Un test cible plus précisément le cancer de l’ovaire chez la femme ménopauséeImage d'illustrationIstock
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Parmi tous les cancers gynécologiques, celui-ci se développe silencieusement laissant souvent les femmes sans voix. "Il arrive que des patientes arrivent dans mon cabinet et ne comprennent pas pourquoi elles n’ont rien ressenti", raconte le Dr François Zaccarini, chirurgien gynécologique spécialisé en oncologie. En France, environ 5 348 nouveaux cas de cancers de l'ovaire ont été rapportés pour l'année 2023 avec un diagnostic qui se fait souvent à un stade avancé. Dans une étude publiée en octobre 2024 dans la revue The Lancet, des scientifiques britanniques ont voulu comparer tous les tests actuellement disponibles pour diagnostiquer ce type de tumeur chez les femmes ménopausées. Et le modèle IOTA ADNEX apparaît comme celui le plus efficace.

Ce score permet plus précisément de classifier une lésion et de visualiser le pourcentage de risque de la patiente au regard d’une moyenne globale. "Il prend en compte plusieurs caractéristiques comme l’aspect de la tumeur, l’âge de la femme, le nombre de kystes présents, la protéine CA125 (un marqueur tumoral du cancer ovarien), le type delésion et la présence d’ascite, un liquide dans l’abdomen qui traduit une anomalie", explique le Dr François Zaccarini.

"Ce test est intéressant pour faire un tri en fonction de la gravité des lésions. Cependant il ne permet pas de les prévenir, ni de les diagnostiquer plus tôt"

Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques britanniques ont recruté 1 242 patientes ménopausées entre 2015 et 2018, dont 215 avaient un cancer de l'ovaire primaire. "Pour 166 participantes, des résultats manquaient ou n'étaient pas concluants. Elles ont alors été exclues de l'analyse", ont précisé les chercheurs. Les 1 076 femmes incluses dans les travaux présentaient des symptômes non-spécifiques ou des résultats d'échographie anormaux, qui avaient été adressées à 23 hôpitaux du Royaume-Uni. Elles ont dû remplir un questionnaire sur leurs symptômes, donner un échantillon de sang et faire des échographies transabdominales et transvaginales réalisées par des échographistes certifiés.

Les chercheurs en ont conclu que le protocole d'échographie IOTA ADNEX a atteint une précision de 96 % lorsqu'il est utilisé par des échographistes qui présentent une formation spécifique à cette recherche. "Ce test est intéressant pour faire un tri en fonction de la gravité des lésions. Cependant il ne permet pas de les prévenir, ni de les diagnostiquer plus tôt", souligne le Dr Zaccarini.

Quatre symptômes auxquels vous devez être attentif

Pour ce spécialiste en oncologie, il est important de faire une différence entre le dépistage et le diagnostic. "Un dépistage s’organise en amont de l’arrivée de symptômes. À l’inverse, un diagnostic s'établit sur les plaintes d’une patiente", explique-t-il. "Dans le cas du cancer de l’ovaire, il n'y a pas de dépistage qui fonctionne. On pourrait faire des échographies tous les ans, ça ne fonctionnerait pas à part augmenter l’anxiété des femmes, car la lésion se propage très rapidement dans l’abdomen", indique-t-il.

Selon les conclusions d'une autre étude publiée dans l'International Journal of Gynecological Cancer et menée par des chercheurs de l'université de Birmingham au Royaume-Uni, il serait possible de détecter le cancer de l'ovaire à un stade précoce grâce à la présence de certains symptômes précis de manière fréquente et/ou régulière. Parmi les signes, les chercheurs ont examiné attentivement les femmes qui ont rapporté la présence de ballonnements, de douleurs abdominales, d'une envie fréquente d'uriner et d'une sensation de satiété rapide.

Détection d’un cancer de l’ovaire séreux de haut grade à un stade précoce chez 1 femme sur 4

"Nos résultats démontrent qu'une femme sur quatre diagnostiquée avec un cancer de l'ovaire séreux de haut grade par la voie rapide après un test déclenché par les symptômes a reçu un diagnostic de maladie à un stade précoce. Les tests déclenchés par les symptômes peuvent aider à identifier les femmes ayant une faible charge de morbidité, contribuant potentiellement à des taux élevés de cytoréduction : une diminution du volume de la tumeur", notent les auteurs de cette étude.

D’après l’institut Curie, 90 % des tumeurs malignes de l’ovaire sont des cancers épithéliaux, dont les deux tiers sont des carcinomes séreux de haut grade. Dans 10 à 15 % des cas, ce cancer survient du fait de prédispositions génétiques. Les femmes porteuses d’une altération du gène BRCA1 ou BRCA2, présentent un risque plus élevé vers 50 ans. "Pour ces patientes, nous avons aujourd’hui la possibilité de prévenir la maladie avant qu’elle ne survienne en pratiquant une ablation des ovaires à partir de 40 ans", conclut le Dr François Zaccarini.

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