Le cancer du foie se développe généralement à la suite d’une maladie du foie qui a évolué, comme une cirrhose ou une hépatite B. En 2023, en France, on estime à environ 11 658 le nombre de nouveaux cas de cancer du foie. Les facteurs de risque associés au cancer du foie sont : la consommation d’alcool (responsable de 48 % des cas) et de tabac, le surpoids et l’obésité, la stéatose hépatique (excès de gras dans le foie), l’hémochromatose ou encore les virus des hépatites B et C. Mais des chercheurs sembleraient avoir découvert un facteur de risque associé au cancer du foie jusqu'ici méconnu : un dérèglement de l’horloge interne.
Cancer du foie : un nouveau facteur de risque découvert ?
Pour parvenir à leurs conclusions publiées dans la revue Journal of Hepatology, les chercheurs ont travaillé sur un modèle de souris humanisé. « Nous avons travaillé avec un modèle de souris humanisé développé par le co-auteur, le Dr Karl Dimiter Bissig de l'Université Duke », a déclaré l'auteur t principal, le Dr Loning Fu. « Ce modèle animal contient à la fois des cellules hépatiques humaines et murines dans le foie des animaux, ce qui nous permet d'étudier l'effet de la perturbation du rythme circadien sur le développement du cancer dans les cellules humaines. » Pour rappel, le rythme circadien est l’horloge interne du corps humain qui nous impose un cycle de 24 heures. La synchronisation de cette horloge se fait essentiellement grâce à la lumière. Elle peut être perturbée par certaines maladies.
Les souris étudiées ont été divisées en deux groupes. L’un d’eux a été maintenu en synchronisation avec le cycle naturel jour et nuit. L’autre groupe s’est vu imposer un cycle déréglé, avec des expositions au jour et à l'obscurité modifiées, pour créer l’équivalent des changements qu’une personne subit lors d’un vol aller-retour de San Francisco à Londres chaque semaine pendant plusieurs semaines.
Un dérèglement de l’horloge interne pourrait expliquer la survenue d’un cancer du foie
Dans leurs conclusions, les chercheurs ont expliqué les effets délétères qu’a pu subir le groupe de rongeurs ayant été exposé à un cycle jour/nuit irrégulier. « Nous avons constaté que, par rapport aux souris maintenues dans des cycles normaux de lumière et d'obscurité, les souris du groupe du décalage horaire avaient une durée de vie plus courte ainsi qu'une augmentation de la cirrhose, de la jaunisse (lorsque la peau ou le blanc des yeux devient jaune) et développaient également un cancer dans des cellules hépatiques de souris et humaines », a déclaré le Dr Loning Fu. « Il est important de noter que le décalage horaire chronique a également induit des métastases provenant de foies humanisés. »
Mais ce n’est pas la seule découverte qu’ont effectué les chercheurs. Modifier le rythme circadien des souris ayant développé un cancer du foie à la suite d'une exposition jour/nuit modifiée, a eu pour effet de ralentir la progression des tumeurs. « L'une des découvertes importantes de l'article est qu'une fois que les tumeurs se développent spontanément en réponse à une perturbation circadienne chronique, le retour des souris à une horloge circadienne normale ralentit le développement de la tumeur et prévient les métastases », a déclaré l'auteur co-correspondant, le Dr David Moore.
« Le dysfonctionnement circadien chronique est cancérigène pour l'homme »
Ce travail permet d’en apprendre davantage sur les mécanismes de la cancérogénèse, comme l’a expliqué le Dr Loning Fu : « Ce travail apporte de nouvelles connaissances qui peuvent favoriser le développement de thérapies améliorées pour ce cancer et mieux comprendre les mécanismes de la cancérogenèse. » En outre, une perturbation du rythme circadien pourrait expliquer la survenue des cancers à une échelle plus globale. « Notre travail montre que les influences circadiennes sur le cancer ne peuvent pas être sous-estimées : le dysfonctionnement circadien chronique est cancérigène pour l'homme », a déclaré le Dr David Moore.
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