À l’occasion de l'émission "Stars à Nu", diffusée vendredi 7 février sur TF1, Fanny Leeb a accepté de se confier sur la manière dont elle avait vécu et combattu son cancer du sein. Interview exclusive.
Medisite : Comment avez-vous appris être atteinte d’un cancer du sein ?
Mon cancer a été diagnostiqué le 4 décembre 2018. Je travaillais dans un studio d’enregistrement et je suis allée me chercher de l’eau chaude pour me préparer un thé. Sauf que j’avais oublié de mettre le couvercle ! En ouvrant la porte, le thé a giclé sur ma veste et m’a brulé le sein. Quelques jours après, j’ai regardé l’état de ma brûlure, et j’ai senti à côté une petite boule.
Je suis allée rapidement faire une échographie et moins d’une semaine après, j’apprenais être atteinte d’un cancer du sein triple négatif. Si je ne l’avais pas découvert à temps, je ne sais pas ce qu’il se serait passé.
C’est pourquoi il faut absolument se palper régulièrement, au moins une fois par semaine. La mammographie à 45 ans c’est trop tard !
Pensez-vous que l’on ne parle pas assez de ce type de cancer ?
Oui, évidemment. Même si l’on sait que ça touche beaucoup de femmes, on pense toujours que ça n’arrive aux autres. Moi, j’ai été touchée à 32 ans, et le fait d’avoir un cancer jeune, on n’en parle pas assez. On ne pousse pas assez les femmes au dépistage, elles en ont peur. C’est pourquoi j’ai décidé de participer à une émission pour sensibiliser les femmes.
Parlez-nous justement de cette émission, “Stars à Nu”. Pourquoi y participez-vous ?
Je me suis rendue compte que le fait de parler de mon cancer, cela pouvait aider certaines personnes à traverser cette épreuve. J’ai également essayé de communiquer dessus en renvoyant une image positive. C’est pourquoi, lorsque Arthur m’a appelé pour cette émission, alors que j’étais encore malade, c’était une évidence de dire oui. C’était une façon de me prouver que j’allais m’en sortir.
Lorsque vous avez appris être malade, vous aviez à peine 32 ans. Est-ce difficile d’être touchée aussi jeune par la maladie ?
Oui, bien sûr. D’ailleurs, au début, vous vous prenez une massue sur la figure. C’est quelque chose de peu commun d’être touchée à cet âge. Mais le fait de l’accepter, m’a permis de mieux me battre.
Il ne faut pas être dans le déni de son cancer.
Personnellement, j’ai pris mon courage à deux mains, en essayant d'avoir confiance en moi, en ma guérison. Le moral est très important dans cette maladie.
Je suis persuadée que le mental peut faire 60 % du travail.
Pourquoi assiste-t-on à une telle augmentation des cancers selon vous ?
Il existe plein de facteurs de risque, comme la malbouffe, l’hygiène de vie, le sport… mais l’estime de soi compte beaucoup.
Pour ma part, je pense que j'ai eu ce cancer car j'étais mal dans ma peau.
Je n’étais pas en phase avec moi-même.
Il est vrai que j’ai aussi voulu analyser ce cancer, lui trouver une raison, expliquer sa présence. Mais je pense vraiment que le fait de n’avoir pas été bien dans mes baskets pendant longtemps a favorisé fortement son apparition. Surtout, qu'un cancer à 32 ans, il n’y a pas vraiment d’explication.
Qu’est-ce qui a changé depuis l’annonce de votre cancer ? Qui est la “nouvelle Fanny” ?
Je suis quelqu’un d’assez fragile et sensible de base, mais ce cancer m’a extrêmement renforcé. Je croque la vie à pleines dents, je suis moins tracassée par les soucis du quotidien, je passe du temps avec les gens que j’aime, et surtout je capture le maximum de choses positives. Dans ma musique, j’écris différemment désormais.
Ce cancer m’a révélé.
Il m’a boosté. C’est d’ailleurs ce regain d’énergie et d'espoir qui m'a inspiré “Fearless”, l'une de mes chansons.
Avez-vous déjà douté du fait que vous alliez guérir ?
Non, je n’ai jamais voulu douter que j’allais m’en sortir. J’avais envie de continuer à vivre et de profiter de mes proches au maximum. D’ailleurs, mon prochain album, c’est un hommage à la vie.
Maintenant, parlons de vos proches. Comment votre conjoint a-t-il vécu l’annonce de la maladie ?
Ça a été un choc pour lui, mais je l’ai trouvé formidable avec moi, bien que le quotidien ne soit pas facile.
Avec les traitements, la féminité devient difficile et la libido n’est plus la même.
Mais je reste extrêmement reconnaissante, car mon compagnon a trouvé des moyens de me dire que j’étais belle, alors que clairement je ressemblais à un crâne d'œuf (rires). Il ne m’a jamais lâché, il m’a porté.
Et votre famille ?
J’ai une famille exceptionnelle et la famille de mon compagnon a également beaucoup été présente. C’est un soutien indéniable, même si, bien sûr, vous êtes seule face à ce combat.
Pendant votre cancer, comment avez-vous fait pour garder une relation amoureuse normale ?
En premier lieu, il faut parler de la maladie, c’est capital. Moi, je ne me prenais pas au sérieux et je rigolais tout le temps. J’abusais de l’auto-dérision, je faisais le clown tout le temps, c’était ma manière à moi de dédramatiser la situation.
Mon frère qui m’a rasé les cheveux a également été formidable : on a réfléchi ensemble à toutes les coupes possibles et inimaginables pour apporter un peu de légèreté à cet instant.
En réalité, il ne faut pas rentrer dans quelque chose de dramatique, c’est déjà assez dur comme ça.
Et du côté de la libido ?
Je ne vais pas vous mentir. Pendant le cancer, clairement, on a une baisse de libido. Mais ce n’est qu’un moment à passer, ça ne dure pas toute une vie. En fait, vous êtes plus axée sur d’autres choses, comme la maladie, vous êtes dans un combat. Mais attention : ce n’est pas une question de féminité, car si quelqu’un vous rassure, vous vous sentez jolie. C'est juste qu'on n’a plus la force de faire l’amour et le traitement coupe l’envie.
Dans la vie de tous les jours, que faisiez-vous pour continuer à vivre normalement ?
Je faisais beaucoup de promenades avec mon chien, car c’est très important de faire de un peu d'exercice physique et de s’aérer la tête. Le sport fait du bien au métabolisme et permet de ne pas rester au fond de son lit.
Avez-vous changé votre routine alimentaire ?
Durant le cancer, je mangeais beaucoup de brocolis.
Cela dit, je suis végétarienne et j’avais déjà enlevé la viande depuis un moment. Il faut donc manger sainement, tout en sachant se faire plaisir de temps en temps. En revanche, le sucre, c’est très nocif pour le corps. Lorsque l’on a un cancer, il faut absolument le bannir car il nourrit les cellules cancéreuses.
Je fais aussi un peu plus attention aujourd’hui et j’essaye de manger beaucoup moins de sucre. Je recommande également l'acupuncture car quand le foie galère, cette technique permet de le stimuler. En somme, il faut se faire plaisir et surtout s’écouter. Je crois même que c’est la chose la plus importante : apprendre à s’écouter.
Merci à Fanny Leeb, interviewée le 7 janvier 2020.
Vidéo : Cancer du sein : quels sont les vrais symptômes ?
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