La façon dont est morte Anne d'Autriche intrigue de nombreux spécialistes. Premièrement, parce que sa maladie est vite devenue une affaire d’État : à chaque numéro de La Gazette, les lecteurs peuvent suivre l’évolution de son cancer. Ensuite, parce que les soins qu'on lui apporte sont novateurs pour l'époque... Le point.
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À partir du 10 avril 1663, la vie d'Anne d'Autriche bascule. Elle est atteinte d'un mal incurable pour l'époque : un cancer du sein. Malheureusement, alors qu'elle a toujours joui d'une santé de fer, elle ne tarde pas à ressentir les premiers symptômes de la maladie : fièvre et douleurs atroces.
Ses proches, très inquiets, mettent tout en œuvre pour la sauver. Ils convoquent les meilleurs médecins pour rester à son chevet et lui administrer les premiers soins.
Or, à cette époque, on pratique la saignée. Cette technique populaire consiste à inciser une veine ou une artère à l’aide d’un petit scalpel et de laisser couler le sang. Mais cela ne fait qu’affaiblir la reine.
La malade subit ensuite d'autres tentatives thérapeutiques, comme l’application de ciguë (une plante très toxique, ndlr) au centre de la tumeur. Ce poison, réputé pour "refroidir" l’organisme et "glacer" la tumeur, doit permettre de stopper son développement. Mais cette technique ne produit pas l'effet souhaité : la tumeur de la reine grossit à vue d'œil.
Les médecins incisent la tumeur de la reine et y placent... des bouts de viande
Puisque les traitements ne marchent pas, les docteurs se penchent alors vers une méthode novatrice, appelée la "thérapie alimentaire".
Rappelons qu'à cette époque, on considère le cancer comme un "être vivant" se nourrissant via l’organisme dans lequel il se développe.
Pour soigner la tumeur, les experts vont donc la "nourrir". Pour ce faire, ils incisent le sein de la malade et y insèrent des morceaux de viande de bœuf.
En bref, pendant que le parasite se nourrit des bouts de viande, le reste du corps est "épargné". Du moins, c'est ce que l'on pense.
Cette thérapie ne porte malheureusement pas ses fruits, puisque la mère de Louis XIV est finalement amputée de son sein droit (au fer chaud), tandis qu’une nouvelle tumeur apparaîtra dans celui de gauche.
C'est à ce moment que commence la ronde des médecines et des charlatans.
On offre à la reine du sel géologique du lac Érié capable de tuer le cancer, puis on lui présente une pommade à base de belladone et de cendres de roche de la Beauce… et enfin un praticien lorrain réputé lui livre de la poudre censé faire disparaître le mal... sans plus de succès.
En août 1665, l’ensemble du sein est gangrené.
À la fin du mois, alors que ses jours sont désormais comptés, la reine consent à un soin particulier : le traitement "sanglant". Il consiste à refroidir la tumeur, puis à la découper en tranches. Mais cela ne suffit pas à stopper la progression des métastases dans l'organisme.
Le 20 janvier 1666, Anne d’Autriche, atteinte à l’autre sein mais aussi aux poumons, finit par mourir.
Chose pour le moins étonnante : la mère de Louis XIV prendra cette maladie comme une simple épreuve, sans jamais se plaindre ni se lamenter.
Autopsie d'une reine : comment Anne d'Autriche a succombé... à un cancer du sein, Atlantico, 2 mars 2019.
Les saignées autrefois, elles servaient à quoi ?, Ça m'intéresse, 6 octobre 2017.
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