Coiffure, coloration, propreté… Les cheveux en disent beaucoup sur le caractère et les états d’âme de leur propriétaire. En revanche, peu d’entre nous savent qu’ils sont aussi des témoins de notre santé.
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Les cheveux sont composés à 95% de kératine. Cette protéine naturelle protège la fibre contre les UV, l’eau de mer et autres agressions quotidiennes (pollution, froid…). On dénombre aussi 18 acides aminés comme la proline, la thréonine, la leucine ou encore, la plus présentée, la cystine responsable de la rigidité.
Les cheveux qui poussent en moyenne de 0,7 à 2 cm par mois, n’ont pas une croissance continue. Lorsque la personne n’a aucun souci de santé, ils suivent un cycle qui comprend 3 périodes :
- La phase anagène : c’est le stade où le cheveu est en pleine croissance. Il s’étend sur 2 à 5 ans en fonction des individus et du sexe. La période est, par exemple, plus longue chez les femmes. La majorité des fibres capillaires présentes sur notre crâne sont en phase anagène.
- La phase catagène : il s’agit d’un temps de repos pour les cellules. Le cheveu n’évolue plus. Cela dure environ 3 semaines.
- La phase télogène : après plus ou moins 3 mois de latence, le cheveu chute. Il laisse alors la place libre à un nouveau follicule en phase anagène.
Cheveux et santé : jusqu’à 150 000 “sondes” sur notre tête
En moyenne, 100 000 à 150 000 cheveux sont présents sur notre crâne. Nous en perdons environ 50 par jour. Cela peut monter jusqu’à une centaine à certaines périodes comme l’automne et le printemps.
Malheureusement, certains connaissent des pertes plus importantes et inquiétantes. "Le cheveu est essentiel dans notre vie. Auparavant, c’étaient surtout les femmes qui s’inquiétaient de leur perte, mais les hommes se montrent maintenant également très sensibles aux atteintes de leur chevelure", reconnaît le docteur Pierre Bouhanna dermatologue chirurgien exclusif du cuir chevelu et Directeur du Diplôme Universitaire de Pathologie et Chirurgie du Cuir chevelu à l’Université Paris-Sorbonne. Il ajoute : "il existe trois types d’atteintes de la chevelure : le dégarnissement définitif, le dégarnissement transitoire et la chute de cheveux physiologique qui ne va pas induire de dégarnissement".
Ces pertes peuvent avoir des origines héréditaires, mais pas uniquement. "Le cheveu est une véritable sonde. Étant implanté dans notre cuir chevelu, il est le reflet de notre organisme. Toute altération au sein de notre corps quelle qu’elle soit peut se répercuter sur notre chevelure".
Chute importante, baisse du volume… le cheveu peut dévoiler plusieurs troubles de santé. Toutefois, notre expert prévient : "il doit être examiné sur le plan clinique pour une connaissance juste du trouble. Par ailleurs, il est possible de réaliser une trichoscopie digitale. Grâce à une petite caméra, on capte plusieurs paramètres comme le diamètre ou l’aspect des cheveux. Cela permet de nous guider pour établir un diagnostic sur le dégarnissement qui inquiète le patient".
Chute de cheveux : attention aux carences
Vos cheveux sont de plus en plus clairsemés ou fins ? Le souci peut venir de votre assiette. En effet, votre toison a besoin d’une alimentation diversifiée pour garder sa vigueur. Une chute importante de cheveux peut être le résultat d’une carence en fer ou en vitamine D”, explique le docteur Pierre Bouhanna, dermatologue et chirurgien du cuir chevelu.
Le fer joue un rôle important dans la nutrition et l’oxygénation des cellules de reproduction de la chevelure. Les personnes en manque de fer sont susceptibles de souffrir d’une chute diffuse et continue ou d’avoir des cheveux plus fins et sans brillance. Il est possible de booster vos apports en fer en consommant de la viande rouge, des fruits de mer, du soja, des lentilles ou encore du chocolat noir.
Plusieurs études ont démontré que la vitamine D était impliquée dans la croissance des cheveux. Une carence en ce nutriment synthétisé principalement par la peau grâce au soleil, est assez fréquente dans l’Hexagone, surtout en fin d'hiver. Heureusement, certains aliments permettent de faire le plein comme les poissons gras, les jaunes d’œuf, le foie de veau ou encore les champignons.
Pour rester en bonne santé et éviter la chute, les follicules ont aussi besoin de plusieurs nutriments comme le zinc, le cuivre, la vitamine A ou encore le bêta-carotène.
“Il ne faut pas hésiter à faire des bilans sanguins ou hormonaux dès qu’on remarque une chute ou un changement de vitalité des cheveux”, conclut le dermatologue.
Grippe, fièvre et même stress
Les alopécies diffuses sont des calvities provoquées par une chute de cheveux, plus ou moins régulière. Elles ne sont pas héréditaires, mais directement liées au fonctionnement de l’organisme. Ces dernières sont susceptibles d’être causées par une fièvre importante et longue (plus de 39,5° C). Les maladies comme la grippe, la fièvre typhoïde ou encore la scarlatine peuvent aussi être en cause.
Et ce ne sont pas les seules infections qui mettent à mal les chevelures. “ En ce moment, je vois beaucoup de patients qui ont eu la covid-19. On a constaté deux types de chute : une accentuation du dégarnissement définitif ou une chute de cheveux importante mais temporaire. Il peut aussi y avoir une perte de volume aussi”, remarque le Dr Pierre Bouhanna. Il reconnaît : “nous ne savons pas encore pourquoi certains malades du COVID-19 souffrent de cette perte de cheveux. Toutefois, nous avions remarqué ce signe avec les grippes sévères depuis longtemps”, ajoute l’expert.
Le stress aussi
Si vos cheveux tombent en masse… vous êtes peut-être tout simplement soumis à un stress intense, sous le coup d’un choc émotionnel ou d’une opération chirurgicale. En effet, ces vives émotions sont capables de causer un effluvium télogène. C’est-à-dire un dérèglement du cycle capillaire. Les follicules pileux ne fonctionnent plus, ce qui provoque une perte de cheveux abondante et non localisée sur certaines zones du crâne.
Le cortisol présent dans les cheveux aide à détecter le stress chronique
Une étude islandaise et mexicaine publiée dans la revue PLOS Global Public Health le 3 août 2022 s’est intéressée à la manière dont le stress pouvait se détecter par les cheveux.
La recherche s’est appuyée sur l’observation de 1 279 femmes, dont 881 domiciliées au Mexique et 398 en Islande. Les scientifiques ont analysé leurs échantillons de cheveux en se concentrant sur les trois premiers centimètres. Les participantes ont également dû remplir un questionnaire sur leur santé mentale et évaluer leur état de stress. Les experts ont ensuite analysé la concentration de cortisol (hormone du stress) présente dans la chevelure des volontaires en la comparant à leurs réponses.
Les résultats ont révélé chez les Mexicaines un taux de cortisol légèrement plus élevé que chez les Islandaises. Les chercheurs ont également observé dans les cheveux des personnes les plus stressées un taux de cortisol de 24,3%.
“Cette étude soutient l'hypothèse que la concentration de cortisol dans les cheveux est un biomarqueur fiable pour détecter le stress chronique", ont conclu les auteurs.
Des traitements mal supportés
Si votre crinière fait grise mine, regardez du côté de votre pilulier. "Beaucoup de chutes de cheveux sont aussi liées à des médicaments, précise le docteur. D’autant plus que l’automédication est une pratique assez fréquente. Les patients prennent des traitements sans vérifier les possibles effets secondaires”.
La problématique de l’automédication et de la perte des cheveux s’observe entre autres avec l’ibuprofène. En effet, la perte de la masse capillaire est un des effets secondaires connus de cet anti-inflammatoire non-stéroïdien.
On peut aussi pointer du doigt certains médicaments anticholestérolémiants (certains fibrates comme Befizal®, Lipanor® ou des statines comme Pravadual®, Pravastatine Gé®...). Ils sont parfois responsables de démangeaisons crâniennes et de chutes de cheveux.
Certains antidépresseurs (le Lithium, paroxétine, sertraline, amitriptyline, fluoxétine), les pilules contraceptives ayant un effet androgène, les traitements pour la thyroïde, contre l’épilepsie ou encore les migraines ont également cet effet secondaire gênant. Des pilules contraceptives notamment celles ayant un effet androgène.
"Par ailleurs, il y a une nouvelle forme de chute de cheveux chez les femmes qui ont un cancer du sein. Avant, il y avait une repousse, avec les nouvelles thérapies, la perte peut déboucher sur l’absence de traitement contre ce dégarnissement. Toutefois, nous avons mis au point une greffe qui permet de les aider à retrouver leur chevelure", ajoute le spécialiste.
Des problèmes hormonaux
Les cheveux sont sensibles aux variations hormonales. Ils sont avant tout affectés par la testostérone. Cette hormone sexuelle masculine a tendance à les rendre gras, mais surtout à les faire tomber. Les hommes et les femmes qui présentent des taux élevés, ont une chevelure plus clairsemée, voire une calvitie.
Ainsi chez la gent féminine, l’alopécie androgénétique qui se caractérise par une prédisposition génétique et l’action des androgènes (hormones sexuelles mâles), survient le plus souvent après la ménopause. En effet, les femmes ont un taux d’œstrogènes plus bas alors que celui des androgènes reste stable. Cela favorise la chute des cheveux.
La perte de masse capillaire peut aussi être le signe d’un syndrome des ovaires polykystiques qui se caractérise entre autres par un excès d'androgènes.
Les troubles endocriniens touchant la thyroïde sont également susceptibles d’être en cause. Il ne faut donc pas hésiter à faire une prise de sang pour vérifier vos taux hormonaux et consulter un spécialiste si les troubles s’éternisent.
Des maladies auto-immunes
La perte de cheveux, l’apparition de cicatrices/lésions sur le cuir chevelu doivent attirer l’attention. Il peut, en effet, s’agir des signes d’une maladie auto-immune. Dans ce cas, les anticorps attaquent les follicules, ce qui conduit à leur chute.
Deux pathologies sont connues pour leurs effets néfastes sur les chevelures :
- Le lupus : il provoque une alopécie diffuse. Elle survient généralement lors des poussées de la maladie ou jusqu’à 3 mois après.
- Le lichen plan pilaire : cette forme de lichen plan touche les follicules pileux. Des plaques apparaissent sur le cuir chevelu et provoquent leur chute. Si la pathologie n'est pas traitée, elle peut conduire à une alopécie cicatricielle définitive.
Le Dr Pierre Bouhanna conclut : "D’une manière générale, si la chute de cheveux dure et/ou est importante, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste. Il fera les examens nécessaires pour apporter un diagnostic précis et proposer un bilan thérapeutique adapté (traitement, injection, greffe…)".
Merci au Dr Pierre Bouhanna, Dermatologue et chirurgien du cuir chevelu.
Vous pouvez le retrouver sur son site
https://journals.plos.org/globalpublichealth/article?id=10.1371/journal.pgph.0000571
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