Peu de sujets ont autant divisé que la vaccination contre la Covid-19. Autour de vous, vous avez forcément déjà entendu des avis relativement divergents sur la question. Alors que la vaccination poursuit son envol en France, les effets secondaires liés à AstraZeneca et aux autres injections sont au cœur de toutes les attentions. Si le vaccin reste le mot d’ordre pour lutter contre le virus et ses variants, la défiance est bien réelle.
Le corps médical n’y échappe pas. Si la plupart des soignants, en première ligne face à la Covid-19, ont bénéficié du vaccin en priorité, certains médecins ne cachent pas leur réticence. À tel point qu’ils préfèrent, pour le moment, renoncer à la vaccination contre le coronavirus. Medisite a pu s’entretenir avec le Pr Stéphane Gayet, infectiologue, le Dr Raymond Betzinger et le Dr Céline Foster*, médecins généralistes.
Loin de là l’idée de discréditer le vaccin, au contraire. Ces experts sont conscients que la vaccination nous a permis de lutter contre des maladies infectieuses graves et contagieuses par le passé. Elle reste essentielle pour se protéger et protéger son entourage.
"Je suis ‘pro vaccin’ de manière générale. J’ai d’ailleurs fait beaucoup plus de vaccin que la moyenne de la population : je suis vacciné contre la rage, la fièvre jaune, la méningite.... Or, concernant les vaccins contre la Covid-19, j’ai encore des réticences. Mais je ne me permettrais pas de vous le déconseiller. Je vous parle en mon nom propre", nous explique le Pr Gayet.
Alors que les autorités de santé encouragent l’ensemble de la population à se faire vacciner contre la Covid-19, pour quelles raisons certains médecins préfèrent-ils s’abstenir ? Nos trois experts nous répondent sans tabou.
"Nous n’avons pas assez de recul"
Je ne souhaite pas être vacciné contre la Covid-19. Parce que nous n’avons pas assez de recul par rapport aux effets du vaccin et les gens qui se font vacciner actuellement servent de cobayes. En général, la préparation d’un vaccin demande 10 ans et là, nous avons seulement 6 mois de recul : ce n’est pas suffisant pour juger de son efficacité, de ses inconvénients et de ses effets indésirables. Pour ma part, je n’ai pas de comorbidités, mais si cela avait été le cas, j’aurais le même raisonnement.
Mon choix n’a rien à voir avec les rebondissements liés au vaccin AstraZeneca. Dès le déploiement de la campagne de vaccination, j’étais réticent. En outre, je ne parle pas seulement d’AstraZeneca. Si on consulte le rapport de l’ANSM, on observe pas mal d’effets indésirables. Pour Pfizer, on recense plus de 250 décès… sur 5 millions de vaccinés. Certes, à ce jour rien ne prouve que le vaccin soit lié, mais ce n’est pas un risque négligeable selon moi.
Dr Raymond Betzinger, médecin généraliste
La première raison, pour laquelle je n’ai pas souhaité me faire vacciner, c’est que je suis immunisé par la maladie. Comme la majorité des pathologies infectieuses virales, la Covid-19 est une maladie immunisante, quoi qu’on ait pu dire. Au même titre que la varicelle, les oreillons, la rougeole, la rubéole, l’hépatite A et tout un ensemble de maladies virales aigües et immunisantes. J’ai contracté la Covid-19 en avril 2020. Selon moi, je suis immunisé. En outre, je suis relativement discipliné et je suis de façon rigoureuse les mesures de prévention, à savoir le port d’un masque efficace lorsque les circonstances se prêtent à la contamination. Ensuite, je m’efforce de respecter les distances et je suis vigilant quant à la désinfection des mains. Donc si vous ajoutez le fait que je sois immunisé, au fait de respecter les trois mesures qui sont le masque, la distanciation et l’hygiène des mains, je considère que je suis à l’abri d’une contamination et que, par ailleurs, je ne suis pas dangereux pour les autres. L’autre raison, c’est que ces vaccins, quoi qu’on s’en défende, ont quand même été fabriqués avec une précipitation et les essais de phase 3 [qui précèdent la commercialisation, ndlr] n’ont pas été complètement terminés. Cette étape a pour but de détecter les intolérances à moyen terme, qui n’apparaissent pas dans un court délai. Les vaccins contre la Covid-19 ne sont donc pas totalement sûrs. Par ailleurs, il y a toujours le risque d’impuretés relatif à la qualité de fabrication. Évidemment, on vous dira qu’on suit les procédures de fabrication, la traçabilité... Mais on sait très bien que lorsqu’on réalise des contrôles dans les laboratoires, on a parfois des surprises. Il y a toujours un risque d’impuretés dans les vaccins, lié au mode de fabrication. Ce qui peut impliquer des effets indésirables graves. Pr Stéphane Gayet, infectiologue, hygiéniste. À 50 ans, j’ai déjà contracté la Covid-19 à deux reprises. Une fois, cela a été très violent. La raison pour laquelle je ne me suis pas faite vacciner, c’est parce que je ne souhaitais pas réactiver l’inflammation avec une vaccination trop proche de l’infection. Il n’est, en effet, pas recommandé de vous faire vacciner pendant une infection, qu’il s’agisse du coronavirus ou d’une autre. Pour cette raison, je recommande aux personnes qui envisagent la vaccination de se faire tester la veille pour ne pas être porteur du virus au moment du vaccin, ce qui est dangereux. Ensuite, je suis réticente à la vaccination contre la Covid-19, car les vaccins sont très récents. Leur information génétique est expérimentale. Nous n’avons pas assez de recul sur les effets à moyens et longs termes. Je précise que je ne suis pas contre la vaccination de manière générale. Or, avec ce nouveau vaccin, j’estime qu’il faut rester prudent, notamment si on est jeune et qu’on ne présente pas de comorbidités. Le rapport bénéfice/risque doit avoir un bon équilibre. Je ne déconseille pas la vaccination aux personnes vulnérables : ces dernières doivent être protégées contre la Covid-19 à l’instant T. Or, j’encourage à la prudence les jeunes en âge de procréer et qui ont encore de nombreuses années à vivre. On ne sait pas réellement quels pourraient être les effets du vaccin dans 5 ou 10 ans. On se retrouve face à un produit de santé qui n’est pas totalement validé. Enfin, j’appelle les personnes vaccinées à rester confinées une semaine après l’injection pour la bonne et simple raison qu’elles auront tendance à être affaiblies. Avant que les anticorps ne fassent leur travail, elles seront plus vulnérables face aux virus qu’elles croiseront, que ce soit la Covid-19 ou un autre. Dr Céline Foster*, médecin généraliste *Pour des raisons d’anonymat, le nom a été modifié."Ces vaccins, quoi qu’on s’en défende, ont quand même été fabriqués dans la précipitation"
Vaccin : "j’encourage à la prudence les jeunes en âge de procréer"
Merci au Pr Stéphane Gayet, infectiologue, au Dr Raymond Betzinger, médecin généraliste et au Dr Céline Foster*, médecin généraliste
*Pour des raisons d’anonymat, ce nom a été modifié
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