A quels cancers vous expose votre alimentation ?
Sommaire

Attention à votre consommation de charcuterie !

Les nitrites utilisés comme conservateurs dans la charcuterie augmentent le risque de cancer colorectal. Ce sont eux qui donnent au jambon sa belle couleur rose, ils sont présents dans le saucisson mais aussi certains fromages. D’après l’Institut national du cancer, le risque de cancer colorectal augmente de 21% par portion de 50 g de charcuterie consommée par jour.

A partir de quelle quantité de charcuterie y a-t-il un risque de cancer ? Il faut limiter au maximum la consommation de charcuteries (moins de 50 g par jour), en particulier celles très grasses ou très salées.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "Les produits transformés contiennent des additifs pour leur conservation, comme les nitrites qui sont des substances antibactériennes et qui maintiennent la coloration de certaines charcuteries. Ces nitrites pourraient accroître le risque de cancer si vous en consommez beaucoup. Mais ce n’est pas parce que vous allez manger une fois du saucisson que vous allez avoir un cancer. L’important, c’est d’avoir une alimentation équilibrée avec au moins de temps en temps des produits frais".

En buvant beaucoup de lait vous augmentez vos risques de cancer prostatique

Une consommation trop élevée de produits laitiers, et en particulier de lait, pourrait augmenter les risques de développer un cancer de la prostate, selon une étude canadienne (8). La cause n’est pas clairement établie. Soit la graisse animale présente dans le lait désactiverait des gènes de suppression de tumeurs cancéreuses, soit une trop forte dose de calcium pourrait détruire un métabolite de la vitamine D connue pour freiner la croissance des cellules cancéreuses.

Mais parallèlement, l’Institut national du cancer avance que la consommation de lait ou de calcium protège probablement des cancers colorectaux.

A partir de quelle quantité de produits laitiers y aurait-il un risque de cancer? Selon l’étude canadienne, une consommation chez l’homme de plus de 470 g de produits laitiers par jour multiplie par deux le risque de développer un cancer de la prostate.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "De manière générale, il ne faut pas abuser des produits laitiers, mis en cause dans le cancer du sein et de la prostate. Le problème vient apparemment des graisses animales contenues dans les produits laitiers. Préférez du lait écrémé à ce moment-là."

(8) Cancer Epidemiol Biomarkers Prev, juillet 2003 ; vol. 12 : p. 597-603

Plus d'un verre d'alcool/j = cancers de la bouche, du foie, du sein

La consommation de boissons alcoolisées est associée à une augmentation du risque de plusieurs cancers : bouche, pharynx, larynx, œsophage, côlon-rectum, sein et foie. En 2008, la consommation d’alcool est estimée à 12,3 litres d’alcool par habitant de 15 ans et plus.

D’après le PNNS (Programme national nutrition santé), "l’augmentation de risque est significative dès une consommation moyenne d’un verre par jour. De plus, l’effet dépend de la quantité totale consommée et non du type de boisson alcoolisée. En particulier, l’augmentation de risque de cancers de la bouche, du pharynx et du larynx est estimée à 168% par verre d’alcool consommé par jour."

A partir de quelle quantité d’alcool y a-t-il un risque de cancer ? L’augmentation du risque de cancer est significative dès une consommation moyenne d’un verre par jour, qu’elle soit quotidienne ou concentrée sur certains jours de la semaine selon le PNNS.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "Si vous fumez en même temps que vous buvez, cela vous expose à un risque accru de cancer des voies aérodigestives supérieures. De façon plus inattendue, ça peut aussi jouer sur le risque de cancer du sein."

Vous mangez très salé ? Cela favorise le cancer de l’estomac

Une consommation trop élevée de sel augmenterait le risque de cancer de l’estomac, selon l’Institut national du cancer. D’après le Programme National Nutrition Santé (1), en France, deux tiers des hommes et un quart des femmes ont des apports en sel excessifs, c'est-à-dire plus de 8 g par jour. Et près de 25% des hommes et 5 % des femmes ont des apports supérieurs à 12 g par jour.

A savoir : 80 % du sel provient des produits transformés (charcuterie, fromage, soupes…). Il faut en limiter en priorité la consommation pour faire baisser sa dose quotidienne de sel. Evitez aussi de resaler vos plats.

A partir de quelle quantité de sel y a-t-il un risque de cancer ? L’OMS recommande de limiter la consommation quotidienne de sel à l’équivalent de 5 g ou 6 g. Au-delà, il existe un risque de développer un cancer de l’estomac.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "Une alimentation trop salée pourrait impliquer un risque plus élevé de cancer de l’estomac mais aussi de la gorge, des voies aérodigestives supérieures et du nasopharynx. Mais c’est plutôt sur la consommation d’aliments salés qu’il faut jouer plus que sur le sel lui-même."

(1) Programme National Nutrition Santé brochure "Nutrition & des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations", Janvier 2009

Votre consommation de viande rouge peut augmenter vos risques de cancer colorectal

La consommation de viandes rouges (bœuf, porc, mouton, agneau, cheval) est associée à une augmentation du risque de cancer colorectal (2). Selon le PNNS (Programme national nutrition santé), "le risque de cancer colorectal est augmenté de 29 % par portion de 100 g de viandes rouges consommée par jour".

Mais il ne faut pas pour autant faire une croix sur la viande rouge qui apporte des nutriments essentiels au corps comme les protéines, le fer, le zinc et la vitamine B12.

A partir de quelle quantité de viandes rouges y a-t-il un risque de cancer ? Le PNNS recommande de limiter la consommation de viandes rouges à moins de 500 g par semaine pour limiter les risques de cancer. Pour compléter les apports en protéines, il est conseillé d'alterner les viandes rouges avec des viandes blanches, du poisson, des œufs et des légumineuses.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "On pense que le cancer du côlon peut être influencé par l’importance de la consommation de viande rouge ou la pauvreté en fibres. C’est une espèce de balance entre la consommation de fibres végétales et la consommation de graisses animales présentes dans la viande rouge.

Dans la viande, il y a des graisses et il va y avoir un afflux de bile pour digérer ses graisses. Ce qui est avancé c’est que, sous l’influence de la flore intestinale, la bile est transformée en sels biliaires. Arrivées au niveau du colon, ces substances transformées restent en contact avec les muqueuses coliques et peuvent déclencher un effet cancérigène. Mais une alimentation riche en fibres accélère le transit et limite la durée de ce contact et donc les risques de cancer."

(2) Enquête EPIC (European Prospective Investigation on Cancer and Nutrition), Journal of the National Cancer Institute, Vol. 97, No. 12, 15 juin 2005.

Vos apports caloriques peuvent-ils favoriser un cancer ?

L’augmentation de la corpulence est associée à une hausse du risque du cancer de l’œsophage, de l’endomètre, du rein, colorectal, du pancréas, du sein (après la ménopause) et de la vésicule biliaire, selon le PNNS (Programme national nutrition santé).

Pour limiter la prise de poids, il convient d’éviter les aliments à forte densité énergétique (huile, beurre, charcuteries, viennoiseries…). Et de pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée 5 fois par semaine (ex : marche rapide) ou 20 min d’activité physique d’intensité élevée 3 fois par semaine (ex : natation). (3)

A partir de quel poids y a-t-il un risque de cancer ? Le risque apparaît quand votre IMC (Indice de masse corporel) dépasse 25 kg/m2. En considérant une augmentation de l’indice de masse corporelle de 5 points, le risque de cancer du sein augmente de 8 %, celui du pancréas de 14%, celui du cancer colorectal de 15%, celui du cancer du rein de 31%, celui du cancer de l’endomètre de 52%, celui de l’œsophage de 55%. (3)

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "Le contrôle du poids est important dans la prévention primaire du cancer et aussi pour éviter les rechutes dans les cas de cancers du sein. Le surpoids a un effet sur les risques de cancer par une sorte de cascade hormonale qui pour l’instant n’est pas complètement élucidé, mais qui pourrait faire intervenir les facteurs de croissance de l’insuline, donc tout ce qui va augmenter le poids est à prendre avec précaution. L’exercice peut contrecarrer cela. Il faut savoir par exemple qu’on peut diminuer le risque de cancer du sein ou de rechute avec 3h d’exercice par semaine."(3) WCRF/AICR 2007

Méfiez-vous des boissons sucrées qui favoriseraient le cancer du pancréas

Les personnes qui consomment au moins deux boissons contenant du sucre ajouté par semaine auraient plus de risque de développer un cancer du pancréas, selon une étude américaine. (4)

"La forte présence de sucre dans ces boissons peut générer une augmentation du taux d'insuline dans le corps ce qui pourrait contribuer à la croissance des cellules du cancer du pancréas", explique le Docteur Pereira en charge de l’étude.

Une autre étude indienne (5) va plus loin en corrélant la hausse de consommation de sodas durant les 20 dernières années à celle du nombre de cancers de l'œsophage chez la population américaine. L’explication selon les chercheurs : les boissons gazeuses favorisent le reflux gastro-oesophagien ce qui augmenterait le risque de cancer dans cette zone. Ces remontées acides augmentent le risque de cancer de l'œsophage.

A partir de quelle quantité de sucre y a-t-il un risque de cancer ? A partir de deux canettes de soda ou de boissons sucrées par semaine, il y aurait un risque de provoquer un cancer du pancréas voire de l’œsophage.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "Tout ce qui va faire une charge calorique sucrée fait grimper le taux d’insuline. C’est un facteur de croissance des cancers et en particulier les cancers digestifs et du sein."

(4) Etude dirigée par le Docteur Pereira de l'University of Minnesota, revue "Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention", 2010

(5) Présentation lors du congrès américain sur les maladies digestives "Digestive Disease Week" - New Orleans - Abstract 105860 – Mallath

L’aspartame augmente-t-il le risque de cancer ?

Une forte exposition de la mère à l’aspartame durant sa grossesse pourrait conduire au développement du cancer du foie et du poumon chez son enfant, selon une étude italienne menée sur des souris (6). A noter que 200 millions de personnes dans le monde consomment régulièrement des produits comportant des édulcorants.

Selon l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments), les résultats de cette étude "ne fournissent pas suffisamment de preuves scientifiques". En attendant d’éventuels travaux additionnels sur le rapport, aucune nouvelle mise en garde sur la consommation d’aspartame n’est envisagée.

A partir de quelle quantité d’aspartame y aurait-il un risque de cancer ? Actuellement la dose journalière acceptable d’aspartame est 40 milligrammes par kilo de poids corporel.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "A priori, il n’y a pas de preuve confirmée qu’il y ait un risque cancérigène augmenté par l’aspartame".

(6) Aspartame administered in feed, beginning prenatally through life span, induces cancers of the liver and lung in male Swiss mice, M. Soffritti et collab, Am J Ind Med., décembre 2010

Les compléments en béta-carotènes favorisent le cancer du poumon

Des études (7) ont montré que les fumeurs ayant consommé des compléments alimentaires à base de bêta-carotène à forte dose (20 à 30 mg/j) seuls ou combinés à d’autres vitamines et minéraux, ont 24 % de risque en plus de développer un cancer du poumon. Les apports journaliers recommandés en bêta-carotène sont de 2,1 mg et sont facilement fournis par l’alimentation (carottes, choux, épinards…).

D’autre part en cas de cancer déclaré, il ne faut pas prendre de compléments alimentaires type vitamines ou minéraux car cela favorise la croissance de la tumeur.

A partir de quelle quantité de compléments alimentaires y-a-il risque de cancer? Il ne faut pas prendre du tout de compléments alimentaires en cas de cancer et aucun complément enrichis en béta-carotènes si l’on est fumeur.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "C’est très paradoxal : on sait qu’il faut une alimentation où l’on n’est pas carencé en vitamine D, C et E, mais il est parfois néfaste de prendre certains suppléments vitaminiques. En effet, dans certaines études, on observe un risque plus élevé de cancer de poumon chez les fumeurs qui en prennent alors qu’on attendait plutôt une prévention du risque."

(7) WCRF/AICR, 2007

Pas assez de fruits et légumes accroît le risque de cancers

Un régime trop pauvre en fibres et vitamines - présents essentiellement dans les fruits et légumes - augmentent le risque de cancer. Or, plus de la moitié de la population adulte française ne consomme pas les 5 fruits et légumes par jour recommandés par le Programme national nutrition santé (PNNS).

Selon l’Institut national du cancer, "la consommation de fruits et légumes a un effet protecteur jugé comme probable sur les cancers des voies aérodigestives supérieures (œsophage, cavité buccale, larynx et pharynx), et les cancers de l’estomac et du poumon (pour les fruits seulement). Une alimentation riche en fibres (céréales complètes, fruits, légumes, légumineuses) est associée à un moindre risque de développer un cancer colorectal".

A partir de quelle quantité de fruits est-on mieux protégé des risques de cancer? Pour avoir un effet protecteur par la consommation de fruits et légumes, il faut en consommer 400 g par jour.

L’avis du Pr Morere, cancérologue : "Consommer des fruits frais ne va pas permettre de guérir des cancers mais va aider à en prévenir certains ou à éviter des rechutes. Les choux, par exemple, agissent préventivement contre le cancer du colon."

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