L’épidémie actuelle du COVID-19 a conduit les autorités sanitaires à proscrire l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez des patients atteints ou potentiellement atteints par le coronavirus. En cause ? La survenue "d’événements indésirables graves" consécutifs à la prise de ces traitements.
Si cette mise en garde pourrait inciter les consommateurs à recourir aux solutions naturelles, perçues comme sans danger, telles que les compléments alimentaires, il vaut mieux s'abstenir. L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) vient de nous mettre en garde contre les compléments alimentaires contenant des plantes réputées pour leurs propriétés anti-inflammatoires.
"Certains compléments alimentaires contiennent des plantes possédant des propriétés anti-inflammatoires susceptibles d’agir comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ces plantes sont susceptibles de perturber les défenses naturelles de l’organisme, utiles pour lutter contre les infections et, en particulier, contre le COVID-19", avertit l'Anses dans un récent communiqué.
Au regard de l’évolution épidémique, l’Anses alerte sur les risques liés à la consommation des compléments alimentaires contenant des plantes pouvant interférer avec la réponse immunitaire et inflammatoire, utile pour lutter contre l'infection par le coronavirus SARS-CoV-2. Tour d'horizon des compléments alimentaires à éviter, dans notre contexte, à travers notre diaporama. Attention, cette liste n'est pas exhaustive.
Covid-19 : mise en garde contre les plantes analogues de l'aspirine et contenant des anti-inflammatoires végétaux
Des dispositions ont été prises par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé pour sécuriser l’utilisation des médicaments contenant du paracétamol ou des anti-inflammatoires non-stéroïdiens, notamment en les retirant de la présentation en libre accès dans les pharmacies.
En outre, plusieurs plantes ont été identifiées comme présentant des effets contre-productifs dans la défense contre le coronavirus. Il s’agit des plantes contenant des dérivés de l’acide salicylique (analogues de l’aspirine), mais aussi des plantes contenant d’autres anti-inflammatoires végétaux.
Par ailleurs, la méconnaissance de la composition de ces compléments alimentaires peut également conduire des consommateurs à poursuivre les prises de ces anti-inflammatoires végétaux et s’exposer ainsi à un risque de complications infectieuses.
Je prends régulièrement des compléments, dois-je cesser ?
"Bien que le niveau de connaissances disponibles soit inégal pour ces différentes plantes, les experts de l’Anses estiment qu’elles sont toutes susceptibles de perturber la réponse immunitaire et la réaction inflammatoire bénéfique développée par l’organisme au début des infections. Ils rappellent qu’une inflammation ne doit être combattue que lorsque celle-ci devient excessive".
Il est désormais recommandé :
- aux personnes consommant ces compléments alimentaires dans un but préventif de suspendre immédiatement la consommation de ceux contenant les plantes figurant dans notre diaporama, dès l’apparition des premiers symptômes du COVID-19 ;
- aux personnes consommant ces compléments alimentaires dans le contexte de pathologies inflammatoires chroniques de discuter impérativement avec leur médecin de la pertinence de poursuivre ou non leur consommation.
L'échinacée
L'échinacée - Echinacea purpurea (L.) Moench, Echinacea angustifolia DC. et Echinacea pallida (Nutt.) Nutt. (Asteraceae) - fait partie des plantes immunomodulatrices fréquemment utilisées dans la prévention et le traitement du rhume, de la grippe et des infections des voies respiratoires supérieures.
"Les alcamides, les polysaccharides, les glycoprotéines et les dérivés de l'acide caféique sont considérés comme les constituants les plus pertinents pour l'activité biologique de ces espèces", détaille l'Anses. L'effet stimulant et l'action immunomodulatrice augmentent les paramètres immunitaires cellulaires.
"Les préparations à base d’échinacées ont un effet immunostimulant dû en grande partie à la présence de polysaccharides, poursuivent les experts de l'Anses.
Le mécanisme immunomodulateur de la plante pourrait perturber la réponse immunitaire lors des infections au Covid-19. Les compléments alimentaires à base d'échinacée doivent donc être évités. Si vous les consommez dans le cadre d'une pathologie chronique, consultez votre médecin et voyez avec lui s'il convient ou non de poursuivre le traitement.
La griffe du chat, liane du Pérou
La griffe du chat, liane du Pérou - Uncaria tomentosa (Willd. ex Schult.) DC. (Rubiaceae, syn. Nauclea tomentosa Willd.; Ourouparia tomentosa (Willd.) K. Schum)- fait également partie des plantes dîtes immunomodulatrices. C'est une liane d’Amazonie péruvienne dont l’écorce est utilisée traditionnellement par voie orale comme emménagogue, anti-inflammatoire, immunostimulant, antiviral, ainsi que dans les ulcères gastriques, les diarrhées, l'asthme, les rhumatismes, l’arthrose et le diabète.
"Introduite à la fin des années 1980 en Europe et en Amérique du Nord, la plante a gagné en popularité notamment comme anti-inflammatoire, antitumoral et immunostimulant", précise l'Anses.
Les extraits d’Uncaria tomentosa riches en alcaloïdes, notamment de type pentacyclo-oxindolique ont des effets immunostimulants, qui pourraient potentiellement interférer avec votre immunité en cas de Covid-19. L'Anses met en garde contre les compléments alimentaires pourvus de cette plante.
La racine de réglisse
La racine de réglisse (Glycyrrhiza glabra L., G. uralensis Fisch. ex DC ; Fabaceae) fait partie des plantes anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS). La racine de réglisse est utilisée traditionnellement pour ses propriétés anti-ulcéreuses et pour le traitement symptomatique de la toux, par augmentation de la production de mucus, nous indique l'Anses.
La réglisse possède une activité de type corticoïde en raison de la présence de la glycyrrhizine et de l’acide glycyrrhétique.
L’utilisation de cette plante contre les infections virales, comme l’hépatite C, montre que la glycyrrhizine peut exercer des effets anti-inflammatoires sans modifier la charge virale, donc sans interférer avec les capacités de défense chez l’Homme.
"Cependant, son utilisation à trop forte dose dans le cadre de la consommation chronique d’aliments ou de compléments alimentaires expose à un risque d’hyperaldostéronisme secondaire (dysfonctionnement rénal), d’hypertension et d’hypokaliémie (diminution anormale du taux de potassium dans le sang) chez les populations à risque (hypertendus, personnes sous traitement hypokaliémiants...)", met en garde l'Anses.
En outre, cette plante a été identifiée par l'Anses comme présentant des effets contre-productifs dans la défense contre le coronavirus.
L'écorce de saule
L’écorce et les feuilles de saule (Salix spp. Salicaceae) fait partie des plantes à dérivés salicylés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). A titre d'information, les plantes à dérivés salicylés agissent comme une hormone de stress permettant de mettre en place une résistance systémique acquise lors d'une infection.
"L’écorce et les feuilles de saule sont traditionnellement utilisées pour soulager les douleurs articulaires mineures, les symptômes associés au rhume ou les maux de tête", décrit l'Anses.
Appartenant aux AINS, les compléments alimentaires à base d'écorce de saule impliquent un risque de perturbation de la réponse inflammatoire, notamment dans un cadre infectieux, surtout si le saule est associé à d’autres AINS ou AIV, ainsi qu’au paracétamol, alerte l'Anses. Dans le contexte actuel marqué par l'épidémie du Covid-19, les scientifiques proscrivent cette plante.
La Reine des prés
La Reine des près (Filipendula ulmaria (L.), Rosaceae) fait également partie des plantes à dérivés salicylés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Cette plante est traditionnellement utilisée dans le traitement des symptômes associés au rhume et dans le traitement des douleurs articulaires mineures. "La posologie recommandée est de 2 à 18 g de substance végétale en infusion ou 250 à 1500 mg de poudre de plante/jour (EMA 2011c)", détaille l'Anses.
Les compléments alimentaires à base de Reine des près sont susceptibles de perturber les défenses naturelles de l’organisme, utiles pour lutter contre les infections et, en particulier, contre le COVID-19.
L’écorce de bouleau
L’écorce de bouleau (Betula spp., Betulaceae) fait également partie des plantes à dérivés salicylés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Cette plante est traditionnellement utilisée pour traiter l’arthrose.
Les compléments alimentaires à base d'écorce de bouleau sont aussi susceptibles de perturber les défenses naturelles de l’organisme, utiles pour lutter contre les infections et, en particulier, contre le COVID-19.
La verge d'or
Toujours dans la catégorie des plantes à dérivés salicylés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les sommités fleuries de la verge d’or (Solidago virgaurea L., Asteraceae) sont traditionnellement utilisées pour drainer des voies urinaires et comme adjuvant dans le traitement des douleurs urinaires mineures.
Là encore, l'Anses met en garde contre les compléments alimentaires pourvus de la verge d'or, en cas d'infection au Covid-19.
La Polygala
"Les racines des plantes du genre Polygala (Polygalaceae) sont plus particulièrement utilisées en Asie, notamment en médecine traditionnelle chinoise, l’espèce principale étant P. tenuifolia Willd., plus connue sous le nom de Polygala radix (yuan-zhi). Leurs rhizomes sont notamment utilisés dans des pathologies inflammatoires", notifie l'Anses.
Cette plante appartenant à la catégorie des plantes à dérivés salicylés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), devrait aussi être contournée dans notre contexte de pandémie, d'après les experts. Cette dernière peut aussi interférer avec vos défenses immunitaires, utiles pour lutter contre le coronavirus.
Le peuplier
"Les écorces et les bourgeons de peuplier (Populus spp., Salicaceae) sont autorisés dans les compléments alimentaires en France. La Commission E allemande [conseil scientifique, ndlr] retient un usage des bourgeons de peuplier par voie externe dans le traitement des lésions cutanés superficielles, des hémorroïdes externes, des gerçures ou des coups de soleil ainsi qu’une utilisation en gargarisme en cas de laryngite", partage l'Anses.
Les différentes parties du peuplier contiennent des teneurs significatives en dérivés salicylés (principalement sous des formes glycosylées) avec cependant de fortes variations entre espèces et entre individus. Les activités anti-inflammatoires des extraits de peuplier (principalement de bourgeon) font de cette plante, une substance à contourner dans le contexte du Covid-19.
L'harpagophytum
La racine d’harpagophytum (Harpagophytum procumbens (Burch.) DC. et H. zeyheri Decne, Pedaliaceae) est traditionnellement consommée pour traiter les inflammations, fièvres, infections.
"La consommation d’harpagophytum entraîne une modification de la production d’eicosanoïdes et de cytokines impliquées dans la réponse inflammatoire", averti l'Anses. À éviter dans le contexte du Covid-19.
Le rhizome de curcumas
Le rhizome de curcumas (Zingiberaceae) est utilisé à la fois pour ses propriétés médicinales (Curcuma domestica Vahl [syn. Curcuma longa L.], Curcuma xanthorrhiza Roxb. [syn. C. zanthorrhiza Roxb. ou temoe-lawack) et alimentaires (C. longa L., C. xanthorrhiza Roxb. et C. zedoaria (Christm.) Roscoe).
Son usage médicinal est notamment destiné à traiter l’inflammation et les douleurs associées aux arthrites et aux rhumatismes. Le principe actif principal est la curcumine, soutient l'Anses.
"La curcumine semble bien tolérée, mais au vu des données expérimentales qui montrent qu’elle induit une réduction de la production des cytokines proinflammatoires, elle est susceptible d’exercer une modification des défenses immunitaires dans un contexte infectieux", relève encore l'Anses. Il est donc plus prudent d'éviter cette plante en cas de Covid-19.
L’Anses met en garde contre la consommation de compléments alimentaires pouvant perturber la réponse immunitaire, Anses, 17 avril 2020
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