Un tiers de l'eau potable en France contaminée par un pesticide cancérigène

"Le laboratoire d’hydrologie de l’Anses mène régulièrement des campagnes pour mesurer, dans l’eau destinée à la consommation humaine, la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers", explique l'Anses.

Dans un rapport publié aujourd'hui, l'Anses annonce qu'un tiers de l'eau potable de l'Hexagone est polluée par des pesticides, plus précisément le chlorothalonil R471811, un pesticide commercialisé par Syngenta interdit dès 2019 en Europe et classé "cancérigène probable" depuis 2018 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).

Pour arriver à ses conclusion, l'Anses a analysé plus de 150 pesticides et métabolites de pesticides, ainsi que d’une cinquantaine de résidus d’explosifs.

Certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l’environnement plusieurs années

"Les prélèvements ont notamment concerné 157 pesticides et métabolites de pesticides, c’est-à-dire des composants issus de la dégradation des produits phytopharmaceutiques. 89 d’entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées", indique l'Anses dans son rapport.

Le métabolite du chlorothalonil R471811 a retenu l’attention des scientifiques.

Ce métabolite est issu de la dégradation dans l’environnement du chlorothalonil, un fongicide interdit en France depuis 2020. "Ces résultats attestent qu’en fonction de leurs propriétés, certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l’environnement plusieurs années après l’interdiction de la substance active dont ils sont issus", ajoute l'Anses.

Actuellement, il n'est pas possible de déterminer précisément le pourcentage de la population concernée. Or, on peut attester que 34% de l'eau potable serait concernée en France. "Plus de la moitié de la population française est concernée", a estimé de son côté le responsable technique d’un gros opérateur public, qui s'est exprimé anonymement auprès du Monde.

Une étude menée par l'UFC Que Choisir publiée en 2019 permettait toutefois de se faire une idée des régions où la qualité n’est pas toujours optimale : résidus de pesticides, de nitrates, de calcaire... Découvrez en image les régions les plus touchées. Nous ne sommes en revanche pas en mesure de savoir quelles sont les régions exposées au chlorothalonil R471811.