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Six Français sur dix consomment des produits au soja, selon le baromètre Sojaxa 2017. On peut supposer que ce chiffre est amené à progresser dans les années à venir, d’autant plus lorsqu’on sait que la consommation de viande a diminué de 12 % en dix ans dans l’hexagone, et que le marché végétarien a bondi de 24 % rien qu’en 2018, avec 380 millions d’euros de chiffres d’affaires (source : Xerfi).

Le réseau NACRe décrypte le lien entre soja et cancer du sein

Toutefois, les effets du soja sur la santé sont au cœur de nombreuses controverses, principalement à cause de sa richesse en isoflavones. On lui prête des effets bénéfiques sur la réduction du risque de cholestérol et de maladies cardiovasculaires, mais aussi dans la prévention de l’ostéoporose. Mais on le dit aussi susceptible de déséquilibrer les traitements hormonaux en cas d’hypothyroïdie, ou encore de favoriser le cancer du sein.

Des chercheurs du Réseau National Alimentation Cancer Recherche (réseau NACRe) se sont penchés sur ce dernier point en particulier. Ils ont publié un article dans le journal Sud Ouest, mais aussi un dépliant et une vidéo disponibles sur leur site, dans lesquels ils décryptent le lien entre soja et cancer du sein, et font le tour des différentes études sur le sujet.

Aliments au soja : à consommer avec modération

Tofu, tempeh, miso, tonyu (aussi connu sous le nom de “lait de soja”), steaks végétariens ou encore crèmes desserts... Cette légumineuse dégustée depuis des millénaires en Asie a progressivement envahi les rayons de nos supermarchés. Les industriels l’utilisent également pour ses propriétés émulsifiantes, texturisantes et blanchissantes, c’est pourquoi on le retrouve dans de nombreux aliments transformés - comme les biscuits ou les plats préparés.

Le réseau NACRe rappelle que le soja constitue une source de protéines végétales de bonne qualité et peut donc, à ce titre, s’inscrire dans une alimentation équilibrée et diversifiée… Mais à condition de le consommer “en petite quantité et pas tous les jours”.

Mieux vaut privilégier les aliments fermentés au soja

En cause, sa richesse en phyto-estrogènes (les isoflavones), “capables de se fixer sur les récepteurs des estrogènes, des hormones naturelles sécrétées par les ovaires”. Ces isoflavones pourraient donc perturber le fonctionnement des cellules, en les inhibant ou en les activant, et potentiellement jouer un rôle dans l’apparition du cancer du sein.

Selon les chercheurs, tous les aliments au soja ne se valent pas. Les préparations fermentées, comme le miso ou le tempeh, contiennent très peu de phyto-estrogènes, car des derniers ont été désactivés lors de la fermentation. En revanche, tous les produits au soja issus de procédés industriels - très appréciés par les consommateurs - ont une teneur en isoflavones bien plus élevée. Ils sont donc potentiellement plus dangereux.

Le réseau NACRe recommande de ne pas dépasser 1 mg d’isoflavones par kilo de poids corporel et par jour. Pour avoir un ordre d’idée, 100 g d’aliment dérivé du soja en contient entre 10 et 30 mg.

Mieux vaut privilégier les aliments fermentés au soja© Creative Commons

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En cas de cancer du sein, la prudence est de mise

Les études sur le lien entre le soja et le cancer du sein sont contradictoires. Tandis que des chercheurs asiatiques affirment que cet aliment réduit les risques de cancer, les travaux occidentaux menés sur le sujet se sont avérés peu concluants.

Un rapport du Word Cancer Research Fund et de l’American Institute for Cancer Research de 2017 conclut d’ailleurs à l’absence de preuve quant à un quelconque lien entre le soja et le cancer du sein, avant comme après la ménopause.

Une enquête de l’Afssa de 2005 montre que, si les phyto-estrogènes semblent globalement exercer un effet protecteur contre le cancer du sein, y être exposé à certains moments de la vie serait plutôt défavorable. “L’ensemble des données appellent l’attention sur le risque que pourraient encourir les femmes présentant une tumeur hormono-dépendante et les jeunes enfants exposés in utero ou dans les premiers mois de leur vie à des doses élevées de phyto-estrogènes”, peut-on y lire.

Le soja pourrait réduire le risque de cancer du sein et de récidive, mais…

D’autres études se sont penchées sur les bénéfices du soja en cas de cancer du sein déclaré. Pendant le traitement, cet aliment pourrait améliorer la qualité de vie des patientes, mais les résultats doivent cependant être confirmés sur un échantillon plus large. Chez les femmes en rémission, la consommation de soja pourrait diminuer le risque de récidive mais, là encore, des recherches complémentaires sont nécessaires.

Dans la mesure où l’absence de risque n’a pas non plus été prouvée, les chercheurs du réseau NACRe invitent à la prudence. Les personnes atteintes d’un cancer du sein peuvent donc consommer des aliments à base de soja, mais en quantité modérée.

Compléments alimentaires au soja : un risque avéré

En ce qui concerne les compléments alimentaires à base de soja, en revanche, le risque est bien réel pour certaines populations. Ces gélules possèdent une concentration en isoflavones allant de 1 à 40 %, et sont généralement vantées pour combattre les bouffées de chaleur à la ménopause, réduire les risques d’ostéoporose ou encore réguler son taux de cholestérol.

Néanmoins, une étude de cohorte française, publiée en mars 2019 dans l’American Journal of Clinical Nutrition, a établi un lien entre la consommation de ces compléments et la hausse du risque de cancer du sein non sensible aux hormones. Or, ces cancers ont généralement pronostic plus sombre. Ces gélules pourraient également accroître le risque de cancer du sein chez les femmes qui ont des antécédents familiaux de cette maladie, ou qui souffrent d’hypothyroïdie.

Des interactions possibles avec le traitement du cancer

D’autres études ont mis en évidence une possible interaction entre les compléments alimentaires au soja et les traitements du cancer du sein, dont les effets pourraient être diminués.

Le réseau NACRe conclut qu’il est “recommandé de ne pas consommer de compléments alimentaires, en population générale, sauf indication médicale spécifique”, dans la mesure où leurs bénéfices n’ont pas été démontrés. Ils pourraient donc s’avérer plus dangereux qu’utiles.

Sources

Six Français sur dix mangent aujourd’hui du soja : y a-t-il des risques ?, Sud Ouest, 16 décembre 2019. 

mots-clés : soja, aliments
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