Cancer du sein : plus de 900 substances chimiques à risque dans les produits de la vie couranteIstock
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Avec 61 214 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France, le cancer du sein constitue le cancer le plus fréquent chez la femme. Cette pathologie représente également la première cause de mortalité par cancer dans la population féminine.

Le rôle de certains agents environnementaux dans la survenue du cancer du sein a été déjà mis en exergue par différentes publications scientifiques. Aussi, certains polluants atmosphériques comme le dioxyde d’azote, le benzopyrène ou les particules fines PM10 et PM2,5 (au diamètre respectivement inférieur à 10 micromètres et à 2,5 micromètres) accroissent le risque de développer la maladie, a révélé une étude conduite par le Centre Léon-Bérard (CLB) et le Centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes et parue en août 2021.

La même année, une équipe de chercheurs de l’INRAE, Inserm, Cnam et Université Sorbonne Paris Nord a également incriminé certaines substances actives dans les pesticides utilisés en Europe pour l’alimentation conventionnelle et biologique. Celles-ci présenteraient des propriétés carcinogènes (qui peut causer le cancer) chez des femmes en post-ménopause. Ils s’en étaient fait l’écho dans dans la revue International Journal of Epidemiology.

90 % des produits de la vie courante à risque de cancer du sein

Plus proche de nous, une nouvelle étude confirme l’influence néfaste de certaines substances environnementales sur la santé féminine, et sur le risque de cancer du sein.

D’après des chercheurs de l’Institut Silent Spring, aux Etats-Unis, quantité de produits de la vie courante renferment des substances chimiques délétères, susceptibles de favoriser le cancer du sein. Chiffres inquiétants à l’appui : 921 produits chimiques présentant des caractéristiques à risque de cancer du sein ont été identifiés.

Pire, quatre-vingt-dix pour cent de ces substances indésirables sont omniprésentes dans notre quotidien : elles se retrouvent sur le lieu de travail, dans les produits de consommation courante, les aliments et les boissons, les médicaments ou encore les pesticides.

Des perturbateurs endocriniens à risque de tumeur mammaire

Le Dr Jennifer Kay, chercheuse à l'Institut Silent Spring et son équipe de chercheurs, ont fait ce constat édifiant après avoir décortiqué de nombreuses bases de données internationales et gouvernementales américaines, issues du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), du Programme national de toxicologie, de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) et de l'Institut national du cancer. Ce travail minutieux leur a permis de mettre au jour une somme de produits chimiques à l'origine de tumeurs mammaires chez l'animal.

Dans le détail, les chercheurs ont identifié les produits chimiques qui modifient les hormones du corps, des substances jouant un rôle de perturbateur endocrinien et soupçonnés de favoriser le cancer du sein.

Des substances chimiques qui surstimulent la production hormonale

Les scientifiques se sont focalisés sur les produits chimiques qui activent le récepteur des œstrogènes - présent dans les cellules mammaires - ainsi que sur les produits chimiques qui incitent les cellules à produire davantage d'œstrogènes ou de progestérone, un facteur de risque établi pour le cancer du sein, selon un communiqué de l’étude.

Leurs conclusions, publiées dans la revue Environmental Health Perspectives, établissent un lien entre les produits chimiques toxiques et une perturbation hormonale, exposant à un risque accru de cancer du sein. D’après leur analyse, 278 produits chimiques ont causé des tumeurs mammaires chez les animaux. Et plus de la moitié de ces substances chimiques ont incité les cellules à produire davantage d'œstrogènes ou de progestérone. Environ un tiers d'entre elles ont activé le récepteur des œstrogènes.

Une exposition chimique qui endommage aussi l’ADN

"Le cancer du sein est une maladie hormonale, et le fait qu'un si grand nombre de produits chimiques puissent modifier les œstrogènes et la progestérone est inquiétant", a réagi le Dr Jennifer Kay.

Plus préoccupant encore, des produits chimiques identifiés sont parvenus à endommager l'ADN tout en perturbant les hormones. Dans le collimateur des chercheurs ? Là encore, les produits chimiques qui provoquent des tumeurs mammaires chez les animaux étaient pointés du doigt.

"Cette nouvelle étude fournit une feuille de route aux régulateurs et aux fabricants pour repérer rapidement les produits chimiques susceptibles de contribuer au cancer du sein, afin d'empêcher leur utilisation dans les produits de consommation et de trouver des alternatives plus sûres", concluent les chercheurs.

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