- 1 - Les autorités conseillent un usage limité
- 2 - Des risques de cancer prouvés !
- 3 - Maux de tête… vue de l’esprit ?
- 4 - Quelle est la durée à ne pas dépasser ?
- 5 - Des régions plus à risques…
- 6 - Faut-il faire confiance aux études ?
- 7 - Des enjeux financiers
- 8 - Les antennes relais innocentées ?
- 9 - Wifi, télé, radio… aussi à risques ?
- 10 - D’autres soupçons…
Les autorités conseillent un usage limité
Suite à la publication de plusieurs études scientifiques très sérieuses, le ministère de la Santé vient d’émettre de nouvelles recommandations concernant l’usage des portables. Il prône notamment l’utilisation modérée du mobile ou de ne pas y exposer les enfants. Il précise également que l’hypothèse d’un risque ne peut "pas être complètement exclue". Mais contre toute attente, il estime aussi qu’ "il faut attendre" de nouveaux résultats scientifiques… Ainsi, curieusement, le principe de précaution qui vaut pour la grippe aviaire (on a déjà mis en réserve des stocks de masques et de médicaments) ne s’applique pas à la téléphonie mobile. Et pourtant...
Des risques de cancer prouvés !
Le site de l’Institut national du cancer est clair... Parmi les champs électromagnétiques sur lesquels repose la téléphonie mobile, "certains (…) ont été reconnus comme potentiellement cancérigènes"… D’où la mise en place par l’OMS du programme international Interphone. L’enquête est en cours, mais certains de ses travaux confirment déjà des risques. Voici les conclusions partielles de l’équipe lyonnaise Interphone : "l’analyse des gliomes (cancer du cerveau) montre une proportion plus importante d’utilisateurs réguliers chez les cas (61,5 %) que chez les témoins (56,3 %)". Et c’est pire du côté des chercheurs israéliens qui notent un risque de
tumeursalivaire supérieur de 50 % chez certains utilisateurs réguliers !
Maux de tête… vue de l’esprit ?
Il existe de nombreux témoignages de maux de crânes, de troubles du sommeil et de la mémoire… mais officiellement, rien n’est prouvé. "Il est vrai qu’on trouve beaucoup d’études sur la question, explique Martine Hours, médecin épidémiologiste, coordinatrice de l’enquête Interphone Lyon… mais peu sont de qualité ! Je n’en connais qu’une, autrichienne, qui ait vraiment démontré… un petit quelque chose. Toutefois, ce seul travail ne peut suffire à tirer des conclusions sérieuses !" De son côté, l’Afsset reconnaît bien la réalité des symptômes, "mais nous n’avons pas la preuve qu’ils soient liés aux ondes électromagnétique, insiste Olivier Merckel. Ils seraient dus à des raisons extérieures, de pollution ou psychosomatiques".
Quelle est la durée à ne pas dépasser ?
Pour Olivier Merckel, de l’Afsset : "Même en admettant qu’il y ait un risque, il nous est très difficile de parler de durée. L’intensité des radiofréquences serait davantage à prendre en compte que le temps d’appel car il ne pourrait y avoir de cumul…". Et pourtant, l’étude Interphone israélienne conclut, elle, à une augmentation de certains cancers chez les gros consommateurs. "L’enquête prenait en compte les utilisateurs s’exposant depuis plus de dix ans, au moins vingt-deux heures par mois…", précise Martine Hours, coordinatrice d’Interphone France.
Des régions plus à risques…
Des travaux israéliens viennent de démontrer une augmentation des risques de certains cancers de 50 % chez les gros utilisateurs en zones rurale et mixte (ville-campagne). Pourquoi ? "Parce que plus les émetteurs sont rares, comme c’est le cas en région rurale, plus le signal doit être intense, d’où une exposition supérieure", explique Olivier Merckel de l’Afsset. C’est pour cette même raison que l’Institut national du cancer recommande, en plus du port du kit piéton, d’éviter de téléphoner dans de mauvaises conditions (dans le train ou en marchant par exemple...).
Faut-il faire confiance aux études ?
Compte tenu de la réaction des autorités de santé malgré les résultats de certaines études, on peut évidemment s’interroger sur leur fiabilité... et leurs sources de financements ! Certaines associations accusent les scientifiques d’être à la solde des opérateurs. Les chercheurs s’en défendent. Martine Hours (Interphone) explique que "s’il faut attendre de nouvelles données, c’est parce qu’on ne peut pas conclure sur une unique étude". Toutefois, Olivier Merckel de l’Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et de travail) précise : "Les fonds proviennent en partie de capitaux privés, les deniers publics ne sauraient suffire !"
Des enjeux financiers
"L’hypothèse d’un risque ne pouvant pas être complètement exclue (…) le ministère de la Santé (…) invite les familles et les parents à la prudence et au bon usage dans leurs achats". Tels sont les termes du communiqué paru sur le site de l’institution, le 2 janvier. Certaines associations n’ont pas manqué de souligner la diffusion tardive de ce conseil… après les fêtes, c’est-à-dire après l’une des périodes d’achat massif de portables ! Il est vrai que les opérateurs ont un poids économique impressionnant... A elle seule, l’entreprise France Télécom affiche un chiffre d’affaires pour sa partie mobile de 27,74 milliards d’euros en 2006.
Les antennes relais innocentées ?
Certaines communes ont interdit l’implantation d’antennes relais près de crèches et d’écoles, et de nombreux riverains se plaignent d’effets secondaires (maux de tête, troubles du sommeil…). Les opérateurs, eux, se veulent rassurants. Toutefois, "nous ne pouvons pas affirmer qu’elles n’ont aucun effet sur la santé, explique Olivier Merckel de l’Afsset. On n’est jamais sûr de rien... même si nous avons surtout des doutes concernant les téléphones portables ! L’exposition à laquelle ils soumettent l’usager est en effet nettement supérieure à celle des antennes relais…"
Wifi, télé, radio… aussi à risques ?
Les effets potentiels des radios ou télés sur l’organisme ne sont pas comparables à ceux du portable. Un, ces appareils n’utilisent pas les mêmes fréquences. Deux, ils se contentent de réceptionner les ondes partant d’un émetteur (à Paris, la tour Eiffel par exemple)… alors que le mobile, lui, réceptionne et émet à la fois, ce qui exposerait davantage l’usager. Quant au Wifi, ce système sans fil qui permet de relier son ordinateur à Internet, il est a priori moins à risques que le téléphone portable. Une borne émet à 0,1 W... un portable à 0,25 W ! Toutefois, suite à des plaintes d’employés souffrant de maux, la mairie de Paris a décidé de désactiver les bornes entre octobre et novembre dans six bibliothèques…
D’autres soupçons…
On accuse le portable de "chauffer les oreilles"… Tout usager connaît cette sensation ! Et pourtant, selon Olivier Merckel de l’Afsset, "le mobile ne produit pas d’échauffement perceptible" ! On a aussi avancé des risques de maladie de Parkinson, mais là encore rien n’est prouvé… "Des travaux sur le rat ont suggérés que le rayonnement pourrait modifier la barrière qui protège le cerveau de la pénétration de substances présentes dans le sang, d’où la crainte que de l’aluminium puisse aussi passer et entraîne cette pathologie… mais ce sont là des extrapolations", insiste Stéphane Kerckhanove de l’Association Agir pour l’Environnement.
> M. Hours et al. Téléphone mobile, risque de tumeurs cérébrales et du nerf vestibuloacoustique : l’étude cas-témoins INTERPHONE en France. Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332. > S. Sadetzki et al. Cellular phone use and risk of benign and malignant parotid gland tumors. Am J of epidemiology. Advanced Access published Decembre 6, 2007. > www.sante.gouv.fr > www.afsse.fr
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