Sommaire
Définition
Le cancer de la langue correspond à la multiplication de cellules anormales au niveau de la langue, provoquant une tumeur, qui lorsqu’elle est évoluée peut être visible à l’oeil nu, sur la partie mobile de la langue.
Le cancer de la langue fait partie du groupe des cancers de la cavité buccale. Il touche le plus souvent la partie mobile de la langue. Les atteints de la partie postérieure, ou base de la langue, sont plus rares.
Photo : cancer de la langue
Crédit : Luca Pastore, Maria Luisa Fiorella, Raffaele Fiorella, Lorenzo Lo Muzio — http://www.plosmedicine.org/article/showImageLarge.action?uri=info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pmed.0050212.g001 © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/2.5/
Chiffres
Le cancer de la langue représente 3% des cas de cancers en France. On découvre 2 000 nouveaux cas par an dont 1 800 chez les hommes, et 200 chez les femmes. Le pic de fréquence se situe entre 55 et 65 ans. Les cancers de la portion mobile de la langue sont les plus fréquents et largement favorisés par le tabagisme. Les cancers de la base de la langue sont moins fréquents, mais peuvent être plus agressifs et moins facilement curables.
Symptômes
Il est nécessaire de s’alarmer face à certains symptômes apparaissant chez un homme de plus de 50 ans, fumeur et à la mauvaise hygiène bucco-dentaire.
Ces signes sont :
- une gêne à la mastication ou lors des mouvements de la langue ;
- des picotements augmentés par les aliments acides ou épicés ;
- une lésion de la langue d’apparition récente et de découverte fortuite par le sujet lui-même ou le dentiste;
- la présence d'un ganglion cervical (tête, cou, zone ORL) ;
- une sensation de corps étranger pharyngé ;
- des fausses routes ;
- des quintes de toux ;
- des douleurs de l'oreille, intermittentes ;
- une gêne à la protraction (mouvement vers l'avant) de la langue.
Certaines lésions de la langue peuvent faire craindre un cancer sans en être un, par exemple :
- d’une tuberculose ulcéro-végétante ;
- d’une amygdalite chronique atypique ;
- d’un cylindrome (tumeur bénigne de la langue) ;
- d’un corps thyroïde aberrant;
- d’une ulcération (lésion) traumatique ;
- d’une ulcération due à une glossite (inflammation de la langue),
- d’un angiome ;
- d’un papillome bénin ;
- d’une leucoplasie.
Il faut se méfier des états précancéreux de la langue comme la kératose (épaississement de la couche cornée de l'épiderme) vileuse maligne, qui va nécessiter un traitement et une surveillance.
Causes
Il n’existe pas de réelle cause du cancer de la langue, mais on sait que la mauvaise hygiène bucco-dentaire, le tabagisme ou l’alcoolisme sont des facteurs fréquemment retrouvés chez les sujets atteints de cancer de la langue.
Des maladies sont également souvent associées comme la cirrhose du foie ou la syphilis.
Enfin, des plaies chroniques dues à des prothèses dentaires, par exemple, peuvent se transformer en cancer de la langue. C’est pourquoi le suivi régulier chez le dentiste est indispensable.
Facteurs de risques
Les principaux facteurs de risques du cancer de la langue sont :
- l’âge supérieur à 50 ans ;
- le tabagisme chronique ;
- le tabagisme passif
Les personnes exposées au tabac, augmente leur risque de cancer de la bouche de 51%, suggère une étude publiée en ligne dans la revue Tobacco Control. Les scientifiques parlent ici du tabagisme passif. Le cancer de la langue fait partie des cancers liés à la cavité buccale. Si le tabagisme est déjà une cause connue de cancer de la bouche, le tabagisme passif n'avait pas encore mis en cause dans cette maladie - contrairement au cancer du poumon.
Si la durée d'exposition au tabac a dépassé les 10 ou 15 ans, le risque de cancer buccal double, selon l'étude.
- l’alcoolisme chronique ;
- une mauvaise hygiène bucco-dentaire.
Aucun facteur génétique, ni familial ne semble connu avec certitude comme favorisant le cancer de la langue.
Personnes à risque
Les sujets à risque de cancer de la langue sont principalement représentés par les hommes de plus de 50 ans, tabagiques chroniques et avec une hygiène bucco-dentaire insuffisante. Néanmoins, le cancer de la langue peut toucher également les femmes.
Durée
Plutôt que de durée, on parle de pronostic (cf plus bas).
Contagion
Le cancer de la langue n'est pas contagieux.
Qui, quand consulter ?
Lorsqu’une lésion de la langue apparaît, surtout chez une personne à risque, il est fortement conseillé de consulter son médecin traitant. Celui-ci procèdera dans un premier temps à un interrogatoire précis pour évaluer les facteurs de risques et l’évolution de la lésion ainsi qu’à un examen clinique complet et à un examen attentif de la langue, avec une observation minutieuse à l’abaisse-langue et éventuellement à l’aide d’un miroir laryngé. Il pourra également palper la langue pour se faire une idée de l’induration et de l’infiltration de la lésion. La recherche de ganglions cervicaux est également effectuée. Au moindre doute, le sujet sera adressé à un otorhino laryngologiste qui pourra effectuer la biopsie de la lésion pour l’analyser en anatomo-pathologie.
En cas de cancer de la langue, l'examen peut montrer une ulcération irrégulière à bords épais ou bourgeonnante.
Examens et analyses
Le bilan d’une lésion de la langue a trois objectifs : confirmer le diagnostic, réaliser le bilan d’extension et déterminer l’état du patient avant de prendre une décision thérapeutique.
La confirmation du diagnostic se fait grâce à une biopsie, effectuée sur la lésion lorsque celle-ci est directement accessible (partie mobile de langue) ou au cours d’une fibroscopie des voies aéro-digestives supérieures lorsque la lésion est située très en arrière. Les cellules prélevées sont ensuite envoyées dans un laboratoire d’anatomopathologie pour les analyser et préciser ou non leur caractère cancéreux.
Le bilan général à la recherche de métastases est indispensable, une fois le diagnostic de cancer de la langue établi. En effet, les métastases aux poumons et au foie sont fréquentes. Il est nécessaire de pratiquer :
- un scanner cervico-facial et thoracique, afin d’évaluer l’extension locale et à distance et l’éventuelle présence de ganglions augmentés de volume ;
- une imagerie par résonnance magnétique (IRM), plus performante que le scanner pour visualiser l’ensemble de la sphère ORL et le thorax ;
- un PET-scan ou tomodensitométrie par émission de positons, qui permet de visualiser les métastases de très petite taille, difficiles à détecter, sur l’ensemble du corps ;
- une radiographie des poumons ;
- une échographie du foie, à la recherche d’une métastase hépatique ;
- une endoscopie de l’œsophage ou des bronches, à la recherche d’une extension ou d’un cancer associé (les cancers du poumon peuvent être associés à un cancer de la langue, car ils touchent le même type de sujets à risque).
Le bilan général avant la mise en place du traitement doit comporter :
- un bilan sanguin complet analysant le fonctionnement du foie, des reins ou recherchant un syndrome inflammatoire ou une anémie ;
- un bilan cardiovasculaire complet par un cardiologue ;
- une évaluation de l'état nutritionnel précis avec calcul de l'indice de masse corporelle à la recherche d’une dénutrition ;
- un bilan dentaire chez un chirurgien-dentiste ;
- un avis psychologique éventuel.
Pronostic
La survie à 5 ans, du cancer de la langue, est de 44 % et de 24 % à 10 ans.
Le pronostic est très amélioré lorsque le diagnostic est fait avant 45 ans.
Le pronostic du cancer de la langue dépend de multiples critères que sont :
- les antécédents médicaux-chirurgicaux du patient ;
- l’état général du patient ;
- le type de cancer ;
- le stade du cancer, son extension et son agressivité : plus le stade du cancer est faible et plus son extension est limitée, meilleur est le pronostic. De même une tumeur plus épaisse sera plus agressive et donc de moins bon pronostic ;
- les traitements entrepris, la réponse au traitement et les effets secondaires éventuels ;
- l’atteinte d’un nerf ou des vaisseaux sanguins par la tumeur : celle-ci assombrit le pronostic.
Traitements
La décision du type de traitement du cancer de la langue est généralement prise en charge lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire avec l’oncologue, le chirurgien, le radiothérapeute et éventuellement la diététicienne, le psychologue et l’assistante sociale. Le choix du traitement est ensuite proposé au patient, qui est informé de son déroulement, de ses risques, de ses effets secondaires et du pronostic.
La prise en charge thérapeutique dépend du siège de la tumeur, de son évolution de son extension (ganglions lymphatiques, métastases à distance...) et de l’état général du sujet.
La chirurgie
La chirurgie est le traitement de choix pour les tumeurs de la partie mobile de la langue. Elle est pratiquée par un chirurgien oto-rhino laryngologiste (ORL), qui enlève la tumeur avec une marge de tissus sain de 5 mm minimum. La marge d’exérèse (ablation) est analysée et le geste chirurgical peut être complété si des cellules cancéreuses sont présentes dans la marge. Une marge sans cellules cancéreuses améliore considérablement le pronostic. Il peut, dans le même, temps, procéder à un curage ganglionnaire.
Une chirurgie reconstructrice peut être nécessaire, dans un second temps, en fonction du volume de la langue qui a dû être enlevé. Ce type de chirurgie est dans, ce cas, pris en charge par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie.
Une radiothérapie adjuvante peut être proposée à l’issue de la chirurgie.
La radiothérapie
La radiothérapie peut être de deux types :
- la radiothérapie externe (RTE) : c’est la radiothérapie adjuvante, administrée sur le site de la tumeur et les aires ganglionnaires voisines. Elle s’étale sur 6 à 8 semaines ;
- la radiothérapie interne : c’est la curiethérapie interstitielle à l’iridium 192. Il peut s’agir d’un traitement adjuvant (en plus) ou exclusif.
La chimiothérapie
La chimiothérapie est rarement utilisée en première intention dans les cancers de la langue sauf dans les formes très avancées. En première ligne on utilise une chimiothérapie qui associe sels de platine-cétuximab-5 FU. En cas de contre-indication ou de chimiothérapie de deuxième ligne (administrée à la suite d'une chimiothérapie de première ligne dont les résultats ont été jugés insuffisants), on utilise le methotrexate. La chimiothérapie est pourvoyeuse de nombreux effets indésirables.
La chirurgie laser
La chirurgie au laser CO2 est utilisée pour le traitement des leucoplasies (affections chroniques des muqueuses qui se caractérisent par la formation d'une plaque blanche) précancéreuses de la langue. La cicatrisation est lente et parfois douloureuse, et les récidives sont possibles.
La cryothérapie
L’utilisation de très basses températures est intéressante en cas de tumeurs peu évoluées, mais elle doit être associée à un curage ganglionnaire (on pratique cette intervention pour enlever des ganglions lymphatiques qui contiennent des cellules cancéreuses et d'autres ganglions lymphatiques lorsqu'il y a un risque élevé que le cancer s'y propage). Ses effets secondaires sont une importante réaction inflammatoire et de possibles complications pulmonaires.
La surveillance après le traitement
La surveillance après le traitement du cancer de la langue et fondamentale. Elle a pour objectif de dépister une éventuelle évolution de la maladie après le traitement (récidive locale, développement de métastases à distance…) et de gérer les complications possibles et les effets secondaires potentiels des prises en charges thérapeutiques.
Au cours des deux premières années, le patient est vu tous les 3 mois en consultation pluridisciplinaire puis tous les 6 mois pendant 3 ans et enfin tous les ans pendant au moins les 5 années suivantes. La surveillance sera d’autant plus prolongée que le risque de récidive paraît grand.
Plusieurs examens complémentaires seront réalisés au cours de cette surveillance :
- une imagerie de type tomodensitométrie ou PET scan, trois mois après la fin du traitement initial ;
- un examen clinique complet tous les deux mois la première année, puis s’espaçant progressivement en fonction de l’évolution ;
- une prise en charge nutritionnelle pour surveiller le poids ;
- une radiographie de thorax deux fois par an pendant deux ans, puis une fois par an pendant au moins 10 ans ;
- un dosage de la TSH (hormones thyroïdiennes) deux fois par an pendant deux ans puis une fois an en cas de radiothérapie localisée, qui peut endommager la glande thyroïde ;
- un examen dentaire deux fois an, quel que soit le traitement utilisé ;
- une fibroscopie œsogastroduodénale tous les deux ans.
Cancer de la langue : faut-il arrêter de fumer ?
Mon conseil de médecin généraliste : "Le traitement et la surveillance ne sont pas optimaux si les facteurs de risques ne sont pas éliminés. Il est donc primordial d’associer, à ces mesures, le sevrage tabagique, l’arrêt de toute consommation d’alcool et un suivi régulier chez le dentiste."
Prévention
La prévention du cancer de la langue passe par la lutte contre les facteurs de risque que sont le tabagisme chronique et l’alcoolisme. De même, réaliser des visites régulières chez le dentiste pour assurer une bonne hygiène bucco-dentaire peut aider à prévenir le cancer de la langue.
Le Docteur Beguier, radiothérapeute, rappelle l’importance de l’hygiène de vie dans la prévention contre le cancer : "avoir bonne alimentation, pratiquer une activité physique régulière, lutter contre le tabagisme et dans le cas du cancer de la langue, favoriser la bonne hygiène bucco-dentaire...".
Sites d’informations et associations
Des sites d’informations sur le cancer de la langue existent et peuvent apporter de l’aide aux patients :
https://www.ameli.fr/loire-atlantique/assure/sante/themes/cancer-voies-aerodigestives/symptomes-diagnostic
https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/oral/prognosis-and-survival/?region=on