Se faire dépister grâce à son haleine, "ce sera bientôt possible". C’est ce qu’assure au Figaro le professeur Djillali Annane, chef du service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches. Les chercheurs français sont en effet parvenus, avec l'équipe du professeur Stanislas Grassin-Delyle, pharmacologue à l'Hôpital Foch à Paris, à développer un prototype de dépistage basé sur l'odeur laissée par le virus chez les patients malades en analysant leur haleine. Les professeurs Djillali Annane et Stanislas Grassin-Delyle ont ainsi réussi à créer une signature olfactive de la Covid-19, c’est-à-dire à déterminer "l’odeur du virus".
Pour y parvenir, le Figaro rapporte que les chercheurs ont récupéré et stocké les souffles d’une quarantaine de patients, qui, "une fois analysées ont permis de définir une identité olfactive du virus". Un travail effectué grâce à un spectomètre de masse qui a livré une liste de molécules uniques laissées par le coronavirus dans le corps des patients atteints. Une technique qui n’est pas inédite puisque "ce n'est pas la première fois que la science s'intéresse aux odeurs laissées par un virus" selon le Professeur Annane. Cela a déjà été réalisé pour identifier et diagnostiquer la tuberculose et certains cancers comme celui du sein, du poumon ou de la prostate. Une technique déjà utilisée depuis mars dernier via des chiens renifleurs qui tentent de détecter les personnes atteintes du coronavirus.
Une sorte de "nez électronique" ressemblant à un alcootest
Le professeur Djillali Annane souhaite lui aller plus loin en créant une sorte de "nez électronique". En pratique, il faudra souffler dans un petit appareil ressemblant à un alcootest. Il déterminera, même sans symptômes, si la personne testée est porteuse ou non des molécules spécifiques au Covid-19 et donc du virus. Cette méthode rapide permettra un isolement plus précoce afin d’empêcher la propagation du virus.
Ces tests rapides pourront se réaliser en deux minutes et ne coûteront pas plus de dix euros, selon le Pr Annane. Le chef de service parisien est certain de leur utilité à long terme "car le virus ne va pas disparaître, même avec le vaccin" et précise qu’ils pourront être mis à disposition "dans les lieux à forte densité de population comme les centres commerciaux, les gares, métros et aéroports". Le Pr Annane espère obtenir les financements pour créer cette machine afin que ces tests Covid via l’haleine puissent être testés puis validés par les autorités sanitaires "d'ici le printemps prochain". Leur étude a été publiée EBioMedicine, la revue appartenant au groupe The Lancet.
Metabolomics of exhaled breath in critically ill COVID-19 patients: A pilot study, EBioMedicine, The Lancet, 4 décembre 2020.
Covid-19 : dépistage par l'haleine possible "d'ici le printemps prochain", Le Figaro, 8 décembre 2020.
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