Bien que les facteurs du cancer du pancréas restent peu clairs, on sait qu'il peut être dû au tabagisme ainsi qu'à la surconsommation de produits riches en graisses associée à l'obésité. Mais des chercheurs de l'université de Georgetown aux États-Unis ont découvert que la maladie pouvait également apparaître à cause d'une alimentation grasse, sans pour autant que celle-ci ne soit liée à problèmes de poids, notamment à cause d'une hormone digestive particulière. C'est ce qu'ils expliquent dans leur étude publiée le 21 juin 2018 dans la revue American Journal of Physiology - Gastrointestinal and Liver Physiology.
L'hormone en question est la cholécystokinine (CKK). Libérée par l'intestin grêle, elle contrôle la satiété notamment grâce des récepteurs. Les graisses alimentaires provoquent la sécrétion de CCK, ce qui signifie que les personnes qui mangent beaucoup de graisses saturées ont des taux élevés de CCK. Une déficience en CCK est à l'origine de l'obésité, puisque la personne en souffrant ressent moins la sensation de satiété.
La CCK et ses récepteurs à l'origine du cancer du pancréas
Les chercheurs ont conduit plusieurs études sur des souris pour analyser les interactions entre les graisses alimentaires, la CCK et la croissance cellulaire du cancer du pancréas. Pour chaque étude, la moitié des souris se voyaient proposer un régime alimentaire riche en matières grasses tandis que l'autre moitié suivait un régime normal. Dans la première étude, une moitié d'entre-elles recevaient de la proglumide, un médicament qui bloque la CCK. Dans la seconde, les souris avaient des tumeurs et manquaient de récepteurs de CCK, tandis que dans la troisième, les souris étaient déficientes en CCK et avaient des tumeurs pancréatiques.
Les chercheurs ont découvert que la croissance de la tumeur était moindre chez les souris qui recevaient de la proglumide, même si elles mangeaient très gras. Ces résultats montrent que la CCK est nécessaire pour stimuler la croissance du cancer du pancréas. De plus, les souris qui n'avaient pas de récepteurs de CKK et qui avaient un régime riche en graisses n'ont eu aucune croissance tumorale. Ceci montre qu'un taux élevé de CCK à cause d'une alimentation grasse ne peut pas provoquer de cancer si l'hormone n'est pas reliée à ses récepteurs.
Vers un traitement efficace du cancer du pancréas ?
Autre élément notable : les souris traitées à la proglumide semblaient protégées de la fibrose, une augmentation anormale de la quantité de tissu fibreux qui est souvent associé aux métastases (cellules cancéreuses qui se propagent hors de l'organe principalement touché) et à la résistance à la chimiothérapie.
Selon les chercheurs, cette découverte constitue un espoir pour le traitement du cancer du pancréas, qui fait partie des cancers ayant le taux de survie le plus bas : "La plupart des patients à un stade avancé du cancer du pancréas en meurt à cause des métastases ; ainsi, un composant qui les bloquent, même si la tumeur principale est grosse, peut avoir une importance clinique. Le blocus opéré par les récepteurs de CCK pourrait jouer un rôle dans le traitement et la prévention du cancer du pancréas."
"Dietary Fat Stimulates Pancreatic Cancer Growth and Promotes Fibrosis of the Tumor Microenvironment through the Cholecystokinin Receptor". American Journal of Physiology - Gastrointestinal and Liver Physiology. 21 juin 2018.
"Cancers du pancréas : les facteurs de risque". Fondation Arc.
Vidéo : Pourquoi le cancer du pancréas est virulent
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