Les erreurs médicales les plus fréquentes
Sommaire

Oubli d'instrument, surdosage médicamenteux... : c'est courant !

Les erreurs médicales suite à une intervention chirurgicale, une injection ou une perfusion représentent 60 000 à 120 000 cas en 2009. Appelées également événements indésirables graves associés aux soins (EIG), ces erreurs sont le plus souvent consécutives aux soins prodigués lors d’un séjour ou résultent de soins préalables à l’hospitalisation. Elles peuvent aussi être causées lors d’une prise en charge en médecine ambulatoire.

Les risques portent sur les opérations chirurgicales (oubli d’un instrument par exemple), actes de radiologie (surdosage notamment), mauvaise pose de cathéter

Actu : En mars 2011, un chirurgien a été mis en examen à La Réunion après avoir enlevé le mauvais rein à un patient !

Erreurs médicales : éviter l’hôpital en juillet !

D’après une étude américaine (2), le nombre de décès causés par des erreurs médicales accroît de 10% en juillet, surtout dans les hôpitaux universitaires permettant la formation des jeunes internes. Avant de tirer ces conclusions, les chercheurs américains ont étudié les dossiers médicaux de 244.388 patients décédés des suites d’une erreur médicale entre 1979 et 2006.

Cette étude démontre que l’arrivée de la nouvelle vague annuelle d’internes en médecine, généralement pendant l'été, serait en partie responsable de l’augmentation des erreurs médicales mortelles. Pour y remédier, les auteurs de l’étude conseillent de réévaluer les responsabilités confiées aux nouveaux internes, de mieux les faire surveiller par les titulaires et de proposer une formation accrue sur la sécurité médicale.

(2) Etude du Dr. David Phillips et Gwendolyn Barker de l’Université de Californie, parue dans le "Journal of General Internal Medicine ".

90 000 cas d'erreurs médicales dues aux produits de santé

Les événements indésirables graves associés aux soins (EIG) causés par des produits de santé représentent 30 000 à 90 000 cas en 2009. Ils peuvent survenir au cours d’une hospitalisation, suite à une hospitalisation ou suite à une prescription d’un médecin. Les erreurs médicales survenues après un séjour à l’hôpital représentent 4,5% des admissions à l’hôpital en France.

Les erreurs médicales dues aux produits de santé concernent surtout les médicaments avec les risques de mauvais dosage, allergie à une substance ou erreur de patient. Mais aussi toutes les erreurs médicales consécutives à la pose d’un dispositif médical implantable (prothèse, implant..), l’utilisation de laser, d'un perfuseur, de produits sanguins, de produits diététiques…

Actu : A la Rochelle, une femme âgée de 71 ans, atteinte d'un cancer, est décédée en février 2011 après avoir reçue une surdose accidentelle de morphine par une infirmière.

Les maladies nosocomiales : 5 000 à 10 000 morts par an

Les maladies nosocomiales causent de 5 000 à 10 000 morts par an selon l’enquête menée par le CCLIN Paris-Nord (Centre de coordination et de lutte contre les infections nosocomiales). C’est la principale cause de décès suite à des soins médicaux inappropriés et leur nombre augmente avec l’utilisation de cathéters urinaires, pose de prothèses et perfusions, et prise en charge de patients plus fragiles. De manière générale, les infections associées aux soins représentent de 20 000 à 70 000 cas en 2009.

L’infection nosocomiale se définit comme une infection qui n’existait pas lors des 48 premières heures à l’hôpital. Elle est principalement causée par des germes comme des staphylocoques, candida ou listeria. La contamination peut survenir pendant une opération chirurgicale ou lors de soins préventifs ou curatifs.

Actu : Quatre personnes sont décédées en février 2011 dans des hôpitaux provençaux à cause de l’acinétobacter baumannii qui a affecté les patients en service de réanimation.

Chirurgie et obstétrique : les spécialités les plus à risque

Deux spécialités médicales sont davantage concernées par le risque d’erreurs médicales : les obstétriciens et les chirurgiens. Un chirurgien serait statistiquement mis en cause 17 fois dans sa carrière, les chirurgiens esthétiques onze fois et les obstétriciens six fois.

Pour se prémunir contre toute poursuite dues à des anomalies non détectées, les échographistes multiplient les actes et les examens. Résultat : les assurances de ces spécialités augmentent et de moins en moins d’internes s’y intéressent.

De plus, d’après l’Enquête Nationale sur les évènements indésirables associés aux soins dans les établissements de santé (1), les EIG sont plus fréquents dans les centres hospitaliers qu’en clinique. "La plus grande complexité des cas pris en charge et leur caractère souvent urgent est très probablement un facteur explicatif de ce résultat", avancent les auteurs de l’étude.

(1) Enquête Nationale sur les évènements indésirables associés aux soins dans les établissements de santé

La moitié des 'évènements indésirables' ne seraient pas évitables

Parfois malgré des soins optimaux, des événements indésirables graves associés aux soins (EIG) peuvent survenir. Ils sont plus fréquents dans les cas les plus graves ou complexes, mais aussi lors d’actes de soins qui présentent des risques mais avec un bénéfice escompté supérieur. Sur les 275 000 à 395 000 cas d’EIG survenus pendant une hospitalisation par an, près de la moitié sont dits 'non évitables'.

On ne peut pas dans ce cas parler d’ 'erreurs médicales' au sens strict car le risque est connu et calculé afin d’être évité au maximum. Les aléas sont dus le plus souvent à la fragilité du patient, ce qui représente 80% des EIG identifiés pendant l’hospitalisation, mais aussi son âge avancé ou encore son comportement tel que le refus de soin (dans 1/5 des cas). Ces EIG ont lieu le plus souvent pendant ou à la suite d’une opération chirurgicale lourde.

Erreurs médicales : quelles sont les conséquences santé ?

Les conséquences santé d’une erreur médicale dépassent souvent la simple prolongation d’hospitalisation. 4,5 % des hospitalisations sont consécutives à un événement indésirable grave des suites d'un acte médical raté : mauvais diagnostic, mauvais traitement, mauvaise prévention…

Les autres conséquences oscillent entre des incapacités et la mise en jeu du pronostic vital voire le décès. On compte entre 10 000 et 20 000 personnes qui meurent chaque année des suites de ces erreurs médicales. Ce chiffre a plus que doublé en 20 ans selon les statistiques du Sou Médical-Groupe MACSF qui assure 70% des médecins français.

Erreurs médicales : comment les expliquer ?

Les causes profondes des erreurs médicales sont très partagées. D’après l’Enquête Nationale sur les évènements indésirables associés aux soins dans les établissements de santé, "dans environ un quart des cas, ont été citées les défaillances humaines des professionnels, la supervision insuffisante des collaborateurs et la communication insuffisante entre professionnels".

A un moindre degré, on trouve également des infrastructures inappropriées (17,2 %), une composition inadéquate des équipes (16,1 %), une mauvaise définition de l’organisation et de la réalisation des tâches (12,6 %) et un défaut de culture qualité (8%).

En clair, des antécédents médicaux non signalés à un nouveau médecin, un personnel insuffisant, des négligences, un matériel en mauvais état… la liste est longue !

Quels sont les recours en cas d’erreur médicale ?

Il y a trois recours possible en cas d’erreur médicale avérée. En premier lieu : la transaction à l’amiable directement avec le médecin ou via l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) crée en 2002 par Bernard Kouchner.

En moyenne, l'ONIAM traite 3000 dossiers et en particulier les cas d’aléa thérapeutique indépendant d’une faute professionnelle.

Si l’accord à l’amiable est impossible, le patient ou la famille du patient victime d’une erreur médicale peut porter l’affaire devant la Commission de conciliation et d'indemnisation. La CRCI est composée de représentants des usagers, de professionnels de santé et d’établissements de santé. Mais dans ce cas, l’erreur doit être importante et avoir nécessité un arrêt de travail supérieur à 6 mois.

Troisième solution : si l’assurance du médecin refuse de payer l’indemnité réclamée par la CRCI, le patient peut se tourner vers le tribunal administratif dans le cas d’un litige avec un hôpital public ou le tribunal de grande instance si c'est un établissement privé.

On estime que les erreurs médicales coûtent 69 millions d'euros par an en comptant les primes d'assurance des médecins. Pour vous aider dans vos démarches, vous pouvez aussi faire appel à l'AAVAC (Association d'Aide aux Victimes d'Accidents Corporels.)

Quelles sont les solutions mises en place pour éviter les erreurs médicales ?

Depuis janvier 2010, la Haute Autorité de santé a mis en place une 'check list' destinée à tous les blocs opératoires. Elle permet le partage d’informations entre les médecins, chirurgiens, infirmières mais aussi d’établir une liste du matériel médical (compresse, bistouri…) utilisé avant et après une opération chirurgicale, dans le but d’éviter les 'oublis fâcheux'.

Il y a aussi le dossier médical personnel en ligne qui sera mis en place dans toute la France au printemps 2011. Accessible grâce à la nouvelle carte vitale, il permettra automatiquement aux professionnels de santé de connaître vos antécédents médicaux, éventuelles allergies et ainsi de limiter notamment les erreurs médicales liées aux produits de santé.

Sources

"Erreurs médicales", de Patrick de la Grange et Fabrice Papillon, éd. Nil, 2008 

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