Dans son numéro du mois de mai 2021, le magazine 60 millions de consommateurs publie une enquête sur les examens médicaux, dont un certain nombre seraient inutilement prescrits. Elle s’appuie notamment sur un rapport de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), qui dresse la liste non exhaustive des examens les plus souvent prescrits en dehors des indications validées. Tour d’horizon dans notre diaporama.
20 % des actes médicaux sont injustifiés
Selon l’Irdes, 20 % des actes médicaux sont injustifiés - examens et soins confondus. Un point sur lequel s’accordent la Fédération hospitalière de France et l’Académie de médecine, qui avaient déjà pointé du doigt la pratique excessive de bilans sanguins et d’échographies… De même que la Cour des comptes, qui estimait en 2016 que 40 % des actes d’imagerie médicale étaient évitables.
Or, “chaque année, l’Assurance maladie dépense environ 3 milliards d’euros pour les examens biologiques et 6 milliards pour l’imagerie médicale”, rappelle 60 millions de consommateurs, qui pointe également le coût environnemental lié aux examens inutiles, le stress qu’ils génèrent ou les possibles erreurs d’interprétation des résultats.
Dépistages inutiles : attention au surdiagnostic
Autre danger : le surdiagnostic. Autrement dit, le fait de diagnostiquer des maladies bénignes ou des anomalies qui n’auraient, normalement, “jamais fait parler d’elles”. Ce qui génère des conséquences psychologiques, mais aussi des traitements “inutiles, voire dangereux”.
À titre d’exemple, le magazine explique qu’entre 2008 et 2012, pas moins de 25 000 Françaises ont subi une ablation de la thyroïde en raison d’une tumeur bénigne, ce qui les oblige à suivre un traitement à vie.
Les bonnes questions à poser avant un examen, selon 60 millions de consommateurs
Bien sûr, il ne s’agit de renoncer à tout examen de dépistage - ces derniers étant essentiels pour mettre en lumière d’éventuelles maladies graves. Mais de ne plus y recourir en l’absence de facteur de risque et en dehors des indications validées par la communauté médicale.
Aussi, 60 millions de consommateurs liste sept questions à poser à votre médecin avant de réaliser tout examen, afin de vérifier s’il est important et indispensable. À savoir :
- Pourquoi dois-je réaliser cet examen ou cette analyse ?
- Que recherche-t-on ?
- En quoi cela va-t-il orienter ma prise en charge ou mon traitement ?
- Quelles sont les solutions autres ?
- Peut-on obtenir la même réponse autrement ?
- Quels sont les risques auxquels je m’expose en réalisant ou pas cet examen ou cette analyse ?
- Quel est le degré d’urgence à le(la) réaliser ?
Découvrez sans tarder la liste des examens sanguins et d’imagerie médicale les plus fréquemment prescrits inutilement, dans notre diaporama.
Le dosage de la vitamine D
Le dosage de la vitamine D est souvent prescrit en dehors des indications validées, à savoir : une confirmation de diagnostic, avant l’instauration de certains traitements, ou dans le cadre d’un suivi postopératoire. II est, en revanche, inutile s’il cherche juste à suivre votre statut vitaminique ou avant une éventuelle supplémentation.
Le dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA)
Le dosage du PSA est souvent prescrit en dehors des indications validées, selon l’Irdes.
Les examens thyroïdiens
Certains examens thyroïdiens sont souvent prescrits en dehors des indications validées, selon l’Irdes.
Les bilans sanguins de l’activité hépatique
Les bilans sanguins de l’activité hépatique sont souvent prescrits en dehors des indications validées, selon l’Irdes.
Le bilan d’hémostase avant une anesthésie
Le bilan d’hémostase est souvent pratiqué avant une anesthésie, alors que la Société française d’anesthésie et de réanimation ne recommande pas son recours systématique.
La détermination du groupe sanguin pré-anesthésique
La détermination du groupe sanguin est souvent pratiquée avant une anesthésie, alors que la Société française d’anesthésie et de réanimation ne recommande pas que cela soit fait de façon systématique. Et pour cause, la plupart des gens connaissent déjà leur groupe sanguin et, comme celui-ci ne change pas au cours de la vie, inutile de refaire cet examen.
La radiographie du crâne
La radiographie du crâne est quasi-systématique après un traumatisme crânien, alors qu’une surveillance clinique, voire un scanner sont normalement indiqués.
Les radiographies du dos pour une lombalgie
“Alors que l’imagerie du rachis n’est pas recommandée pour une lombalgie sans signes d’alerte dans les cinq premières semaines, on observe que 63 % des arrêts de travail pour lombalgie sont suivis d’un examen radiologique dans le mois suivant l’arrêt”, explique l’Irdes. Pour les patients entre 20 et 55 ans, le premier réflexe doit être la prise en charge de la douleur et l’immobilisation.
Les radios pulmonaires sans symptôme
Des radios pulmonaires de dépistage d’un cancer sont parfois réalisées chez des patients sans symptôme ou à faible risque.
L’ostéodensitométrie post-ménopause
L’ostéodensitométrie est régulièrement prescrite à des patientes ménopausées qui ne présentent pas de facteur de risque d’ostéoporose.
Les échographies
L’Irdes pointe le recours croissant à cet examen médical, dont la proportion augmente de 2 % par an. D’après 60 millions de consommateurs, il s’agit du plus gros poste de dépense de l’Assurance maladie en matière d’imagerie médicale.
60 millions de consommateurs n° 569, mai 2021, en kiosques le 29 avril.
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