Cancer du sein : les survivantes sont plus à risque de développer un autre cancerIstock
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En France, chaque année, 60 000 femmes développent un cancer du sein. 15 à 20 % de ces cas sont considérés comme des cancers récidivants 10 ans après le premier diagnostic, selon l’Institut Curie.

En cas de récidive, lorsque ce cancer réapparaît malgré le traitement, il peut survenir dans la même région du sein où il a été détecté la première fois, c’est ce que l’on appelle la récidive locale.

Mais il peut aussi se manifester en dehors de la zone initialement touchée et affecter l’autre sein. Il peut également réapparaître en dehors de la région mammaire, dans une tout autre région du corps et se développer dans d’autres organes et tissus corporels comme les os, le foie, les poumons et le cerveau : on parle alors de métastases à distance ou de récidive à distance.

Lescancers du sein dits triple négatif constituent les cancers les plus à risque de récidive. Cette forme de cancer du sein est la plus grave et la plus difficile à soigner. De quoi parle-t-on ? "L’expression triple négatif signifie que les cellules tumorales n’expriment ni des récepteurs aux hormones (œstrogène et progestérone) ni le récepteur HER 2", définit le centre Baclesse sur son site. Dès lors, certains traitements médicamenteux comme l’hormonothérapie ne s’avéreront pas efficaces, ce qui peut expliquer pourquoi les récidives sont plus importantes.

Récidive à distance : un risque difficile à établir précisément

Evaluer le risque exact de récidive chez les patients ayant survécu à un cancer du sein reste difficile à déterminer. Le risque de récidive pourrait dépendre de différents facteurs comme la taille de la tumeur initiale, l’atteinte des ganglions, les traitements, ou encore l’âge au moment du diagnostic du premier cancer du sein.

Quant à la récidive à distance, des recherches précédentes ont suggéré que les femmes et les hommes qui survivent à un cancer du sein ont respectivement 24 % et 27 % plus de risques de développer un second cancer primaire non mammaire que la population générale, rappellent des chercheurs de l’Université de Cambridge (Angleterre) dans une nouvelle étude.

Survivantes de cancer du sein : un risque accru de cancer de l’endomètre et de l’ovaire

Dans leurs travaux publiés le 24 avril, les scientifiques se sont concentrés sur le risque de récidive à distance chez les patients ayant survécu à un cancer du sein, en se basant sur près de 600 000 patients en Angleterre.

Les résultats de leur analyse, parue dans la revueLancet Regional Health, montrent que les survivants du cancer du sein courent un risque nettement plus élevé de développer un second cancer, notamment le cancer de l'endomètre et de l'ovaire pour les femmes et le cancer de la prostate pour les hommes.

Dans le détail, les femmes ayant survécu à un cancer du sein présentaient un risque double de cancer du sein controlatéral (dans l’autre sein non touché par le premier cancer) par rapport à la population générale, ainsi qu'un risque accru de 87 % de cancer de l'endomètre, de 58 % de leucémie myéloïde et de 25 % de cancer de l'ovaire.

Récidive de cancer du sein : l’influence possible du niveau socio-économique

L’équipe de chercheurs a tiré ces enseignements en analysant les données du National Cancer Registration Dataset (base de données nationale d'enregistrement des cancers) portant sur 580 000 femmes et de plus de 3 500 hommes ayant survécu à un cancer du sein, diagnostiqué entre 1995 et 2019.

Cette étude britannique est la première à mettre en avant un risque plus élevé chez les personnes vivant dans des zones de grande précarité socio-économique : les femmes issues de milieux défavorisés étaient 35 % plus susceptibles de développer un second cancer par rapport aux femmes issues de milieux plus aisés.

L’hygiène de vie pourrait être en cause dans cette différence observée entre les milieux socio-économiques, subodorent les chercheurs. Ceux-ci en tiennent pour preuve que le tabagisme, l'obésité et la consommation d'alcool figurent parmi les facteurs de risque qui peuvent jouer dans d’autres cancers (poumon, rein, vessie, estomac, etc) et qui sont plus fréquemment observés dans les groupes les plus défavorisés.

Cancer récidivant : les jeunes survivantes du cancer du sein plus à risque ?

L’âge du diagnostic est également apparu comme un critère pouvant influer sur le risque de récidive, ont également relevé les chercheurs.

Pour cause, l es femmes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein avant l'âge de 50 ans étaient 86 % plus susceptibles de développer un second cancer primaire que la population générale du même âge, tandis que les femmes ayant reçu un diagnostic après l'âge de 50 ans présentaient un risque accru de 17 %.

Comment expliquer cette possible corrélation entre l'âge et le risque de récidive ? Les chercheurs émettent l'hypothèse qu'un plus grand nombre de jeunes survivantes du cancer du sein [puissent avoir] hérité d'altérations génétiques qui augmentent le risque de cancers multiples. "Par exemple, les femmes ayant hérité de modifications des gènes BRCA1 et BRCA2 présentent un risque accru de cancer du sein controlatéral, de cancer de l'ovaire et de cancer du pancréas", expliquent les chercheurs.

"Il est important pour nous de comprendre dans quelle mesure le fait d'avoir un type de cancer vous expose au risque d'un second cancer sur un site différent, a justifié dans un communiqué Isaac Allen, du département de santé publique et de soins primaires de l'université de Cambridge, principal auteur de l’étude.

Les femmes et les hommes ayant survécu à un cancer du sein dont nous avons étudié les données présentaient un risque accru d'un certain nombre de seconds cancers. Cette connaissance peut aider à orienter les conversations avec leurs équipes soignantes afin de déceler les signes de nouveaux cancers potentiels".

Pour faciliter la détection précoce des récidives, les femmes ayant déjà eu un cancer du sein sont invitées à réaliser des prises de sang tous les 6 mois et à réaliser une mammographie tous les ans, expliquait le docteur Alessandro Viansone, oncologue dans un récent article à Medisite.

Sources

https://www.thelancet.com/journals/lanepe/article/PIIS2666-7762(24)00069-3/fulltext

https://www.cam.ac.uk/research/news/study-highlights-increased-risk-of-second-cancers-among-breast-cancer-survivors

https://presse.curie.fr/octobre-rose-2022-une-femme-sur-cinq-rechute-encore-du-cancer-du-sein/?lang=fr

https://www.baclesse.fr/etre-soigne-et-sinformer/sinformer/les-cancers/jai-un-cancer-du-sein-triple-negatif/

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