Maladies cardiovasculaires, diabète, obésité : autant de pathologiques que peut entraîner un manque de sommeil. Mais un adulte qui travaille de nuit ou en horaires décalés et qui dort moins de sept heures - la durée recommandée - augmenterait également ses risques de mutations génétiques et ainsi de développer un cancer. C'est ce que suggère une étude hong-kongaise publiée le 23 janvier 2019 dans la revue Anaesthesia.
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Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont examiné les effets du manque de sommeil sur 49 médecins en bonne santé. Parmi eux, 24 travaillaient de nuit (de la fin d'après-midi jusqu'au petit matin) et ne pouvaient dormir qu'entre une et quatre heures. Des prélèvements sanguins ont été réalisés sur tous les participants après trois nuits de sommeil réparatrices, puis après une nuit de travail. Il a ainsi pu être observé que les médecins qui travaillaient de nuit avaient des altérations génétiques accrues de 30% comparés aux autres. Un chiffre encore augmenté de 25% après une nuit blanche. Par ailleurs, le processus naturel de réparation de l'ADN était détérioré.
Des dommages irréversibles de l'ADN qui entraînent la mort des cellules
Or, "les dommages à l'ADN opèrent un changement dans la structure élémentaire de l'ADN qui ne peuvent pas être réparés lorsque celui-ci est répliqué, ce qui entraîne la mort des cellules et potentiellement des transformations oncogéniques", expliquent les chercheurs. "Le manque de sommeil chez les travailleurs de nuit est associé à des conséquences néfastes pour la santé."
S'il ne s'agit que de résultats préliminaires et que les mécanismes précis d'un tel phénomène restent à élucider, le docteur Gordon Wong Tin-chun, co-auteur de l'étude, affirme qu'un manque de sommeil ou un sommeil perturbé par des horaires décalés ou le travail de nuit "augmente les risques de développer des maladies résultant de mutations génétiques comme les cancers. Ces résultats ne s'appliquent pas seulement aux médecins, mais à tous ceux qui ont également des horaires de travail atypiques. Il serait donc bon de faire un peu plus attention à ses habitudes de sommeil."
Travail de nuit et en horaires décalés : comment respecter son horloge biologique ?
On estime que 6 millions de Français travaillent en horaires décalés ou de nuit. Afin de respecter l'horloge biologique et de limiter les risques liés à sa désynchronisation, Santé publique France recommande de :
- "essayer de dormir au moins 7 heures par jour : le premier épisode de sommeil qui suit le travail est souvent court et insuffisant (5 à 6 heures). Il faut donc le compléter par une sieste d’1 à 2 heures au cours de la journée ;
- s’isoler le plus possible au cours du sommeil : faire le noir dans la chambre, se protéger contre le bruit, refuser des rendez-vous au cours de la période de repos ;
- avoir un exercice physique régulier ;
- s’exposer à la lumière avant le travail ou lors des premières heures de travail. Éviter le plus possible la lumière en sortant du travail ou lors du retour à la maison ;
- prendre une douche fraîche lors du retour chez soi pour faire baisser la température du corps et favoriser ainsi l’endormissement ;
- avoir une alimentation régulière, en favorisant un repas consistant et riche en protides avant de partir travailler et une collation légère et riche en glucides en rentrant avant de se coucher."
"The effect of sleep deprivation and disruption on DNA damage and health of doctors". Anaesthesia. 23 janvier 2019.
"Bien dormir, mieux vivre". Santé publique France.
Vidéo : Travail de nuit : un risque de cancer ?
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