :
- Se laver régulièrement les mains.
- Tousser et éternuer dans son coude ou son mouchoir.
- Se moucher dans un mouchoir à usage unique et se laver les mains après.
- Ne pas serrer les mains et éviter les embrassades.
- Rester à une distance d’au moins 1 mètre des autres.
En complément, portez un masque grand public dès que vous sortez.
Et si vous ne savez pas comment réagir face à une personne qui ne respecte pas ces mesures de sécurité, suivez nos conseils juste ici.
Covid-19 : des traces de coronavirus retrouvées dans l’eau brute, Sciences et Avenir, 22 avril 2020.
Coronavirus : le Covid-19 va-t-il devenir une maladie saisonnière ?, Sciences et Avenir, 29 avril 2020.
Déconfinement : quelle conduite adopter, Ministère des Solidarités et de la Santé.
Covid-19 : les eaux usées, un indicateur à suivre, Eau de Paris, 18 mai 2020.
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