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C’est une molécule située dans la peau du raisin (resvératrol) et également dans le vin rouge qui serait à même de prévenir le cancer du poumon rapporte une étude publiée le 24 septembre 2018 dans la revue Scientific Reports. Jusqu’ici sans effets probants, une nouvelle administration par voie nasale a obtenu des résultats plus concluants et prometteurs chez la souris.

Muriel Cuendet, professeure associée à la section des sciences pharmaceutiques et co-auteur explique dans l'étude qu' "en complément de la lutte antitabac, des stratégies de chimioprévention efficaces sont nécessaires pour lutter contre l'épidémie de cancer du poumon. Le resvératrol est l’un des produits naturels les plus étudiés, notamment pour ses propriétés de chimioprévention du cancer".

Ce n’est pourtant pas une molécule adaptée à la prévention du cancer du poumon car "lorsqu'elle est ingérée, elle est métabolisée et éliminée en quelques minutes, et n' a donc pas le temps d'atteindre les poumons", expose l’étude.

"63% n’ont pas développé de cancer"

Le resvératrol a été administré trois fois par semaine par voie nasale sur quatre groupes de souris durant 25 semaines. Les groupes ont été constitués d’un côté de souris n’ayant reçu ni carcinogène, ni traitement ; d'un autre côté un groupe de souris a reçu uniquement le carcinogène ; le troisième groupe la combinaison du carcinogène et du traitement et pour finir avec les souris témoins n’ayant reçu que le traitement.

D’après les résultats, "les souris traitées au resvératrol ont présenté une diminution de 27% de la multiplicité tumorale, avec des tumeurs plus petites, entraînant une diminution de 45% du volume de la tumeur", détaillent les chercheurs de l’étude. Pour les deux groupes de souris n’ayant pas été exposés au carcinogène et ayant reçu le traitement, 63% n’ont pas développé de cancer, contre 12,5% des non-traités. "Le resvératrol jouerait donc un rôle préventif contre le cancer du poumon", poursuit le professeur Muriel Cuendet.

Une formulation applicable chez l'homme

"Cette formulation par voie nasale, applicable chez l'homme, permet au composé de parvenir jusqu'aux poumons", explique Aymeric Monteillier, un des premiers auteurs de l'étude dans la revue scientifique. Ses effets seraient 22 fois plus efficaces qu’un traitement par voie orale.

Le mécanisme de chimioprévention à l'œuvre est probablement lié à l'apoptose (processus par lequel les cellules programment leur propre destruction et auquel échappent les cellules cancéreuses) rajoute-t-il. Le resvératrol peut être trouvé dans des compléments alimentaires utilisés chez l’homme, ainsi "aucune étude toxicologique complémentaire ne serait a priori nécessaire pour permettre sa mise sur le marché comme traitement préventif", conclut l'UNIGE. Cependant, le faible coût du traitement n'attire pas les laboratoires pharmaceutiques pour le moment.

À noter que le cancer du poumon est le cancer le plus meurtrier au monde. Environ 80% des décès par cancer du poumon sont liés à l'usage du tabac, selon les rapport de l'Organisation mondiales de la Santé.

Sources

Intranasal administration of resveratrol successfully prevents lung cancer in A/J mice, Scientific Reports, 24 septembre 2018.

Vidéo : Cancer du poumon : les signes d’alerte

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